Regards d'Actu-Estelle Youssouffa, députée de Mayotte : « Ma mission : changer la perception sur Mayotte, faire comprendre que nous sommes une zone stratégique pour la France»

A l’occasion de cette nouvelle rentrée, Outremers 360 vous propose un nouveau format «Regards d’actu avec ….». Une série dans laquelle nos invités livrent leurs regards, leurs analyses sur des faits d’actualités ou des thématiques qui marquent leur territoire. Pour ce second épisode, Outremers 360 donne la parole à la députée de la 1ère circonscription de Mayotte Estelle Youssouffa. Elle aborde entre autres son récent déplacement au siège de l'ONU à New York, la question de la sécurité et la protection des frontières du territoires, le projet de loi Mayotte, son objectif au sein de la délégation Outre-mer à l'Assemblée nationale. 

 

Défendre Mayotte à l'ONU

«Effectivement, une partie de mon travail et de mon programme de candidate, c'était de défendre Mayotte à l'international. Ça veut dire tant au volet diplomatique, que sur le volet économique. Au volet diplomatique, je me suis rendue à New York pendant l'Assemblée générale des Nations unies, pour défendre la position de Mayotte française et demander à la Représentation française à l'ONU d'être plus offensive dans la défense de Mayotte, face à la poussée et aux revendications comoriennes.

J'ai été très claire avec nos diplomates, pour faire savoir l'insatisfaction de Mayotte face à l'inertie diplomatique. Moi, je demande que mon pays, la France, me défende à l'ONU, défende Mayotte plus fermement, plus ouvertement et que pour ce qui nous concerne à Mayotte, la situation n'est pas satisfaisante. Les efforts diplomatiques de la France pour nous défendre, nous, le département français, n'est pas à la hauteur de la crise. Il faut qu'il y ait un vrai changement, que ces revendications comoriennes cessent, que Paris réaffirme encore une fois, et une bonne fois pour toutes, que Mayotte est française. C'est notre choix de citoyens français depuis 1841, de rester français et on veut avancer.

Aller à New York pendant l'Assemblée générale des Nations unies, c'était important. Ce n'est qu'une première étape. Ça ne change pas tout de suite la face du monde, mais ce n'est qu'une première étape et le deuxième volet de mon déplacement à New York concernait des rencontres avec des investisseurs dans le secteur gazier. Vous savez que le canal du Mozambique, dans lequel se situe Mayotte, recèle de réserves très importantes en gaz. Du gaz qui est important pour l'équilibre en ressources énergétiques pour l'Europe. Donc, je suis allée voir Chevron et ExxonMobil pour leur parler de ces ressources gazières.

Il se trouve que Chevron n'a pas d'exploitation dans le canal du Mozambique, mais ExxonMobil oui. Donc, de les encourager à rester, à développer leurs projets et à inclure Mayotte dans leur vision stratégique, pour se dire qu'on peut, nous, accueillir une partie des activités gazières qu'il y aura dans le canal, et dire qu'on était une zone qui était accueillante pour les investisseurs parce que c'est la sécurité bancaire, c'est la sécurité juridique, c'est avoir une terre de l'Europe au sein du canal du Mozambique. Donc, pour les investisseurs, c'est quelque chose d'important et que Mayotte était open for business.

Il est important de dire que Mayotte a des ambitions, que Mayotte a du talent, que Mayotte a des perspectives de prospérité 

Total a mis en pause ses activités au Mozambique, mais en fait a annoncé la reprise et est en train de réamorcer la pompe, si je peux me permettre l'expression. Le sujet est aussi de faire savoir à tout l'écosystème pétrole et gaz qui travaille dans la région, que nous, nous avons intérêt à ce qu'ils travaillent dans la région, qu'il faut faire un effort particulier pour la sécurité, pour stabiliser cette région et nous, notre intérêt de Mayotte, qui est à 500 kilomètres du Mozambique, c'est que les efforts de la communauté internationale soient déployés pour stabiliser cette région. 

Mayotte ne peut pas être dans un environnement qui est aussi instable au niveau politique, géopolitique et sécuritaire. Il ne faut pas non plus que cette insécurité empêche le développement économique. Pour moi, c'est très important de faire passer ce message. La question de l'insécurité, de la violence qu'on subit au niveau régional, et nous à Mayotte quotidiennement, ne doit pas dissuader les investisseurs. Pour nous, c'est important que le terrorisme ne gagne pas.

