C’est aujourd’hui que s’ouvre le Sommet international pour l’Action sur l’IA, à Paris, coprésidé par Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi. À cette occasion, où des entreprises innovantes ultramarines sont présentes, Outremers360 a rencontré Stéphane Masson, Réunionnais et fondateur de Duke, une solution innovante de Business Intelligence dédiée aux PME. En automatisant la préparation, la gestion et l’analyse des données grâce à l’IA, Duke simplifie et fiabilise la prise de décision. Commercialisée il y a moins de six mois, cette technologie révolutionne déjà l’analyse de données en entreprise. Duke a obtenu le soutien de l'Etat dans le cadre de France 2030. Découvrez comment cette innovation made in La Réunion repousse les frontières de l’IA pour la rendre accessible à tous !

La passion de la data

Stéphane Masson, ingénieur des Mines, cumule près de 20 ans d’expérience dans la data. Après des débuts chez France Télécom et Wanadoo, puis un passage dans le conseil en intelligence artificielle, il revient à La Réunion pour y développer une expertise locale. En 2014, il fonde DATANALYSIS, une société spécialisée en analyse de données opérant à l’international. Il identifie alors un manque crucial pour les PME : des solutions d’analyse complètes, accessibles et adaptées. C’est ainsi qu’est né Duke, une solution IA intuitive et automatisée, conçue pour démocratiser l’intelligence décisionnelle. Et le succès est au rendez-vous, puisque Duke a déjà séduit une vingtaine d’entreprises en moins de six mois.

Faciliter la prise de décision grâce à l’IA

Dans un monde où l’analyse de données est souvent synonyme de complexité et de coûts élevés, Duke révolutionne l’accès à l’IA. Contrairement aux solutions classiques comme Power BI ou Tableau, dont le déploiement peut avoisiner les 100 000 € en raison des compétences techniques requises, Duke automatise les processus complexes, élimine de fait le besoin d’experts et rend l’analyse de données abordable pour toutes les entreprises, notamment les PME de La Réunion, de Maurice et d’autres territoires similaires : « Notre différenciation repose avant tout sur l’aspect technique et technologique, et c’est précisément là que l’intelligence artificielle joue un rôle central. C’est ce qui nous distingue véritablement de la concurrence. »

Une solution clé en main pour les PME

L’objectif est d’offrir un accès rapide et fiable aux données clés de l’entreprise (historique des ventes, performance clients, données fournisseurs). Car les chefs d’entreprise ont des journées bien remplies et peu de temps à consacrer à l’analyse manuelle des informations. Aussi, plutôt qu’un dashboard figé, Duke propose une approche interactive et conversationnelle : « L’idée est d’interagir avec la donnée comme on le ferait avec un expert interne : on pose une question, on reçoit une réponse claire, et on peut creuser davantage en posant de nouvelles questions. C’est une approche bien plus interactive et intuitive que les dashboards traditionnels. »

Un autre aspect clé de Duke réside dans sa capacité à s’adapter aux méthodes de travail existantes des entreprises, sans nécessiter de restructuration des fichiers. Que les données proviennent d’un logiciel interne, d’un fichier Excel mal structuré ou d’un PDF, Duke les analyse automatiquement, les transforme en un format exploitable, en vérifie la qualité et les intègre dans une base de données adaptée à l’analyse. L’utilisateur peut simplement soumettre un fichier brut, et Duke s’occupe du reste : mise en forme, gestion des mises à jour et alertes en cas d’anomalie. Tout cela se fait sans compétences techniques, uniquement via une interaction en langage naturel : « L’objectif est que les entreprises n’aient pas besoin de modifier leurs méthodes de travail. Elles peuvent continuer à utiliser leurs fichiers et outils habituels, et Duke s’occupe de rendre les données prêtes à l’analyse. »

Augmenter son chiffre d’affaires grâce à l’IA

Lorsqu’une entreprise adopte Duke, tout commence par la définition des cas d’usage et l’identification des sources de données. Sans jamais stocker ni transférer les données, Duke exploite uniquement les métadonnées pour construire une base de connaissances intelligente. Lorsqu’un utilisateur pose une question sur son chiffre d’affaires, l’IA identifie les sources pertinentes, génère automatiquement une requête adaptée, exécute l’analyse en temps réel et restitue une réponse claire en langage métier. Si des précisions sont nécessaires, Duke reformule, complète l’analyse et explique chaque étape de son raisonnement, garantissant transparence et fiabilité : « Duke enregistre chaque étape de son raisonnement, ce qui permet aux utilisateurs de voir comment la réponse a été construite, quelles règles de gestion et quels calculs ont été appliqués. Le code exécuté est également accessible, permettant un contrôle et une validation du processus à tout moment. »

Les acteurs publics face à l’IA

La solution IA ne se limite pas aux entreprises privées : elle peut aussi être un levier puissant pour améliorer l'efficacité des décisions dans les institutions publiques comme l’explique Stéphane Masson : « Récemment, j’ai participé à un talk à Epitech sur les agents autonomes, où j’ai eu l’opportunité d’échanger avec des représentants de la préfecture et du département de La Réunion. Au fil de ces rencontres, l’intérêt des collectivités pour nos solutions se confirme, notamment du côté du CHU et d’autres acteurs publics. » Dans cette optique, Duke explore également des collaborations avec des collectivités comme la ville de Dijon, qui dispose d’un portail open data avancé. L’objectif est d’ouvrir de nouvelles perspectives d’intégration pour faciliter l’accès et l’exploitation des données publiques, aussi bien pour les entreprises que pour les citoyens.

Algorithme et émotion : le duo gagnant

Si les données sont un outil puissant pour la prise de décision, elles ne remplacent pas l’intuition et l’expertise humaine. Un des défis majeurs rencontrés repose sur la gestion des hallucinations, ces erreurs où l’IA invente des données inexistantes. En s’appuyant sur des modèles open source comme Mistral, Duke a mis en place des mécanismes de contrôle basés sur le machine learning pour encadrer les réponses et éviter toute dérive et garantissant des résultats précis et exploitables. Mais Duke ne s’arrête pas là. De nouvelles innovations sont à l’étude concernant des formats novateurs de reporting, comme des résumés audio personnalisés qui permettront aux dirigeants d’accéder à leurs analyses sous une forme plus intuitive et adaptée à leur quotidien.

Le grand saut

Stéphane Masson encourage les entrepreneurs réunionnais à voir au-delà des frontières de l’île et à saisir les opportunités d’un marché globalisé : « La Réunion n’est plus isolée : grâce aux nouvelles technologies, il est possible d’innover localement tout en répondant à des enjeux internationaux. Certes, le chemin peut sembler plus complexe, mais les outils existent pour surmonter ces défis. Avec une vision ambitieuse et une approche ouverte sur le monde, rien n’empêche les entrepreneurs réunionnais de s’imposer sur la scène internationale. »

À ceux qui hésitent encore à franchir le pas de l’IA, Stéphane Masson conseille d’y aller progressivement. Plutôt que de voir l’IA comme une révolution intimidante, mieux vaut l’aborder de manière progressive : «  Expérimenter l’IA sur des tâches répétitives et chronophages permet d’en mesurer rapidement la valeur. Il suffit de mettre un orteil dans l’eau pour voir si la température est bonne !» Alors, pourquoi ne pas faire le premier plongeon.

EG