Mémoire-Mayotte : Retour sur le combat de la chatouilleuse Zéna M'Déré, figure de lutte de Mayotte française

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Mémoire-Mayotte : Retour sur le combat de la chatouilleuse Zéna M'Déré, figure de lutte de Mayotte française

Il y a quelques jours à peine, la disparition de Zakia Madi était commémorée. Les mahorais ont organisé un "maoulida sheingué" à Pamandzi en la mémoire de Zena Mdéré - à l'occasion des 23 ans de son décès- et pour toutes les Chatouilleuses … Un sujet de notre partenaire France Mayotte Matin.

  

Elle est née à Mayotte d'une mère mahoraise et d'un père malgache d'origine tsimihety. Elle dirigeait une école coranique à Antsiranana (Diego Suarez) à Madagascar, lorsqu'elle a été expulsée vers Mayotte par le président malgalche Philibert Tsiranana, au moment où le transfert effectif de la capitale du territoire des Comores, de Dzaoudzi à Moroni consommait le divorce entre Mayotte et les autres îles de l'archipel des Comores. Ce transfert de capitale avait ainsi réduit le pouvoir politique des mahorais ce qui avait été vécu comme un affront. 

Pour lutter contre cet état de fait, les femmes mahoraises pacifistes mais non moins déterminées, avaient alors pris pour parti de s’en prendre aux élus comoriens se rendant dans l’île, en les chatouillant jusqu’à ce qu’ils admettent que le transfert de capitale et de pouvoirs constituait une mauvaise direction politique. Les Chatouilleuses étaient nées et les germes de Mayotte française sous la bannière d’un département qui étaient apparus en 1958 avec Georges Nahouda au congrès de Tsingoni avaient bel et bien pris racine. Ce n’était alors plus une jeune pousse, mais un baobab que les Chatouilleuses devenues sorodas se sont évertuées à défendre, à l’instar de la grande Zéna M’Déré qui sera pendant des années l’une des chefs de file, la meneuse des troupes et la défenseuse de Mayotte française. 

Car Zéna M'déré va incarner la lutte des femmes mahoraises. En effet, elle devient le chef des militantes de la révolte des femmes en 1966, un mouvement insurrectionnel féminin partisan de la rupture avec les autorités comoriennes. Elle est condamnée à une peine de prison avec sursis lors d'une manifestation en février 1967. Ce mouvement sera à l'origine du Mouvement Populaire Mahorais. A noter que jusqu’en 1976, le ministère de l’intérieur français classait le MPM tel un mouvement terroriste et non comme un parti politique. En attendant, toute sa vie sera consacrée à Mayotte française et aux conditions de la femme et ce, jusqu’à la fin, un certain 27 octobre 1999. Mais il convient de se souvenir aussi que Zéna M’Déré a été nommée chevalier de la Légion d'honneur le 25 avril 1991 et promue officier le 14 juillet 19995. Elle a aussi été l'effigie d'une pièce de 10 € en argent éditée en 2012 par la Monnaie de Paris, pour la collection « Les Euros des Régions » afin de représenter Mayotte. 

Lors de sa venue à Mayotte en octobre 2019, le Président de la République Emmanuel Macron lui avait rendu un hommage, honorant celle qui avait tant lutté pour le maintien de Mayotte au sein de la République. A ce jour encore, Zéna M’Déré demeure l’une des personnalités les plus populaires et les plus connues de l’île… 

Par Samuel Boscher pour France Mayotte Matin