Il est important de dire que Mayotte a des ambitions, que Mayotte a du talent, que Mayotte a des perspectives de prospérité et il faut que les investisseurs soient alertés, soient mobilisés et que nous, acteurs politiques, acteurs publics, démontrions notre disponibilité et qu'on les accompagnera. S'ils ont envie de faire les investissements, qu'on encourage, on sera présent.

C'est ça aussi une partie du travail de député. C'est défendre notre département comme destination d'investissement pour créer de la richesse, pour créer des emplois. Et nous, on a besoin de ça. On a besoin de l'activité économique à Mayotte. On a beaucoup de jeunes, on a beaucoup de chômage aussi malheureusement, alors qu'on a des talents, on a la capacité de former, on a des ressources naturelles. Donc, il faut encourager des investisseurs pour créer des emplois au niveau local, créer des richesses qui nous bénéficient à nous, qui soit une richesse durable»

Sécurité à Mayotte 
«Lors de la visite du Ministre Darmanin et du Ministre délégué Carenco, j'avais clairement exprimé le besoin de protéger nos frontières avec un bâtiment de la Marine nationale, qu'il fallait aussi effectivement installer une base de la Marine nationale à Mayotte de manière permanente et dans le nord de l'île, c’est-à-dire au plus près de la frontière. J'ai réitéré cette demande le 7 septembre face au Chef de l'État, lors de la réunion avec les élus ultramarins, parce qu'il était important de vraiment faire avancer cette question, de protéger nos frontières, de protéger ces frontières efficacement.

Moi, je ne peux plus entendre ce discours de lutte contre l'immigration clandestine où on est petit bras à Mayotte, où on est avec quelques vedettes alors qu'on a une des plus grosses marines du monde. Les patrouilleurs outre-mer, qui sont construits et destinés à la lutte contre l'immigration clandestine, sont basés pour le moment à la Réunion quand il s'agit de la mission océan Indien.

© Facebook Estelle Youssouffa

J'ai réexpliqué qu'il fallait que ce soit basé à Mayotte parce que c'était là que se trouvait le problème et que lors des années Sarkozy, il y avait eu un bâtiment de la Marine nationale qui avait été déployé entre Anjouan et Mayotte et ça avait eu un effet dissuasif important.

La discussion est en cours avec le gouvernement. Je dois encore m'entretenir avec le Ministre Lecornu. Il y a la loi de programmation militaire qui sera présentée à l'Assemblée dans les prochaines semaines et ce sera le moment pour le gouvernement de répondre à ma demande, de voir si on est entendu. Cette proposition, cette demande est appuyée par l'ensemble de la classe politique à Mayotte. Je ne suis pas la seule à la porter, mais ça fait consensus.  Pour appuyer nos gendarmes, nos policiers, il faut qu'on arrête de simplement augmenter les reconduites à la frontière. Il faut effectivement protéger notre frontière et seul un bâtiment de la Marine nationale, avec l'ensemble des bateaux moins importants, mais armés, qui peuvent être déployés, c'est ce qui permettra de vraiment lutter contre l'immigration clandestine à Mayotte.»

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Évolution institutionnelle de Mayotte
«Mayotte, c'est la France. Je n'ai pas à réfléchir à une relation entre Mayotte et la France. J'ai à réfléchir, hypothétiquement, à une relation renouvelée au niveau institutionnel. Pour ma part, je ne vois pas l'utilité de changer le statut de Mayotte qui est une région-département ou un département-région et nous n'assumons pas l'intégralité de nos compétences, à Mayotte.  Donc, avant d'aller tripatouiller le statut, ce qui semble être le sport préféré de certains élus, je pense qu'il faut aller au bout de ses compétences et assumer aussi de la part de l'État les transferts financiers qui sont relatifs à ses compétences. C'est à nous, élus, d'être vigilants et de ne pas tomber dans le panneau. Ces discussions statutaires peuvent être la très bonne excuse pour l'inertie en matière d'investissements urgents qui sont nécessaires. Je veux parler de la piste longue, des routes, des ponts ou de la production d'eau potable. Ça ne concerne pas que Mayotte, ça concerne aussi les Antilles.

Je suis même certaine que quand je parle à mes concitoyens, les membres de mes territoires, les habitants de mes territoires, les questions institutionnelles ne sont vraiment pas au cœur de leurs préoccupations. Le quotidien, c'est quand même la cherté de la vie, l'insécurité, l'accès à l'eau, les difficultés de circulation, la cherté des billets d'avion.»

