TRIBUNE. Économie : « Passer des paroles aux ACTES » demande la CPME Réunion

TRIBUNE. Économie : « Passer des paroles aux ACTES » demande la CPME Réunion

Au lendemain de sa conférence de presse de rentrée, la CPME Réunion et son président Éric Leung ont adressé une tribune à la rédaction d’Outremers360, dans laquelle l’organisation entend « pour la période à venir, et face aux incertitudes qui pèsent sur les entrepreneurs réunionnais, (…) agir sur 5 piliers pour mieux accompagner les paroles d’ACTES pragmatiques ». Les piliers de la CPME : activité, compétences, trésorerie, engagement et solidarité. 

La CPME Réunion a tenu sa conférence de presse de rentrée avec un discours optimiste et volontariste sur la situation économique réunionnaise. Pour l’organisation patronale réunionnaise, « l’île traverse une crise sanitaire, économique et sociale d’une ampleur sans précédent du fait de la pandémie de Covid-19 ».

Elle se félicite toutefois que grâce aux soutiens publics et à l’agilité des chefs d’entreprises, mais aussi à la solidarité de l’ensemble de la population, La Réunion a su faire preuve d’une grande résilience. « Notre solidarité et notre responsabilité collective ont permis de maîtriser la propagation de la maladie et nombre de ses conséquences négatives ».

Face à un avenir qui reste très incertain, la CPME Réunion se refuse à lancer un projet stratégique à long terme. Elle préfère capitaliser sur son expérience acquise aux manettes des nombreuses instances paritaires qu’elle préside et tirer les leçons des idées et projets qu’elle porte depuis plusieurs années afin de les faire évoluer dans ce contexte incertain. Pour son président Éric Leung, « il faut libérer l’entreprenariat réunionnais ».

Une ambition et un engagement renouvelés pour le territoire

Comme le rappelle l’organisation, « depuis plus de 50 ans, la CPME Réunion a su incarner des idées et des projets moteurs pour notre île. Grâce à la force de nos combats et de nos engagements, nous sommes confiants en l’avenir de La Réunion dont nous sommes les artisans ».

Elle rappelle son travail pour l’ancrage territorial, qui a permis de « poser les bases du patriotisme économique et du développement de nos entreprises pour le territoire et par le territoire ». Une vision  portée dans la dynamique Ré-Enraciner l’Économie LocaLE (REELLE) mais aussi au sein de l’Association pour une « Stratégie du Bon Achat » (SBA) afin de favoriser l’accès des TPE-PME réunionnaises aux marchés publics.

Éric Leung insiste toutefois sur le caractère de syndicat interprofessionnel d’entreprises attaché à la vie des entrepreneurs. « Notre engagement constant à les Accompagner, Défendre et Représenter, est le corollaire de notre volonté d’engagement pour le territoire », rappelle-t-il. « Nous travaillons sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) mais aussi la Qualité de vie au travail (QVT) des salariés autant que celle du chef d’entreprise. Et nous sommes engagés, notamment au sein de la Commission Paritaire Régionale Interprofessionnelle (CPRI) ou de l’Association pour le Dialogue social territorial (ADSTR) à promouvoir le dialogue social ».

En parallèle, la CPME entend continuer à se mobiliser pour une meilleure inclusion des personnes les plus éloignées de l’emploi. « Nous ne pouvons nous satisfaire d’un taux de chômage aussi important, notamment chez les jeunes réunionnais ou les personnes porteuses de handicap. D’autant que, parfois, des emplois ne sont pas pourvus faute de candidats compétents ». L’enjeu de la formation sera donc au cœur des préoccupations du syndicat mais aussi, avec l’OPCO EP, le déploiement des contrats Boussole et via le Plan PETREL, d’autres dispositifs d’inclusion.

L’organisation veut « lutter contre la précarité économique et sociale qui nous menace ». Un projet stratégique réaffirmé face à un avenir incertain

Pour la période à venir, et face aux incertitudes qui pèsent sur les entrepreneurs réunionnais, la CPME entend agir sur 5 piliers pour mieux accompagner les paroles d’ACTES pragmatiques.

Il s’agit de s’appuyer sur les plans de Relance régional, national et européen, pour sauvegarder, préserver et relancer les entreprises et donc le territoire. « Nous serons vigilants car pour être véritablement efficaces et irriguer l’ensemble du tissu économique, les plans de relance doivent bénéficier aux TPE-PME », annonce Éric Leung, le Président des TPE-PME réunionnaises.

Éric Leung, président de la CPME Réunion ©CPME

Éric Leung, président de la CPME Réunion ©CPME

Sur le pilier ACTIVITÉS, la CPME veut mobiliser les 3 piliers de la croissance locale : la consommation des ménages, la commande publique et l’investissement des entreprises. Elle souhaite que « l’ancrage territorial soit au cœur de cette croissance ». « Nous devons garantir l’augmentation de la valeur ajoutée pour nos chefs d’entreprise. C’est particulièrement vrai pour les indépendants et les professions libérales qui ont été trop peu accompagnés depuis le début de la pandémie ».

La CPME Réunion propose un « Chèque Artisanat » pour l’acquisition de produits artisanaux en soutien à la production locale mais également un « Chèque Services », pour la prise en charge partielle de coûts de prestations de services dans une perspective de modernisation ou d’adaptation au nouveau contexte économique et sanitaire.

Elle souhaite également que « dans les marchés publics et la grande distribution, on sorte de la logique du moins-disant et du nivellement par le bas pour rechercher l’efficience pour le territoire ».

Sur le pilier COMPÉTENCES, l’enjeu de la formation est jugé critique et « exige des réponses fortes et adaptées aux véritables besoins des entreprises ». Pour la CPME, « la voie de l’apprentissage devra être renforcée. Et une remise à plat des dispositifs publics est indispensable, dans le cadre notamment de la prochaine programmation des Fonds Européens ».

Pour répondre aux problèmes de TRÉSORERIE, la CPME propose notamment un prêt de consolidation garanti par l’État qui regrouperait l’ensemble des dettes accumulées par les chefs d’entreprise pendant la crise. « Il s’agit de rééchelonner les dettes de l’entreprise, en définissant un nouveau calendrier d’amortissement qui laisse le temps de rembourser tranquillement. Et dans le même temps, on préserve sa capacité à redémarrer son activité pour la sortie de crise. Mais on soulage aussi la pression sur le chef d’entreprise qui est le plus souvent caution solidaire sur les dettes de son entreprise ».

Dans son pilier ENGAGEMENT, l’organisation demande une nouvelle gouvernance territoriale plus à l’écoute des besoins des entreprises et veut mobiliser des outils d’évaluation des politiques publiques. “Des sujets aussi sensibles que l’octroi de mer ne peuvent plus se décider sans les chefs d’entreprises réunionnais”.

Enfin, parce que la SOLIDARITÉ est dans l’ADN des entreprises de la CPME, l’organisation va favoriser le développement des échanges entre les entreprises de la CPME et renforcer les gestes d’entraide entre les entreprises et la population locale. Par exemple, en promouvant les actes d’achat citoyen pour soutenir la production locale.

Rendez-vous est pris pour une déclinaison plus détaillée de ces orientations dans les semaines à venir…