À Mayotte, les élèves s’orientent plus souvent qu’ailleurs vers des formations courtes comme les BTS, et quittent massivement l’île pour poursuivre leurs études. Une étude éclaire ces dynamiques et met en lumière l’impact des inégalités sociales, les contraintes de l’offre locale et les aspirations scolaires des élèves. Précisions avec notre partenaire France-Mayotte Matin.
En 2022, 3 980 élèves ont obtenu leur bac à Mayotte. Parmi eux, 3 790 ont formulé des vœux sur Parcoursup, et 3 160 ont accepté une proposition d’admission. Mais seuls 3 010 étaient effectivement inscrits à la rentrée. Ainsi, 970 élèves, soit 24 %, n’ont pas poursuivi leurs études. Une proportion équivalente à celle observée à La Réunion. Les élèves de Mayotte s’orientent davantage vers des formations courtes. En tête, les BTS, avec 30 % des admissions, contre 19 % dans l’Hexagone. Ce choix est en lien avec une origine sociale plus défavorisée et la forte proportion de bacheliers technologiques (30 %) et professionnels (20 %). En revanche, les admissions dans les filières dites « sélectives » sont très faibles : seuls 3 % des élèves de Mayotte accèdent à un BUT, 3 % à une classe prépa ou à une école d’ingénieur, et seulement 1 % à une licence PASS.
L'offre de formation disponible à Mayotte reste limitée : les capacités d'accueil en première année d'enseignement supérieur ont triplé entre 2015 et 2025, mais restent en deçà de la demande. En 2022, 150 places étaient proposées à l’Université de Mayotte, contre plus de 3 000 élèves à orienter. Cela explique en partie que 68 % des élèves ayant accepté une proposition soient contraints de quitter l'île, principalement vers l’Hexagone (1 640) et La Réunion (500).
Cette mobilité est encore plus difficile pour les élèves de nationalité étrangère, qui représentent 640 des 3 160 admis : seuls 38 % d’entre eux souhaitent poursuivre leurs études hors du territoire, en raison des contraintes administratives (titre de séjour, visa). Par comparaison, 75 % des élèves de nationalité française formulent un vœu en dehors de Mayotte.
Les jeunes filles se distinguent par leurs résultats : elles représentent 60 % des admis et près de 70 % des étudiants en licence. Elles expriment autant que les garçons un vœu de mobilité (68 %). Pour beaucoup d’entre elles, « l’école est un salut », souligne le recteur.
Cette étude inédite servira de base pour développer une offre de formation plus adaptée aux besoins des élèves et du territoire. « Nous sommes la seule université de France située dans un bassin international », a rappelé son président. « C’est à nous de construire des formations utiles à Mayotte et aux territoires voisins ».
Par France-Mayotte Matin