Stratégie maritime dans les Outre-mer: « Le Port de Mayotte a vocation à devenir un port d’Etat », a souligné Annick Girardin, Ministre des mer

Stratégie maritime dans les Outre-mer: « Le Port de Mayotte a vocation à devenir un port d’Etat », a souligné Annick Girardin, Ministre des mer

Annick Girardin, la ministre de la Mer et ancienne ministre des Outre-mer, était auditionnée hier par la délégation Outre-Mer du Sénat, un entretien sans concession qui a permis de mieux éclairer la politique de la France dans les mers des outre-mer. La ministre des Mer a également livré les grandes lignes de cette stratégie pour Mayotte. Un article de notre partenaire France Mayotte Matin. 

 

Cet entretien était organisé dans le prolongement des annonces du Président de la République faites à Nice en septembre dernier sur la nouvelle stratégie maritime de la France. Le point de départ posé par Annick Girardin a permis de rappeler que c’est bien grâce au Outre-Mer que la France est la seconde puissance maritime mondiale au travers notamment de sa zone économique exclusive
La stratégie maritime de notre pays doit donc permettre de protéger la biodiversité, la responsabilité de la France vis-à-vis du reste du monde est immense en la matière et doit aussi permettre de développer des activités économiques durables.

Le Sénateur Folliot lui répondra que si la France peut s’enorgueillir du nombre de ses aires marines protégées, elle ne dispose pas des moyens de les protéger, les activités illégales y prospèrent aussi parce que nos forces marines n’y sont pas présentes.
 

« La souveraineté de la France dans les ZEE ultramarines ne se fait pas qu’avec des bateaux gris »

Le premier sujet d’intérêt, et non des moindres pour Mayotte, est celui de la souveraineté sur nos zones d’activité économique. Annick Girardin rappelle que la stratégie maritime ne se limite pas à des enjeux de défense.
Le sénateur du Tarn Philippe Folliot expliquera que « 97% des moyens des ZEE dépendent des Outre-mer et 95% des moyens de la Marine sont en métropole. Peut-on assumer dans de bonnes conditions cette souveraineté ? ». Il prendra l’exemple des thoniers senneurs qui pillent les fond marins dans nos ZEE car ils débranchent leur balise, ils ne peuvent donc pas être localisés, les dé-clarations faites ensuite sur le volume des prises sont sans lien avec l’activité effective toujours selon le sénateur.
Annick Girardin confirmera les inquiétudes: « la pêche illégale est un fléau aux conséquences immédiates sur la ressource et sur notre dynamisme économique à moyen terme ».
Quelles solutions pragmatiques ? Pas de réponse de la Ministre à part le fait de dire que les flottes de contrôle sont en cours de renouvellement et que la France va s’appuyer sur des méthodes de surveillance via des drones aériens ou maritimes qui peuvent être pilotés à distance. Elle rappellera aussi que de nouveaux bateaux télé-opérés depuis le sol sont en cours de développement.

« Le développement durable de la pêche est stratégique pour les prochaines années »

Après avoir annoncé la création d’une direction générale de la pêche, Annick Girardin précisera qu’elle souhaite une politique bien plus active en matière d'aquaculture, elle souhaite la mise en place de quotas européens pour contraindre notamment la France à s’engager sur de tels projets qui nécessitent des investissements de départ très élevés. Inexorablement, la pêche traditionnelle va se réduire selon elle, l’aquaculture devient donc stratégique en termes d’alimentation. Elle révèlera que le projet d’aquaculture mahorais vient de s’effondrer et qu’il faut tout reprendre à 0. Faut-il voir un lien entre cette annonce et la récente délibération du CD976 ?

« Le Port de Mayotte a vocation à devenir un port d’Etat »
La gestion des ports et notamment des grands ports maritimes a été largement évoquée pendant l’audition, la ministre de la mer expliquera que ces derniers ont bénéficié d’investissements massifs de l’Etat pour y développer des activités économiques durables : « ils sont des atouts géostratégiques avec un positionnement idéal. Nous devons y diversifier nos activités, la reconquête des parts de marché sur les ports des
autres états est possible. »

La ministre citera l’exemple du grand port maritime de La Réunion exemple de modèle à suivre pour les autres. Elle a ainsi annoncé que CMA-CGM va y installer son hub de l’Océan Indien avant de préciser que l’entreprise a pris l’engagement de maintenir ses tarifs de fret jusqu’au premier janvier prochain. Le port de la Réunion a bénéficié d’une enveloppe de 4,5 millions d’euros dans le cadre de France Relance pour accompagner cette transition. Elle précisera s’agissant du port de Longoni « le port de Mayotte a vocation à devenir un port d’état quand un certain nombre de freins seront levés ». Est-ce à dire que les travaux du député Kamardine n’ont pas d’utilité car la décision est déjà prise ?

Il est vrai que dans les annonces de la ministre l’ensemble des grands ports maritimes ultramarins bénéficient d’investissements conséquents, quand rien n’a été octroyé à Mayotte. La question de la transformation de notre port en Grand Port Maritime n’est donc pas anodine. Le monde de la mer semble donc prendre un nouvel envol, pour une île au milieu de l’océan indien, cette volonté ne peut pas laisser indifférent.
 

Par Anne Constance Onghéna pour France Mayotte Matin