Mayotte : une année de transition économique, selon le dernier rapport de l’IEDOM pour 2019

Mayotte : une année de transition économique, selon le dernier rapport de l’IEDOM pour 2019

Barge reliant Dzaoudzi et Mamoudzou ©B.Navez/Wikimedia Commons

L’Institut d’émission des départements d’Outre-mer (IEDOM) vient de publier (le 18 janvier) son rapport annuel sur Mayotte, portant sur l’année 2019. L’étude relève que l’économie du territoire s’est inscrite dans la continuité des actions mises en œuvre pour relancer l’activité. Le climat social est plus apaisé et la conjoncture montre une orientation favorable, cependant les opérateurs font preuve de prudence, et ont du mal à se projeter sur le moyen et long terme.

En 2019, l’économie mahoraise a été « en grande partie portée par une consommation des ménages très dynamique qui demeure le moteur principal de l’activité », constate l’IEDOM. La demande est restée soutenue, avec des importations de produits courants qui ont maintenu leur progression (+6,9% contre +3,5% en 2018). Celles de biens d’équipement du foyer se sont de nouveau inscrites à la hausse (+23,3%), et les immatriculations de véhicules neufs ont connu une croissance record de 26,7% (contre -5% en 2018). « L’activité de crédit aux particuliers corrobore ce dynamisme », souligne l’institution, avec une augmentation des encours de crédits à la consommation de plus de 18%.

En ce qui concerne l’activité globale, le secteur du BTP s’est redressé, « profitant d’un nombre croissant de chantiers à assurer, accompagné d’une amélioration de ses charges », écrit l’IEDOM. Un bémol toutefois, des délais de paiement structurellement longs qui fragilisent la trésorerie. En dépit d’un climat dégradé en début d’année, le secteur du commerce a renoué quant à lui « avec une activité favorable au second semestre », porté par la consommation des ménages. Pour leur part, les services marchands ont enregistré un rebond d’activité au premier trimestre 2019. Cependant, « le dernier trimestre de l’année est marqué par une dégradation de la trésorerie, une hausse des charges et une augmentation des délais de paiement, après deux trimestres d’amélioration de ces indicateurs ».

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Au niveau du marché du travail, l’emploi a retrouvé de la croissance en 2019, avec 3400 nouvelles créations (contre -1400 en 2018), selon l’IEDOM. « Ce regain est porté majoritairement par les entreprises du secteur privé », ce qui fait que « le secteur public n’est plus le moteur principal de la création d’emplois à Mayotte comme ce fut le cas depuis 2009 », même si les emplois dans la fonction publique d’Etat continuent de progresser. Conséquence, le taux de chômage a reculé de cinq points pour s’établir à 30% de la population active, ce qui est encore beaucoup, et Mayotte reste le département français avec le taux de chômage le plus élevé. Par ailleurs, en dépit de leur progression, « les créations d’emplois demeurent insuffisantes face à la croissance rapide de la population en âge de travailler », ainsi que la formalisation et la structuration progressives du marché de l’emploi, note le rapport.

Sur les perspectives à venir, les opérateurs économiques éprouvent du mal à se projeter sur le moyen et long terme. Même si la consommation s’est consolidée en 2019, les prévisions d’investissement laissaient déjà « apparaître un certain pessimisme sur l’évolution de la conjoncture économique en 2020 », avant même que survienne la crise sanitaire. « Les acteurs socioéconomiques concentrent désormais tous leurs efforts pour limiter les difficultés futures, à la suite d’une cessation d’une majeure partie de l’activité du secteur privé. Ainsi, l’évolution de la conjoncture économique en 2020 dépendra essentiellement de l’efficacité des actions et mesures mises en œuvre pour aider les entreprises à traverser cette crise afin d’en restreindre les impacts ». Il faudra attendre la prochaine étude annuelle de l’IEDOM sur Mayotte pour en savoir plus sur les conséquences globales de la crise sanitaire sur le territoire.

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PM