Colas Mayotte, en partenariat avec plusieurs acteurs majeurs, a remporté le marché de construction de la future usine de dessalement d'Ironi Bé, initié par Les Eaux de Mayotte. Ce projet ambitieux, au cœur de la stratégie d'accès à l’eau potable pour l'île, vise à réduire les coupures d’eau qui affectent la population depuis des années. Un sujet de notre partenaire France Mayotte Matin.
L'annonce est tombée il y a moins de 24 heures : c’est l’entreprise elle-même qui a pris la parole pour partager la nouvelle. Transmise par des opérateurs avertis, cette information implique que les recours sont épuisés. Il est temps de se réjouir et de se tourner vers l’avenir.
Après neuf mois d’un appel d’offres très compétitif, les équipes de Colas Mayotte et leurs partenaires sont prêtes à entamer la construction de l’usine de dessalement d’Ironi Bé, un projet d’envergure attendu par tous. Porté par Les Eaux de Mayotte, ce chantier vise à répondre aux besoins en eau potable d’une île confrontée depuis longtemps à des coupures fréquentes.
L’attribution du chantier a été répartie entre deux groupements distincts : le lot de la plateforme a été confié à l’alliance NEGRI / COLAS MAYOTTE / ARTELIA / OCETRA, tandis que la construction de l’usine a été confiée au groupement STEREAU / COLAS MAYOTTE / AROM / SAUR.
Avec une production journalière prévue de 10 000 m3 d'eau, cette usine promet de soulager une population en quête d’un approvisionnement fiable. Colas Mayotte et ses partenaires s’occuperont non seulement de la construction, mais également de l’exploitation de l’usine durant les trois années suivant son achèvement.
À noter également l’arrivée de la Saur à Mayotte en tant que partenaire technique de Colas pour la production d’eau, ce qui pourrait provoquer des frictions avec Vinci et la SMAE, deux opérateurs déjà bien établis sur le territoire. Cette nouvelle concurrence, accompagnée de technologies avancées, pourrait s’avérer bénéfique pour les abonnés du réseau d’eau.
Cette annonce tombe à point, car les chiffres continuent de démontrer une augmentation annuelle de 2 000 m3 de la consommation quotidienne d’eau. Actuellement, les capacités de production de l'île s’élèvent à 40 000 m3 par jour, alors que la consommation atteint 45 000 m3. Au rythme actuel, les besoins quotidiens pourraient atteindre 55 000 m3 dans 10 ans.
Le plan pluriannuel d’investissement en eau devrait permettre, grâce aux deux campagnes de forage en cours et à venir, d’augmenter les capacités de production de 3 000 à 6 000 m3 par jour. Par ail- leurs, le programme de réduction des fuites pour- rait rapporter jusqu’à 12 000 m3 par jour dans le meilleur des cas.
Ces mesures devraient permettre d’ajuster les capacités de production aux besoins de 2024. La troisième retenue colinéaire et l’usine de dessalement devraient ainsi garantir un approvisionnement suffisant pour les 10 à 15 prochaines années, avec une capacité de production prévue de 5 000 m3 par jour en phase de lancement à Ironi Bé, puis de 10 000 m3 par jour en régime de croisière.
Toutefois, des voix s'élèvent déjà pour questionner l’opportunité de ce projet. Le Conseil de gestion du Parc Marin se prononcera prochainement sur la question. Les élus de l’île devront adopter une position claire à propos de cette usine de dessalement et apporter leur soutien à l'initiative menée par le syndicat Les Eaux de Mayotte. Car une chose est certaine : les stratégies politiques ne pourront rien face aux aléas du climat. Les estimations actuelles reposent en effet sur des pluies suffisantes pour remplir nappes phréatiques et retenues d’eau.
À 18 mois des élections municipales, il sera crucial pour les élus d’expliquer concrètement aux habitants ce qu’ils envisagent pour assurer l’approvisionnement en eau de l’île, en cas de désaccord sur le projet d’Ironi Bé. Les élus devront se positionner, et cela promet d’être passionnant.
Anne-Constance Onghéna pour France Mayotte Matin