À La Réunion, l’usage des plantes médicinales est une tradition profondément ancrée, transmise de génération en génération. Aujourd’hui, cette richesse botanique dépasse le cadre traditionnel ancestral pour devenir un véritable moteur d’innovation et de développement économique.

Seul pôle de compétitivité ultramarin et basé à La Réunion, Qualitropic joue un rôle clé dans le développement de la bioéconomie tropicale. En favorisant l’émergence de projets à forte valeur ajoutée, Qualitropic participe au développement économique local et à la création d’emplois hautement qualifiés. Pour Outremers 360, Henri Beaudemoulin, nous en dit plus sur le pôle de compétitivité Qualitropic, qu'il préside désormais.

Qualitropic : un pôle de compétitivité au service de l’innovation en bioéconomie tropicale

Membre de l’association Qualitropic depuis de nombreuses années, Henri Beaudemoulin reconnaît l’apport essentiel du pôle dans le soutien à l’innovation : « Labellisé par le pôle de compétitivité, le projet Pat Zerbaz (ndlr qu’il dirige lui-même) a bénéficié d’un accompagnement structurant, notamment grâce à l’intervention d’un ingénieur du pôle qui a aidé à organiser un cadre de travail collaboratif avec l’Université de La Réunion et d’autres partenaires. Qualitropic a également joué un rôle clé dans l’orientation vers des opportunités de financement, notamment via le soutien de la Région Réunion et des fonds européens FEDER. »

Qualitropic est un pôle de compétitivité dédié à la bioéconomie tropicale, qui accompagne les entreprises dans le développement de projets innovants afin de structurer ou accélérer leurs démarches d’innovation.

Le pôle compte une cinquantaine d’adhérents et favorise les synergies entre acteurs publics et privés. Son équipe, composée de 13 experts – ingénieurs R&D et porteurs de projets spécialisés dans différents secteurs – apporte une expertise pointue dans des domaines variés comme l’agriculture, les ressources halieutiques, l’économie circulaire et le recyclage. L’accompagnement proposé couvre plusieurs aspects : identification des partenaires, validation de la faisabilité des projets, mise en relation avec des acteurs clés et recherche de financements : « Un des atouts majeurs de Qualitropic est son processus de labellisation, qui permet de crédibiliser les projets innovants. Une labellisation atteste qu’un projet a passé plusieurs étapes de validation et augmente ses chances d’attirer des financements et des partenaires. » L’adhésion au pôle comprend une dotation annuelle de cinq jours d’expertise, avec la possibilité d’accéder à des prestations spécifiques pour des besoins plus poussés.

Enfin, Qualitropic renforce son rayonnement en collaborant avec Maurice, Madagascar et les Seychelles, favorisant ainsi l’innovation et la coopération à l’échelle de l’océan Indien.

Insularité : entre Défi et Opportunité

À La Réunion, le développement de la bioéconomie se heurte à un défi majeur : « l’insularité et l’éloignement géographique limitent l’accès aux marchés extérieurs et compliquent l’exportation ainsi que l’approvisionnement en matières premières et équipements spécialisés », souligne Henri Beaudemoulin. Paradoxalement, il reconnaît que cette contrainte peut aussi devenir une opportunité : « Produire localement dans un cadre français et européen est un avantage stratégique à l’heure où la souveraineté économique et la relocalisation des productions sont des priorités nationales. »

En tant que territoire ultramarin, La Réunion bénéficie d’un positionnement unique : elle permet de revendiquer une production française tout en étant située sous les tropiques. Dans un contexte où la recentralisation de certaines productions stratégiques devient une priorité nationale, il est essentiel d’intégrer pleinement les territoires ultramarins dans cette dynamique. Cet enjeu se fait déjà sentir dans plusieurs secteurs d’activité et s’inscrit directement dans la stratégie nationale et européenne souligne Henri Beaudemoulin : « Le changement climatique a un impact direct sur notre territoire, ce qui nous place au cœur de ces enjeux globaux. Cela se traduit notamment par le développement de projets innovants, comme la création de nouveaux isolants ou de matériaux de construction durables. » Ces initiatives participent à l’adaptation aux défis environnementaux tout en ouvrant des perspectives économiques.

EG