Le chantier de l’usine de dessalement d’Ironi Be marque un tournant décisif pour la gestion de l’eau à Mayotte. Financé à 80 % par l’État, ce projet colossal de près de 95 millions d’euros doit produire dès 2027 environ 10 000 m³ d’eau potable par jour, soulageant enfin et pour un temps, un réseau sous tension permanente. Précisions avec notre partenaire France-Mayotte Matin.
Lancée en 2024, la construction de l’usine de dessalement d’Hironi Bay représente le plus grand investissement jamais engagé sur le territoire pour la ressource en eau. D’un coût global estimé à 95 millions d’euros, ce chantier, porté par le syndicat LEMA et largement financé par l’État, doit permettre de combler une partie du déficit quotidien d’environ 10 000 m³ que connaît actuellement Mayotte.
Aujourd’hui, le réseau insulaire délivre 37 000 m³ d’eau par jour pour une demande réelle approchant les 47 000 m³. Cette différence explique les fameux tours d’eau de 36 heures, dont la population espère enfin se libérer.
L’usine, qui fonctionnera grâce à la technique de l’osmose inverse, captera l’eau de mer pour la transformer en eau potable. Son rendement atteindra 46 % : sur deux litres pompés, un litre sera dessalé et l’autre rejeté sous forme de saumure, diffusée à un kilomètre du rivage dans une zone à forts courants pour éviter tout impact sur le lagon.
La première tranche du projet, prévue pour juillet 2027, produira 10 000 m³ par jour. À terme, l’installation pourra monter jusqu’à 16 600 m³, grâce à l’ajout progressif de deux « trains » supplémentaires d’osmose. Les travaux ont débuté par le renforcement du terrain côtier, situé en zone proche de mangrove, avant le lancement des ouvrages maritimes et de la pose des tuyaux d’aspiration et de rejet. La société STERO, chargée de la construction, assurera également trois années d’exploitation afin de garantir la montée en puissance de l’installation. L’eau produite, déjà potable en sortie d’usine, sera injectée dans les réseaux nord et sud du département. Cette implantation au centre-sud vise d’ailleurs à renforcer prioritairement l’approvisionnement du Sud, historiquement plus vulnérable.
Lire aussi : Colas Mayotte remporte l’appel d’offres pour l’usine de dessalement d’Ironi Bé
Si la mise en service en 2027 n’effacera pas immédiatement les tours d’eau, elle doit amorcer une sortie progressive de la crise en quelques mois, les tours d’eau pourrait disparaître. En parallèle, le LEMA prépare d’autres chantiers : forages supplémentaires, lutte contre les fuites et création d’une troisième retenue collinaire de trois millions de m³. Ensemble, ces projets doivent stabili- ser durablement la production d’eau potable d’ici la fin de la décennie. Le dessalement n’est pas une solution mi- racle, mais il constitue une réponse adaptée à un terri- toire où les res- sources naturelles dépendent encore trop des pluies. Avec Ironi Be, Mayotte engage enfin la diversification de ses sources d’eau et se dote d’un outil pour son avenir.
Par France-Mayotte Matin























