Mayotte : Les professionnels de la pêche se sentent abandonnés et attendent des réponses de l'Etat pour reconstruire la filière

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Mayotte : Les professionnels de la pêche se sentent abandonnés et attendent des réponses de l'Etat pour reconstruire la filière

La pêche mahoraise, grande oubliée après le passage du cyclone Chido ? C’est le cri d’alarme de Régis Masseaux, président du Syndicat maritime des pêcheurs professionnels. Flotte décimée, avenir incertain, dépendance accrue aux importations… Alors que l’État est sur tous les fronts, les pêcheurs réclament des moyens pour reconstruire. Détails avec notre partenaire France-Mayotte Matin.

 

Régis Masseaux, gérant de la société Cap'tain Alandor-pêcherie de Mayotte et président du Syndicat maritime des pêcheurs professionnels de Mayotte, regrette que personne ne parle de la pêche depuis le passage du cyclone Chido sur Mayotte. « On a l’impression d’être la filière complètement oubliée », explique-t-il. Le secteur de la pêche a été touché de plein fouet par les vents destructeurs et la flotte de bateaux a été décimée. « L’expert maritime a expertisé nos navires, il faudra 400 000 euros pour réparer », explique-t-il. Pour reconstituer une flotte, il faudrait plus d’un million d’euros. 

Sans bateau, difficile d’aller chercher du poisson en mer pour nourrir la population, la souveraineté alimentaire en prend pour son grade. « Au vu des démarches étatiques, on s’aperçoit qu’il y a des contacts qui sont faits avec des îles voisines, pour ne pas dire La Réunion. On ne demande pas à l’État de nous apporter des produits, on demande de nous aider à reconstruire nos bateaux pour aller chercher nos propres poissons », souligne Régis Masseaux. Il en profite pour pointer du doigt un système sur les quotas de pêche. Dans le bassin de l’océan Indien, il n’est possible de pêcher que 140 tonnes de thons obèses par an, mais quand La Réunion s’en accapare 135 tonnes, la pilule est difficile à avaler pour les pêcheurs mahorais. 

Pour Régis Masseaux, un mot d’ordre : « Construisons ! » À Mayotte, la structuration de la filière de la pêche avait commencé l’année dernière avec des formations, des subventions ou encore la préfiguration pour la création d’un comité de pêche, mais le cyclone est passé par là et c’est tout un secteur économique qui a pris l’eau et qui tente de se relever. Pour l’heure, l’important est de maintenir les emplois en attendant que les bateaux soient reconstruits, mais ce ne sera pas avant une dizaine de mois. 

Le président du Syndicat maritime des pêcheurs professionnels de Mayotte explique qu’il va falloir se réinventer. « On va essayer de travailler avec de l’importation le temps de pallier les nouvelles constructions », explique-t-il, tout en soulignant que « ce sont les marins qui vont trinquer. » Les mois à venir s’annoncent compliqués pour les pêcheurs qui doivent aussi composer avec la pêche informelle qui est toujours une réalité à Mayotte.

Par France-Mayotte Matin