Mon sujet, est non seulement de faire en sorte que les lois soient réfléchies pour Mayotte, en incluant Mayotte, et que dans l'application, on déploie les services de l'État nécessaires pour la mise en œuvre de ces lois. Donc pour moi, l'égalité n'est pas un principe, c'est une réalité. 

Projet de Loi Mayotte

«Le projet de loi Mayotte a été unanimement rejeté. Un projet de loi développement à Mayotte où il n'y a pas une seule fois écrit le mot « économie », ça vous dit beaucoup sur le manque d'ambition du texte.La question de la loi Mayotte a été, lors de mes premiers entretiens avec les membres du gouvernement, totalement écartée. Et puis, c'est revenu dans la discussion par un mystère que je ne m'explique pas encore. Je suppose qu'on aura des clarifications. 

Le sujet, ce n'est pas tellement de savoir comment est-ce qu'on appelle la chose. Le sujet, c'est de voir ce qu'on fait. Moi, je suis nouvelle à l'Assemblée nationale. Je pense que j'amène, par mon expérience au sein du collectif et mon expérience au sein du journalisme, une approche qui est très pragmatique. Les débats ésotériques, philosophiques, sont très éloignés quand même des urgences concrètes et importantes qu'exigent nos concitoyens.

Les problématiques qu'on a, sont des problématiques profondes, réelles, structurelles. Ce n'est pas des petits détails. Si déjà on s'attelle à travailler, à construire une vision pour l'outre-mer, à construire des infrastructures, à avoir une vision où on prend en compte les aspirations de la jeunesse, qu'on développe une vraie offre de santé, une vraie offre d'enseignement au niveau local, une vraie réflexion par rapport à notre système écologique, à nos écosystèmes qui sont très menacés, on aura déjà de quoi s'occuper pour le mandat.»

Alignement des droits sociaux 

«La question des droits sociaux pour Mayotte, je l'ai expliquée à plusieurs ministres. Je suis une députée qui siège dans un parlement qui vote les lois qui ne sont pas appliquées sur mon territoire et par décret d'application du gouvernement qui exclut systématiquement Mayotte. Donc mon sujet, c'est non seulement de faire en sorte que les lois soient réfléchies pour Mayotte, en incluant Mayotte, et que dans l'application, on déploie les services de l'État nécessaires pour la mise en œuvre de ces lois. Donc pour moi, l'égalité n'est pas un principe, c'est une réalité. Donc ça veut dire que c'est un gros chantier. 
Moi, je fais mon travail de députée pour faire avancer nos revendications. Je ne pense pas qu'elles soient exorbitantes. Je pense que soit on fait partie de la République et on a les mêmes droits, soit on ne le fait pas. Et alors, il faut que l'État l'assume et le dise ouvertement, mais on ne peut plus continuer les manœuvres pour nous exclure.

Mayotte, c'est un désert médical. On a 10 ans de moins d'espérance de vie que nos compatriotes de l'Hexagone. C'est une crise sanitaire profonde et c'est des drames humains. Donc, à un moment, il faut que l'État prenne en compte cette disparité de traitement et agisse vraiment. Ça veut dire ici au Parlement, ça veut dire dans les ministères, pour qu'on ait, nous, accès à la santé comme les autres.»

Le quotidien à Mayotte
«C'est difficile pour moi de parler de la situation à Mayotte sans être émue parce qu'en fait on vit un drame. À Mayotte, on vit une tragédie qui est prévisible. De l'Hexagone, on va parler d'une crise alors qu'en fait, c'est quelque chose qui s'étale dans le temps, qui ne va qu’en empirant, que ce soit au niveau social, au niveau de la sécurité ou au niveau de la dégradation de notre environnement. Tous les signaux à Mayotte sont au rouge, au rouge écarlate. 

J'ai la conviction que notre île peut encore être sauvée. C'est l'objet de mon engagement et de mon travail quotidien. Mais c'est une grande douleur. Je n'ai pas d'autres termes. Ça fait partie de mon travail d'alerter le reste du pays sur notre situation. Pour moi, la situation exige des solutions radicales. Mais la principale radicalité que j'exige à Paris, c'est l'égalité. On ne demande pas de traitement particulier, on demande à être traités comme les autres. Mayotte traitée comme les autres, ça voudrait dire avoir accès à la santé, ça voudrait dire avoir une éducation de qualité, ça voudrait dire avoir des services publics normaux comme ailleurs. Ça voudrait dire donc avoir la sécurité.

