Hier matin, des représentants du Conseil départemental, de MCG ou encore de l’entreprise Colas étaient réunis au port de Longoni pour évoquer l’avenir de l’infrastructure portuaire. En parallèle des travaux prévus cette année sur le quai n°1, une ère nouvelle s’ouvre avec la perspective du projet gazier au Mozambique. D’ici 10 ans, le port devrait avoir doublé sa superficie, le tout en gagnant en sûreté et en sécurité. Explications de notre partenaire France Mayotte Matin.
La hache de guerre semble définitivement enterrée entre le Conseil départemental et le délégataire du port MCG. Hier matin, le président du Département en personne était présent. Soibahadine Ibrahim Ramadani était accompagné d’une délégation du Conseil départemental venue écouter les explications de Vincent Lietar, le directeur des infrastructures et du développement pour MCG. Ce dernier a d’abord expliqué, en présence de l’entreprise Colas en charge des travaux, le projet de rénovation et de renforcement du quai n°1.
Ce chantier est devenu une priorité absolue, tant pour répondre aux enjeux du projet gazier au Mozambique que pour sécuriser le quai jugé depuis des années non conforme et dangereux. Selon le chef des travaux au sein de l’entreprise Colas, le quai va subir deux phases de travaux. D’abord, jusqu’au 30 septembre, 100% de la surface du quai sera réparée de manière à accueillir des grues de grandes capacités pour décharger des navires de fort tonnage. 48 des 130 mètres linéaires de sous-face du quai seront également renforcés lors de cette première phase. La seconde période de travaux débutera en octobre jusqu’au 31 décembre, si tout se passe comme prévu. Ces quelques semaines devront per- mettre de renforcer la partie restante des 130 mètres de sous-face.
Selon Mistoihi Mari, le directeur général des services au Conseil départemental, à partir de 2022, le quai n°1 sera opérationnel ce qui permettra d’augmenter de 20% la capacité portuaire actuelle. Le coût prévisionnel de cette réhabilitation est estimé à 25 millions d’euros. Ensuite, sur les 10 ans à venir, 150 millions devraient être investis pour la restructuration et l’extension des quais n°1 et n°2. « Ça va prendre au moins une dizaine d’années. Mais le développement des infrastructures portuaires revêt un enjeu énorme. Les conteneurs qui arrivent à Mayotte rapportent beaucoup d’argent aux collectivités locales. La demande est énorme, nous devons être à la hauteur », confie le nouveau DGS qui vient de remplacer Mahafourou Saïdali. Un discours repris par Vincent Lietar qui assure en préambule que, depuis le début de la DSP, MCG nourrie de grandes ambitions pour le port de Longoni.
Au-delà des travaux du quai n°1, trois grosses opérations sont en projet. La première concerne la création d’un nouveau quai pour augmenter le linéaire de quai de 300 mètres. La seconde porte sur une réorganisation de l’infrastructure portuaire. MCG souhaite étendre le port afin que ce dernier soit accessible à partir du rond-point d’accès à la RN1. « Nous souhaitons construire un portail à l’échelle d’un port de 2021 avec 5 passages de camion pour plus de fluidité. Cela s’accompagnera de contrôles automatiques avec scan et autres caméras pour renforcer la sécurité-sureté du port. C’est important pour le projet au Mozambique », assure le directeur des infrastructures et du développement pour MCG.
Enfin, dernier grand projet qui va de pair avec les deux premiers : créer un nouveau pôle d’activité économique. Et Vincent Lietar de poursuivre : « Ce pôle pourrait concerner les communes du Nord, Bandraboua, Koungou jusqu’à Tsingoni. On pourrait, avec 37 hectares de plus à 200 euros le m2, avoir une zone d’aménagement complètement à l’échelle des communications de notre temps, de notre époque, à savoir la fibre optique, être connecté en réseau etc... Les besoins déjà exprimés dépasse 20 hectares. Avec le Mozambique, il est temps d’avancer, il y a des préalables techniques, environnementaux qu’il ne faut pas bâcler donc il faut avancer dès maintenant pour être opérationnel en 2024, peut être 2025 ».
La zone portuaire comprend actuellement 61 hectares. MCG espère une augmentation de 50 hectares avec des extensions tout autour du port. 10 à 15 hectares devraient être alloués aux opérations de transbordement avec le Mozambique. Le reste doit permettre de créer de l’activité, de l’emploi, et de répondre aux besoins d’une démographie en forte croissance. « Nous serons sans doute 600 000 habitants en 2050. Tout passe par le port, en tout cas une très grande partie des importations, peut être 95%. Il faudra ajouter des moyens à ce port. On souhaite passer de 110 000 conteneurs accueillis actuellement chaque année, à 350 000 conteneurs par an dans un futur proche », conclue l’architecte qui travaille depuis des années sur l’extension de l’infrastructure portuaire.
Après des années de conflit, le poumon économique l’île semble enfin prêt pour entrer dans une phase de développement essentielle pour l’avenir du plus jeune département de France.
Pierre Bellusci pour France Mayotte Matin