L’aéroport de Mayotte garde le cap du développement en plein milieu de la tempête

L’aéroport de Mayotte garde le cap du développement en plein milieu de la tempête

© Facebook Aéroport de Mayotte

Mayotte en raison de son contexte insulaire est particulièrement dépendante de son aéroport, véritable porte sur le monde. La crise sanitaire mondiale qui dure maintenant depuis près d’une année a des conséquences dans de nombreux secteurs, de l’intimité de chacun en passant par la vie en société sans omettre les impacts économiques. L’aéroport transcende tous ces aspects, il permet de se déplacer de rejoindre famille et amis mais il est aussi au centre des échanges économiques. A l’heure où certains intellectuels commencent à se demander quelles seront les meurtrissures que laissera le Covid dans la société ; les séquelles sur notre aéroport ne sont pas à ignorer au moment où celui-ci aurait dû prendre son envol. Un article de notre partenaire France Mayotte Matin.

Un aéroport vit essentiellement des charges et taxes payées par les passagers, les compagnies aériennes ainsi qu’avec les redevances et loyers versés par les commerçants disposant d’un espace de vente. Ce chiffre d’affaires est calculé en fonction des projections de trafic de passagers utilisant la plateforme aéroportuaire. S’agissant d’Edeis, le contrat qui lie l’entreprise à l’État n’intègre pas de compensation de rémunération si d’aventure le trafic n’est pas identique aux projections initiales. Les prévisions tablent sur un nombre de passagers frôlant les 400 000.

En 2020, ce sont 197 000 passagers qui se sont croisés sur l’aéroport, c’est environ 50% de moins qu’en 2019. Les prévisions étant en augmentation dans le contrat d’une année sur l’autre, l’année 2020 bien logiquement met un coup de frein au développement du trafic et ce comme sur l’ensemble des aéroports… Des négociations sont actuellement en cours avec la DGAC au niveau national afin de déterminer des mesures d’aide pour les délégataires de la gestion des plateformes aéroportuaires françaises afin de limiter les pertes. Car au-delà des taxes versées sur la base du nombre de voyageurs, les loyers et autres redevances accusent une baisse encore plus significative. 30% de recul du chiffre d’affaires pour le volet voyageurs et bien plus encore pour l’activité en lien avec les commerces.
Les motifs impérieux, les contrôles et les délais d’attente ont depuis le début du second confinement, un impact direct sur l’envie des voyageurs de dépenser dans les commerces ou les points de restauration.

L’équipe d’Edeis s’efforce depuis la fin du premier confinement de nouer de nouveaux partenariats pour permettre à l’aéroport d’être encore plus attractif en tentant d’attirer de nouvelles compagnies ou en renforçant l’attractivité de la plateforme de Mayotte. Ce n’est pas tous les jours aisés car les autorisations sont aussi accordées en lien avec l’aviation civile. Cependant même si les démarches sont longues, elles sont indispensables.
Par ailleurs, pour développer l’attractivité et permettre la continuité de l’activité, un centre de dépistage Covid pour les voyageurs a été mis en place en lien avec BioGroup directement à l’aéroport.

Si l’impact sur l’économie de la plateforme est important, le délégataire Edeis se veut optimiste. L’entreprise table sur la volonté des voyageurs à revenir vers l’aéroport pour prendre l’avion, à l’issue du premier confinement la reprise de l’activité avait été réelle, la période de fin d’année positive selon la direction d’Edeis.
Partant de là, l’entreprise garde le cap sur les projets : les investissements en matière de sûreté seront maintenus, ce sont 8 millions d’euros qui vont être mis sur la table, le niveau de surveillance et de détection des bagages va ainsi faire un saut en gamme, faisant de l’aéroport de Mayotte une plateforme très sûre. Le projet d’extension de l’aérogare est toujours en cours, le plan de financement est en train d’être bouclé. Le projet d’hôtel avec le groupe Accor se poursuit également sans que la situation ne fasse prendre du retard.

De la même manière, le projet de piste longue se poursuit, Edeis est sollicitée pour apporter ses contributions à l’occasion de réunions techniques y compris dans les périodes de confinement. La date de 2025-2026 pour sa mise en service semble toujours dans les têtes des dirigeants de l’aviation civile, Mayotte doit disposer d’une infrastructure aux normes internationales.

Le projet gazier poursuit lui aussi son développement, les plus grosses difficultés sont liées à l’insécurité sur zone, ce qui rend notre île encore plus attractive. L’aéroport de Mayotte est prêt pour absorber les demandes.

De manière paradoxale, si le trafic voyageur ne conduit pas le développement de l’aéroport ce sont les demandes techniques complexes des partenaires qui poussent les professionnels d’Edeis à se réinventer et à trouver des solutions innovantes, ce fut le cas récemment avec les demandes de ’ARS pour le suivi et l’exploitation de son avion sanitaire.

Si l’horizon de l’aéroport de Mayotte est rempli d’incertitudes en raison de la crise sanitaire, les dirigeants affichent un optimisme résolu, c’est ce qui explique très probablement que le cap est gardé sur les projets d’investissement. Reste à savoir maintenant quand la crise épidémique prendra fin.

Un article d’Anne Constance Onghéna pour le journal France Mayotte Matin