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La sécurité pour nous, ce qui est dramatique, c'est qu'on est vraiment aujourd'hui dans une logique de survie à Mayotte, une survie bête et méchante, dramatique et tragique. Et l'objet, c'est de sortir de cette logique de survie pour pouvoir relever la tête et avancer, réfléchir à notre avenir. Mais vraiment, au quotidien, nous, on fuit Mayotte. Et ce faisant, on alimente aussi une crise parce que les clandestins, les Comoriens, prennent de plus en plus le contrôle de notre île. Donc c'est un déchirement, c'est très compliqué. On vit une période historiquement extrêmement douloureuse pour Mayotte. 

J'ai la conviction que l'on peut changer le cours des choses. Mais c'est d'abord une prise de conscience à Paris, éviter le découragement. J'entends souvent des interlocuteurs qui, avant d'avoir fait quoi que ce soit, disent « ce n'est pas possible ». Moi, je dis, d'abord on va commencer à faire quelque chose et après, on tirera les conclusions de si c'est possible ou pas.

Mais le bricolage et le rafistolage qu'on voit à Mayotte, ce n'est plus possible! Le territoire, la population, tout le monde sature. Les services, il n'y a plus rien qui fonctionne correctement. Donc là, on est en cocotte-minute. J'espère qu'on évitera l'explosion, mais on s'en rapproche malheureusement quotidiennement.» 

Mayotte, j'aurais voulu qu'on parle davantage de nos richesses, de notre culture, de notre patrimoine culturel qui est exceptionnel, de notre richesse linguistique, de la beauté de nos paysages

Mayotte vu d'ailleurs
«On est le 101e département et probablement le département français le moins connu par nos compatriotes, on le sait, même si on est Français depuis 1841. Ce qui est dur à vivre, c'est le sentiment d'être des Français par effraction. Nous, on est très attaché à notre pays. Est-ce que notre pays est très attaché à nous ? C'est une question qui peut se poser, surtout quand beaucoup d'interlocuteurs, élus ou publics, questionnent le fait que Mayotte soit française. Surtout quand on voit différents services qui sont pleins de capacités, d'intelligence, subitement ne pas savoir quoi faire à Mayotte.

Il y a une espèce de découragement automatique qui est quand même très pénible. Il y a pour nous le sentiment d'un discours bien rodé d'échec annoncé. C'est la prophétie autoréalisatrice. « Je ne peux pas, je n'y arrive pas. Oui, enfin, tu n'as jamais essayé, tu n'as jamais fait. » Donc moi, je pense qu'il faut d'abord commencer et faire.

Mayotte, j'aurais voulu qu'on parle davantage de nos richesses, de notre culture, de notre patrimoine culturel qui est exceptionnel, de notre richesse linguistique, de la beauté de nos paysages. Mayotte, malheureusement, s'est résumée au maquis, aux tortues, aux clandestins. C'est tout sauf ça. Ce n’est en tout cas certainement pas que ça. Et donc c'est compliqué de voir que notre trésor est réduit à ça. De voir aussi qu'on est depuis très peu de temps l'objet de quelques attentions et qu'elles soient tournées principalement vers nos problèmes, est quand même douloureux à voir.

C'est aussi une partie de ma mission de changer la perception de Mayotte, de faire comprendre que nous sommes une zone stratégique pour la France, que nous sommes des contributeurs nets à la richesse nationale, que nous sommes des citoyens français depuis 1841, pas des nouveaux arrivés dans la République, que nous avons autant de droits que de devoirs et que nous les accomplissons de bon cœur, mais que la réciproque est vraie aussi, avec le reste de nos compatriotes. Et donc, changer cette perception n'est pas une mince affaire. On est noir, la plupart des Mahorais musulmans, on fait face à de nombreuses discriminations. Et pour autant, ce qui est compliqué, c'est de voir que le regard du reste de l'Hexagone envers nous n'est pas nécessairement aussi bienveillant et aimant que ce qu'exprime Mayotte envers le reste du pays.»

Attentes sur la prochaine visite des ministres Jean-François Carenco et Gérald Darmanin

«Un patrouilleur outre-mer, l'égalité. On aura eu le débat sur la Sécurité sociale, donc on verra ce qui restera. Je n'ai pas d'illusion sur le fait qu'il y aura encore des débats à avoir. Donc, on remettra sur le tapis les sujets sur lesquels on n'a pas avancé. Et puis, effectivement, il y aura le débat sur le patrouilleur outre-mer et comment est-ce qu'on muscle la défense de nos frontières. Il y aura le débat sur le visa Schengen. Est-ce qu'on lève l'exception au niveau territorial pour les permis de séjour à Mayotte ? C'est très important. Moi, j'ai expliqué au chef de l'État que si Mayotte porte le poids de l'immigration clandestine, le reste du pays devait le porter aussi. On ne peut pas tout cumuler. La plus grosse crise migratoire de France sur le territoire le plus pauvre et le plus exigu, ce n'est pas tenable. Donc oui, on a deux ou trois choses à discuter, je confirme. Il y a l'université de plein exercice pour Dembeni. Il y a de nombreux sujets. 

