Nyongo, le roman de Ayat Hamidoune débute sur un proverbe mahorais, "Haïri ya kweli endza nyongo raha na trambo endza ladha", que l’on peut traduire par "Mieux vaut une vérité amère qu'un mensonge agréable ". Une première œuvre sur fond de délinquance juvénile et pression de la réussite scolaire dans le plus jeune département français. Présentation avec notre partenaire France Mayotte Matin.
L’histoire débute sur la rentrée d’Amina au lycée des Lumières de Mamoudzou. Elle y retrouve ses deux meilleurs amis. Ensemble, ils forment un trio, symbole d’une jeunesse qui se pose beaucoup de questions sur la société dans laquelle ils évoluent, jusqu’à ce que leur amitié soit mise à rude épreuve, quand la vie d’Amina bascule soudain dans la violence. Nyongo, amer en mahorais, est inspiré de faits réels. Son auteur, Ayat Hamidoune a décidé de prendre la plume au lendemain d’une tentative d’agression sexuelle qu’elle a subi, alors qu’elle est une collégienne âgée de 14 ans. L’agresseur sera d’ailleurs condamné à une peine de prison ferme assortie d’un sursis pour avoir commis cet acte. Quatre ans après le triste épisode de sa jeune existence, la jeune écrivaine jette un pavé dans la mare avec son roman, alors qu’elle n’a que 18 ans et poursuit son cursus scolaire en classe de terminale.
Son roman qui compte une centaine de pages, raconte une histoire fictive en grande partie inspirée de son expérience personnelle, qu’elle a souhaité partager en la couchant sur le papier comme un sorte de thérapie pour exorciser son mal. Avec Nyongo, la jeune femme native de Trévani, sort de l’ombre grâce à son premier roman, dans lequel elle nous fait découvrir le quotidien du trio de meilleurs amis à travers le regard d’Amina, personnage principal de l’œuvre. Avec son roman, Ayat se livre sans tabou pour dépeindre une réalité universelle, qui affecte aussi son île de l’océan Indien. L’encre sortie tout droit de sa plume a aussi la couleur de l’espoir, qu’elle souhaite transmettre à toute la jeunesse mahoraise.
Nyongo semble vouloir dire qu’à la réalité parfois cruelle, on doit opposer l’adversité pour défendre ses valeurs et ainsi avoir une réelle incidence sur la suite d’un itinéraire de vie. Le roman d’Ayat, est aussi un acte militant pour une meilleure reconnaissance des droits des femmes, une sensibilisation à la sexualité et une éducation plus responsable de la jeunesse mahoraise. Bachelière comptant parmi les lauréats 2024, Ayat rejoindra l'Hexagone pour la prochaine entrée à Sciences Po, campus de Menton dans les Alpes-Maritimes.
Par France-Mayotte Matin