« Produire de la richesse et de l’emploi », en s’intégrant dans l’objectif d’autonomie alimentaire. Après en avoir inauguré trois à Mataiea, le Pays continue de développer ses ateliers d’agro-transformation, des unités installées directement chez les producteurs, pour leur permettre de transformer leurs produits et de s’ouvrir à de nouveaux marchés. Un projet qui doit apporter un peu plus de local dans les assiettes. Un sujet de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
Un local de 165 m2, des bureaux à l’étage, et un large éventail de possibilités au rez-de-chaussée. Bienvenue dans les ateliers d’agro-transformation déployés par le Pays. Les trois premiers ont été inaugurés à Mataiea mi-octobre. D’autres ont depuis vu le jour, à Huahine notamment, et plusieurs autres vont prochainement être ouverts à Raiatea, à Tahaa, aux îles Marquises et aux Australes.
Entre la production et le stockage, avant la distribution des produits, « la transformation est un élément essentiel de la chaîne de valeur », que le Pays veut développer dans son objectif de souveraineté alimentaire, souligne le directeur de l’agriculture Roland Bopp, présent ce mercredi aux côtés du ministre Taivini Teai pour faire le point sur ce projet.
Il consiste à « sublimer, transformer » les produits agricoles. « L’élevage a les abattoirs, la forêt a les scieries et l’agriculture a les ateliers d’agro-transformation », compare Roland Bopp. « L’objectif est de les mettre à disposition des sociétés agricoles pour qu’ils puissent valoriser les produits issus de leur fa’a’apu (potager, jardin ou surface agricole), pour qu’ils soient ensuite directement disponibles, soit pour le panier de la ménagère, soit pour les cantines scolaires, soit pour les restaurants ou les hôtels », résume le ministre.
Autant de possibilité que de produits et « de gros débouchés »
Directement chez l’exploitant, ces ateliers peuvent, par exemple, permettre de déshydrater des fruits, de transformer la cire d’abeille en souvenirs pour touristes, d’extraire du lait de coco, de laver, couper et conditionner les carottes, d’éplucher les patates douces, de faire des farines de ‘uru, d’extraire des jus… Les possibilités sont aussi nombreuses qu’il y a de produits en Polynésie.
« Il y a énormément de débouchés pour les producteurs, notamment en cas de surproduction. Il y a un gros marché à prendre », s’enthousiasme le directeur de la CAPL Marc Fabresse. « Si vous congelez un brocoli directement dans les îles, il se transporte plus facilement et vous pouvez le consommer toute l’année », illustre-t-il. « Cela produit de la richesse et de l’emploi dans les îles et les communes », ajoute Roland Bopp.
Une location attractive
Le Pays mise beaucoup sur ce dispositif, puisqu’il investit près de 70 millions par atelier d’agro-transformation. Installés avec l’électricité et la plomberie, ils sont loués aux exploitants, après deux ans de gratuité, pour 150 000 francs par an.
Après avoir répondu à un appel à candidature, « il y a tout un dossier qui est instruit par la Direction de l’agriculture qui doit en effet démontrer le volume de production attendu, les filières de commercialisation, les appareils nécessaires… Bien souvent ce sont des start-up, certains ont commencé dans leur cuisine et maintenant ils disposent d’un local pour augmenter leur volume », détaille Taivini Teai.
En ce qui concerne le matériel nécessaire, « tout a été pensé et réfléchi pour accueillir tout type d’appareillage ». Les attributaires peuvent d’ailleurs cumuler la réception de ces ateliers avec des aides pour s’équiper, mais aussi « pour tout ce qui concerne les études de marché, le marketing ou la publicité ». Le ministre ne se fixe « pas de limites », alors que neufs projets devraient être opérationnels dans les prochains mois. « L’important, c’est de pouvoir mettre en place ces ateliers à partir du moment où il y a de la production ».
Waldemar de Laage pour Radio 1 Tahiti