Il y aura également la question de la progression économique. C’est-à-dire que nous, on a toute une économie à construire, sinon à reconstruire. Donc, que ce soit pour le secteur agricole ou pour le secteur halieutique, il y a des richesses qu'on doit apprendre à mettre en valeur, à exploiter et à exporter de manière à ce que ça crée des richesses et des emplois à Mayotte. Nous, on a beaucoup de jeunes, il y a des talents. Il faut qu'on arrive à les accompagner pour avoir des formations qui soient de qualité et que quand certains quittent l'île, ils puissent rentrer. Ça veut dire que, comme ailleurs en outre-mer, quand les ultramarins quittent, il y a évaporation de ces talents. C'est problématique pour nos territoires parce que nos forces vives s'en vont. Donc, comment est-ce qu'on réoriente notre politique d'enseignement supérieur ? Comment est-ce qu'on réoriente notre système économique de manière à garder nos talents, à les promouvoir et à les mettre en avant pour qu'ils aient des progressions de carrière, pour qu'ils puissent s'épanouir à la hauteur de leur talent ?
C’est-à-dire qu'on ne peut pas rester dans une logique où l'on importe les cadres, où on reste dépendant de l'extérieur. On doit aussi vraiment arriver à créer une richesse endogène et un développement endogène.

Projet de loi de finances, quelles priorités ?

Dans le projet de loi de finances, il y a plusieurs sujets. Il y a la question de la taxation de CMA-CGM, des superprofits. Il y a la question de la taxation sur les carburants pour le kérosène de l'aérien qui touche directement, qui impacte les prix pour les billets d'avion. Il y a la question du bouclier qualité/prix. Pour le mettre en place, il doit y avoir une réunion interministérielle sur la question de la surveillance des prix de l'alimentaire. Pour nous, c'est très important parce que les prix de l'alimentaire à Mayotte sont les plus chers de l'outre-mer. Donc, c'est vraiment une question importante.
Il y a la question effectivement de savoir si on aura des niches fiscales qui permettent à nos entreprises de vraiment se remettre post-Covid. Donc, ça, c'est important. Il y avait des mécanismes qui avaient été mis en place précédemment, de savoir s'ils sont maintenus et prolongés. On a effectivement aussi une question qui est importante: est-ce qu'on a les investissements nécessaires pour nos infrastructures ? Il y a le sujet de la piste longue ou encore les routes. Il y a des éléments vraiment importants dans le budget qui nous permettront de voir si les orientations du gouvernement vont dans le sens de prendre en compte Mayotte et ses nécessités ou si on est encore une fois oublié.»
 

Nomination comme vice-présidente de la délégation outre-mer à l'Assemblée nationale
«C'est un rôle qui me tient très à cœur. Je pense que nous sommes à une période historique pour les outre-mer, où on est une nouvelle génération d'élus ultramarins. À l'Assemblée, on essaie de dépasser nos questions partisanes pour travailler ensemble pour nos territoires et je pense que c'est important. On a souvent des problématiques communes et donc on est ensemble, nos intelligences et nos apprentissages pour essayer de faire une vraie différence sur le terrain pour nos administrés. Moi, c'est un honneur et un plaisir de discuter avec mes collègues ultramarins et j'ai hâte de pouvoir mettre aussi mes capacités au service du plus grand nombre. C'est une partie de ma mission et c'est très enrichissant.

Actuellement,on est en train de déterminer quelles seront les discussions et les thématiques sur lesquelles on va travailler. Moi, je pense que sur la question de la sécurité alimentaire, sur la question de la sécurité énergétique, il y a vraiment des sujets communs. Et puis d'approfondir. On ne part pas de zéro. Il y a des sujets comme la question de l'eau qui ont déjà été abordés. Comment est ce qu'on creuse et qu'on avance ? On parle de faire revenir au point un, d'avancer pour que que les choses changent puisqu'en fait nos territoires sont vraiment en crise. Donc on est beaucoup d'élus très motivés. Donc j'espère qu'on aura un impact positif.»