Dès le printemps 2018, de nombreux séismes se sont produits en mer au large de Mayotte. Des opérations d’observation et de recherche, menées par plusieurs établissements et laboratoires scientifiques français, ont permis la découverte d’un volcan sous-marin situé à 50 km à l’est de l’île et à 3500m de profondeur. Un sujet de notre partenaire France Mayotte-Matin.
Depuis mai 2018, une importante mobilisation interministérielle et scientifique a été mise en place pour comprendre ce phénomène nouveau. Une campagne océanographique a été réalisée par le navire le Marion Dufresne ainsi qu’une mission scientifique menée par plusieurs organismes de recherche (CNRS, BRGM, IPGP, IFREMER, l’université de la Réunion, IPGS, IGN, l’École normale supérieure ENS, le Centre nationale d’études spatiales CNES et le SHOM) ont permis de mettre en évidence l’existence d’un volcan sous-marin.
La taille de ce volcan est évaluée à 800m de hauteur avec une base de 4 à 5 km de diamètre. Le panache de fluides volcaniques de 2 km de hauteur n’atteint pas la surface de l’eau. Les émanations de gaz constatées sur le littoral de Petite-Terre par la population sont, selon les scientifiques, un signe habituel rencontré dans ce type d’activité volcanique et font l’objet d’études spécifiques.
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Pour Nathalie Feuillet, chercheuse à l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP), responsable du projet INSU TELLUS SISMAYOTTE et co-cheffe de la mission Mayobs1, « Mayotte est une île où très peu de séismes ont été ressentis au cours de la période historique. Les scientifiques disposaient donc d’études assez partielles et de peu de données. Nous savons que c’est une île d'origine volcanique qui a commencé à se construire il y a environ 20 millions d’années. Les traces les plus récentes d'activité volcanique ont été découvertes dans des carottes de sédiments prélevées dans le lagon de Mayotte. Toutes les observations accumulées depuis 2018 tendaient à démontrer que les séismes enregistrés au large de Mayotte étaient induits par un phénomène volcanique sous-marin… ».
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En fonction de l’éclairage des scientifiques, des mesures de surveillance et de prévention sont prises pour faire face à ce phénomène géologique exceptionnel qui pourrait impacter la population mahoraise et, plus largement, cette partie de l’Océan indien.
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Des éruptions sous-marines sous haute surveillance à travers les missions Mayobs En réponse à l’éruption volcanique au large de Mayotte qui a débuté en mai 2018 et à la sismicité associée, l’État français a confié la mission de surveillance de cette zone volcanique au Réseau de Surveillance Volcanologique et Sismologique de Mayotte (REVOSIMA), avec notamment la mise en place d’une campagne de surveillance intitulée Mayobs. La première mission Mayobs1 s'est déroulée du 2 au 19 mai 2019 à bord du navire océanographique le Marion Dufresne. Plusieurs objectifs étaient au programme. Tout d’abord, récupérer les données sismiques qui avaient été enregistrées quelques temps auparavant. Ensuite, cartographier finement la zone où se produisaient les séismes à partir du sondeur multifaisceaux et du sondeur de sédiment du navire pour essayer de mettre en évidence des traces d'activité volcanique récente. La dernière mission de surveillance remonte à 2021 (du 13 septembre au 4 octobre) avec la campagne Mayobs 21, toujours à bord du Marion Dufresne. Cette mission a eu pour but de maintenir en état de fonctionnement les stations de mesure en fond de mer et dans la colonne d’eau, de suivre l’évolution de l’activité éruptive et des reliefs sous-marins ; d’analyser l’activité sismique sous-marine et des émissions de fluides depuis les dernières campagnes de surveillance Mayobs, qui ont eu lieu d’avril à juin 2021. Enfin, d’acquérir des données géologiques utiles à la compréhension de ce phénomène. |
Par Benoît Jaëgle pour France-Mayotte Matin