Mayotte : Le Banga du chocolat conçoit du café et du chocolat 100 % mahorais

Valérie Ferrier travaille avec Kassim Oisseni, qui a commencé à travailler au Banga du chocolat en tant qu’apprenti ©Mayotte Hebdo

Mayotte : Le Banga du chocolat conçoit du café et du chocolat 100 % mahorais

L’association Café Cacao Maoré s’est donné l’ambition de relancer les filières de cacao et de café à Mayotte. En allant du producteur jusqu’au consommateur. A l’initiative du projet, Valérie Ferrier s’est dotée d’un atelier de transformation dans lequel elle produit des tablettes et du café mahorais, ensuite commercialisés sur l’île. Reportage de notre partenaire Mayotte Hebdo.

C’est au cœur de la forêt entre Combani et Kahani, que s’est installé le Banga du chocolat. Au milieu de ses plans de bananes, Valérie Ferrier a rénové une ancienne bergerie pour y créer son atelier. Là, un torréfacteur, des moulins et une fontaine à chocolat ont pris place pour transformer les grains de café et les fèves de cacao. « L’activité a commencé il y a deux ans. Aujourd’hui, on produit environ 300 kilogrammes de café par an et 200 kilogrammes de chocolat », indique la maîtresse des lieux qui a investi 260 000 euros dans ce local.

Mais au-delà de cet atelier de transformation, l’objectif pour elle était surtout de relancer une filière abandonnée. « C’est lors d’un voyage à Madagascar que j’ai eu l’idée de faire du chocolat. Et je me suis rendu compte que dans les années 80, la filière était porteuse à Mayotte. Je cherchais aussi une diversification, alors je me suis lancée dans l’aventure », raconte l’agricultrice, qui, à côté du café et du chocolat, cultive des fruits et légumes.

Valérie Ferrier s’est entourée d’une vingtaine de producteurs pour relancer les filières de cacao et de café, dont Ibrahim Abdallah Boina, installé à Soulou, et Mouhamadi Atoumani, à Dzoumogné  ©Mayotte Hebdo

Au total, près de vingt producteurs l’ont rejoint au sein de l’association Café Cacao Maoré, qui vise à structurer les filières. Parmi eux, Ibrahim Abdallah Boina a souhaité se lancer dans ce projet pour se diversifier mais également pour reprendre une activité abandonnée depuis longtemps sur ses parcelles. « A l’époque, mon père avait du cacao et du café. C’était une activité importante pour lui, il vendait des tonnes de grains à la société Bambao, à Tsingoni. Puis quand l’entreprise a disparu, il a commencé à cultiver de l’ylang-ylang », raconte l’agriculteur. 

A ses côtés, Mouhamadi Atoumani a replanté une cinquantaine de pieds de café et autant de cacao il y a quelques années. « Au départ, j’avais trois, quatre plants, je voulais surtout montrer à mes enfants la diversité des cultures à Mayotte. C’est ce qui fait la fierté du territoire. Aujourd’hui, je suis fière de participer au relancement de ces filières », assure l’exploitant qui produit également du miel, de la vanille.

Doubler la production de chocolat

Ensemble, les producteurs se forment, s’échangent des connaissances, des savoir-faire et tentent de se structurer, pour avoir un revenu supplémentaire grâce à ces produits à forte valeur ajoutée. « Étant donné que la filière avait disparu, il faut aussi réapprendre à planter, à s’occuper des plants… Le projet est né il y a quatre ans. A ce moment-là, nous avons replanté des pieds de cacao et nous venons tout juste de faire notre première récolte », souligne Valérie Ferrier, qui a ainsi lancé en décembre la première tablette « 100 % mahoraise ».

Les fèves de cacao sèchent environ une semaine au soleil avant d’être torréfiées ©Mayotte Hebdo

Au total, le Banga du chocolat commercialise environ 7 000 tablettes par an, via la grande distribution, comme dans le magasin Baobab, à Mamoudzou, par exemple. Pour arriver à l’équilibre, la petite entreprise envisage de doubler sa production et de cibler davantage les hôtels, restaurants ou les coopératives, pour vendre ses produits aux touristes notamment. En parallèle, l’atelier commercialise ses 300 kg de café mahorais à l’aéroport ou dans des petites boutiques. « L’idée est également de développer l’agro-tourisme et pourquoi pas de faire visiter l’exploitation et l’atelier », envisage la productrice.

Jéromine Doux pour Mayotte Hebdo