L’IEOM a décidé de maintenir le niveau de ses taux directeurs, qui n’avaient cessé d’augmenter, dans le sillage de ceux de la BCE, entre la mi-2022 et septembre dernier. L’inflation retrouvant un niveau normal, ces taux devraient repartir à la baisse d’ici quelques mois d’après les responsables bancaires européens. En attendant, l'IEOM a reconduit des lignes de refinancement dans le Pacifique pour assurer le soutien bancaire à l’économie. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
Les décisions du conseil de surveillance de l’IEOM sont toujours suivies de prêts dans les milieux économiques. Mais depuis un an et demi les annonces de l’Institut d’émission, qui joue le rôle de banque centrale pour la zone « CFP » (Nouvelle-Calédonie, Polynésie et Wallis et Futuna) sont particulièrement scrutées.
Il faut dire que ces taux directeurs, ceux auxquels les banques du Pacifique peuvent emprunter à court et moyen terme, sont le principal facteur de variation des taux d’intérêts aux particuliers et aux entreprises en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie. Et que ces taux d’intérêt, après être restés exceptionnellement bas entre 2016 et 2022, explosent depuis près d’un an et demi, comme partout autour de la planète.
L’inflation en voie de guérison, place à la relance
Aussi, la décision prise le 19 décembre en conseil de surveillance a de quoi rassurer : les taux directeurs ont été conservés à leur niveau actuel, avec notamment des lignes de refinancement à 6 mois à 4,20%. Un niveau toujours élevé, certes, mais ce maintien n’est que la répercussion par l’IEOM des décisions prises mi-décembre par la Banque centrale européenne (BCE) de stabiliser ses propres taux directeurs. Et du côté de la BCE les discours sont plutôt rassurants sur l’avenir.
« Ce que nous disons depuis octobre c’est que nous ne monterons plus les taux », a expliqué la semaine dernière le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, au micro de France Inter. « Entre la montée et la baisse (des taux directeur, ndr) qui devrait avoir lieu à un moment de 2024 il y a un plateau ». Pour le gouverneur de la Banque de France, membre, à ce titre du conseil de la BCE, l’économie européenne se trouve sur ce plateau, avec une « maladie de l’inflation » sur le point d’être guérie, et une activité qui a besoin d’être relancée. La baisse des taux, dans le courant 2024, doit y participer.
Le responsable précise tout de même que les institutions monétaires européennes attendent d’observer les dernières évolutions de l’inflation pour lancer ce mouvement de baisse, qui devrait ensuite logiquement se répercuter au Pacifique, d’abord dans les taux directeurs, puis dans les taux d’intérêts proposés aux entreprises et particuliers.
204 milliards d’encours de crédits dans le Pacifique
L’IEOM, dont les missions sont, sur la zone Pacifique, différentes de celles de la BCE en Europe, suit en revanche sa propre doctrine en matière de mise à disposition de liquidités. Son conseil de surveillance a pris soin, dans ses dernières décisions, de maintenir les importantes lignes de refinancements des banques qui ont été mises en place fin 2019 et largement renforcées pendant la crise Covid.
Une façon de s’assurer que le secteur bancaire ait les moyens et la visibilité suffisante, à moyen terme, pour soutenir l’activité en Polynésie, en Nouvelle-Calédonie et à Wallis-et-Futuna. L’encours de crédit de l’IEOM sur ces lignes de refinancement est aujourd’hui de 204 milliards de francs, dont 74 milliards pour les seules banques de Polynésie française.
Charlie René pour Radio 1 Tahiti