Avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie : Le FLNKS attend « des éléments concrets (…) qui clarifient le cadre de la négociation » avant tout accord

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Avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie : Le FLNKS attend « des éléments concrets (…) qui clarifient le cadre de la négociation » avant tout accord

En marge du sommet sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, ouvert mercredi à l’Élysée, la délégation du FLNKS a tenu une conférence de presse pour rappeler ses objectifs, sa vision et sa position sur les négociations politiques actuelles avec l’État, qui n’aboutiront pas, pour le front indépendantiste, à un accord. Présent à cette conférence, le président du FLNKS Christian Tein espère toujours y prendre part, bien qu’il assure faire « entièrement confiance » à la délégation mandatée pour négocier.

Le FLNKS voulait, ce jeudi matin à Paris, « expliquer l'état d'esprit dans lequel nous sommes et nos attentes sur ce rendez-vous majeur de notre histoire ». « La trajectoire d'aujourd'hui, elle est celle qui a été avancée. Le projet n'a pas été remis en cause. C'est une base de négociation. C'est ce qui est à négocier aujourd'hui pour le FLNKS » a déclaré le député Emmanuel Tjibaou, qui conduit la délégation du front indépendantiste.

Le FLNKS attend plus précisément « des éléments concrets, probants, qui clarifient le cadre de la négociation », a insisté Emmanuel Tjibaou, rappelant que « le projet qui avait été amené sur la table » par Manuel Valls en mai dernier, « traduisait pour nous un équilibre entre l'aspiration de nos compatriotes qui veulent garder un lien fort avec la France, et nos aspirations de souveraineté ».

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Si le projet de souveraineté avec la France présenté par Manuel Valls a été rejeté par les groupes Les Loyalistes et Le Rassemblement-LR, « il a recueilli les faveurs du reste de ceux qui étaient autour de la table », soit quatre groupes politiques sur six, « qui représentent 3/5 du Congrès ». « Donc, une majorité de fait, aujourd'hui, s'est positionnée pour accéder à la pleine souveraineté et de déterminer des modalités des interdépendances et du lien avec la France ».

Le FLNKS espère que ce projet porté par Manuel Valls soit, finalement, « le projet porté par l’État ». « Ils ont déterminé une méthode qui nous a permis de rester à la table de discussion de février jusqu'à aujourd'hui. Notre attente, elle est là », poursuit le député. « Ce qui nous intéresse, c'est la souveraineté, c'est la trajectoire, c'est un calendrier ». Et il semble que les premiers échanges avec l’État, et notamment le président de la République, ont rassuré le FLNKS.

« Le mot État-associé a été prononcé »

En effet, selon le chef de la délégation, « le discours qui a été fait par le président Macron hier était un discours qui nous engage sur une trajectoire », discours durant lequel « le mot État-associé a été prononcé », ainsi qu’une « temporalité », « qui est un élément de la négociation », et « qui a été indiquée en 15, 20 ans ». Selon un participant présent à l'Élysée interrogé par l'AFP, Emmanuel Macron a bien affirmé qu'il était « prêt à examiner tout changement institutionnel nouveau, y compris jusqu'à l'État-associé », mais seulement après une période de stabilisation « de 15 à 20 ans ». Ce terme, selon cette même source, a  « assommé » les représentants loyalistes présents, pour qui il constitue un « mot tabou ».

Du côté du FLNKS, on ne devrait pas signer d’accord à l’issue de ces négociations parisiennes, sans pour autant fermer la porte à des prochaines discussions. « Nos attentes, c'est déjà d'une part de d'avoir un document, parce que c'est aussi important, pour les options qu'on aborde dans la phase de négociation, de clarifier la vision de l'État », a expliqué Emmanuel Tjibaou. En outre, « ça a été rappelé dans la méthode qui a été engagée depuis février : on fait des discussions et puis on repart vers nos structures pour valider le processus engagé ».

« Tout le monde espère un accord », y compris le FLNKS qui « veut un accord politique », a toutefois assuré le chef de la délégation. « Les perspectives d’avancer sur un accord sont, d’une part, le cadre de départ, la temporalité dans laquelle cela s’inscrit, le contenu et la validation par nos instances ».

« Nous sommes un peuple du Pacifique et le projet du FLNKS n'a pas vocation à en faire une puissance militaire et économique », a abondé Mickaël Forrest. « L'important, c'est de pouvoir sortir avec l'ensemble des parties sur les 30 ans d'accords successifs depuis Matignon vers la souveraineté pleine et entière », a-t-il poursuivi, estimant aussi que « plus aucun pays sur Terre gère l'ensemble de ses compétences de pleine souveraineté ». « Il y a un document qui est sur la table qui a été déposé par un ministre d'État et c'est à partir de ça qu'on va s'engager ».

Présent à cette conférence de presse, le président du FLNKS Christian Tein a, lui, appelé à « donner du sens » au format « sommet » choisi par l’Élysée pour ces discussions politiques. « Quand on met des termes aussi importants comme ça dans la démarche, on le traduit ». « Paris est resté sourd pendant de longues années » a-t-il ajouté, accusant l’État d’avoir « détourné l'esprit de l’accord de Nouméa ».

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Présent mercredi devant l’Élysée aux côtés de Gilbert Tuiyenon, membre de la délégation du FLNKS, Christian Tein s’est vu refuser l’entrée à l’ouverture du sommet, n’ayant pas été invité, en raison notamment de la procédure judiciaire en cour sur son présumé rôle dans les émeutes de mai 2024. « Je suis triste de voir qu'il y a des gens qui ont des affaires judiciaires et qui arrivent à accéder à l'Élysée. Moi qui suis toujours présumé innocent dans mon dossier, je n'ai pas accès en tant que président du FLNKS », a-t-il regretté.

Christian Tein assure toutefois faire confiance à la délégation mandatée. « C'est le président Macron qui a les clés de sa maison, de l'Élysée. Il décide à qui il a envie d’ouvrir, c'est son choix », estime-t-il. « Mais nous ne renoncerons jamais au rêve de nos pères. Et j'espère qu'à la sortie de ces rencontres-là, l'État va changer de braquet ».