La Réunion : Eric Leung prend la présidence de l’Association pour le Dialogue Social Territorial

La Réunion : Eric Leung prend la présidence de l’Association pour le Dialogue Social Territorial

La CPME Réunion a pris la présidence de l’Association pour le Dialogue Social Territorial (ADSTR) le 15 décembre dernier. Son Président Eric Leung succède ainsi à Jean-Pierre Rivière, secrétaire-général de la CFDT Réunion.

L’ADSTR a été créée le 24 mai 2018 et regroupe aujourd’hui 8 des principales organisations représentatives du monde de l’entreprise : organisations d’employeurs interprofessionnelles (CPME et U2P) et organisations syndicales de salariés (Cfdt, Cfe-Cgc, Cgtr, FO et Unsa). Elle a pour objet, dans le cadre du paritarisme, de fédérer les partenaires sociaux, les pouvoirs publics et autres acteurs, pour favoriser, développer et animer le dialogue autour des évolutions et démarches relatives aux activités, aux entreprises, à l’emploi et à la formation à La Réunion. Son rôle est également d’informer et former au dialogue social territorial, d’accompagner ses membres dans l’exercice de leurs mandats au sein des instances de dialogue social territorial et d’intervenir en qualité de prestataire dans toute action permettant le développement du dialogue social territorial et sa valorisation.

Son nouveau Président, Eric Leung, chef d’entreprise et président de la CPME Réunion, nous donne sa vision du dialogue social à La Réunion

Eric Leung, vous êtes chef d’entreprise, qu’est-ce que l’ADSTR pour vous ?

Je vais vous répondre en vous disant ce que ce n’est pas. L’ADSTR n’est pas une instance supplémentaire de négociation entre les partenaires sociaux, ni une instance où l’on discute pour donner des avis, ni un nouveau lieu de réunions entre représentants de la société civile. C’est espace de dialogue qui n’est pas nouveau. L’intelligence collective des acteurs sociaux avait conduit dès 2012 à l’émergence d’une instance singulière qui a permis de donner une forme plus consistante aux relations paritaires: le PRISME (Pôle régional pour l’innovation sociale et la modernisation des entreprises). L’ADSTR lui a succédé de façon plus structurée.

Je définirai pour ma part l’ADSTR comme un espace d’intelligence territorial mobilisant les forces vives du paritarisme et nos partenaires institutionnels pour le développement de l’emploi et de l’activité. C’est pourquoi, je considère le rôle de l’ADSTR comme crucial pour notre territoire qui connaît aujourd’hui plus de 150.000 chômeurs et vient d’essuyer deux crises majeures avec les Gilets Jaunes et la COVID19.

Pourquoi avoir pris la présidence de l’ADSTR ?

Je souhaite souligner que la confiance que m’ont accordée l’ensemble des syndicats de salariés, et les organisations professionnelles, sous le regard bienveillant des acteurs institutionnels me fera vivre cette responsabilité comme un devoir.
Je suis convaincu qu’une entreprise ne peut se gérer seule, mais conjointement avec les salariés. C’est le paritarisme. Et il se nourrit du dialogue social.

Comme nous l’a rappelé la crise Covid, nous ne pouvons pas laisser des forces extérieures modifier seules le monde de l’entreprise. Nous souhaitons être les acteurs premiers de ces mutations. Comment ? J’ai bien mon idée là-dessus mais je préfère me demander ce qu’en pensent mes collègues chefs d’entreprise réunionnais et leurs salariés, représentés par les syndicats. Sans négliger l’avis du reste de la population réunionnaise, dans un esprit de solidarité.

Cet esprit de solidarité qui nous a animés ces derniers mois de crise existe depuis le début au sein de l’ADSTR. Il nous a conduit à une mobilisation collective, pour accompagner les changements, qu’ils soient structurels ou conjoncturels, et pour le bénéfice de tous dans les entreprises. Notamment pour une meilleure application des conventions collectives à La Réunion.

Mon ambition est que le Dialogue Social Territorial ne soit pas vécu comme une contrainte mais comme une avancée, pour tout un chacun.

Qu’avez-vous prévu de faire concrètement ?

Nous nous inscrivons dans la continuité des travaux déjà menés par mon prédécesseur, Jean-Pierre Rivière, dont je salue la probité et la persévérance. Il a permis que l’ADSTR soit active, force de propositions et citée en exemple au niveau national. L’ADSTR est un laboratoire avisé pour l’innovation et le Dialogue Social Territorial, aussi nous mèneront encore plus loin nos idées et ambitions. C’est un espace offert à « la mise en culture » de toute politique économique et sociale au niveau territorial.

En chantier actuellement, il y a l’Accord-Cadre du Dialogue Social Territorial, pour lequel nous sensibiliserons l’ensemble des acteurs publics. Leur engagement à nos côtés sera, nous l’espérons, suivi d’actes concrets. Chaque entrepreneur doit faire grandir, non seulement son entreprise, mais aussi le territoire. Son ancrage sur le territoire est un acte politique au sens noble du terme, qui fait sens dans le Dialogue Social Territorial.

L’ADSTR sera donc aussi un espace offert à l’essaimage des initiatives privées permettant de favoriser l’ancrage territorial pourvoyeur d’emploi et d’activité. Car nous ne souhaitons pas attendre que les collectivités y remédient totalement. La solution se trouve dans nos entreprises. C’est une obligation pour nous d’y travailler.

J’ai fait le choix d’inviter mes collègues à définir ensemble les orientations futures de l’ADSTR lors d’un séminaire participatif qui aura lieu en début d’année 2021. Des groupes de travail permanents et sectoriels seront organisés tout au long de l’année, selon les besoins des branches professionnelles, notamment pour l’amélioration des couvertures conventionnelles à La Réunion. Je parle ici de l’application des conventions collectives.

Mais je peux déjà vous annoncer qu’une journée du Dialogue Social Territorial sera mise en place chaque année. La crise sanitaire due à la Covid 19 a soulevé de multiples problématiques que nous allons également aborder au sein de l’ADSTR, tels que l’impact de l’activité partielle, le télétravail, etc.

Etes-vous confiant en l’avenir ?

Un chef d’entreprise se doit d’être optimiste. Il nous faut avoir confiance en notre capacité à construire l’avenir. Et notre intérêt commun à contribuer au Dialogue Social Territorial y participe. La crise économique actuelle née de la crise sanitaire est source de nombreuses interrogations. La baisse d’activité enregistrée par l’INSEE en mai 2020 a quand même été de 28 %. C’est sans précédent. Nos entreprises ont su saisir les dispositifs d’accompagnement mis en place par le Gouvernement pour ne pas ajouter une crise sociale à la crise économique. L’emploi a été préservé. Ces efforts collectifs ne seront pas vains. Comptez sur nous pour être au rendez-vous de la résilience.