INTERVIEW. « À l'aéroport international de La Réunion Roland Garros, il y a encore de très belles choses à faire », Jean-Louis Hoareau, directeur de projet de la Nouvelle aérogare arrivée

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INTERVIEW. « À l'aéroport international de La Réunion Roland Garros, il y a encore de très belles choses à faire », Jean-Louis Hoareau, directeur de projet de la Nouvelle aérogare arrivée

Directeur de projet à l’aéroport international de La Réunion Roland Garros, Jean-Louis Hoareau fait partie de celles et ceux qui ont permis la réalisation de la nouvelle aérogare arrivée, bioclimatique, en phase avec l’environnement et le climat de l’île. Originaire de Saint-Joseph, il a auparavant fait son bout de carrière, de Paris à Cuba en passant par Nouméa, nourri par le « rêve » et « l’ambition » qui lui ont permis « d’atteindre ses objectifs ». Il raconte son parcours à Outremers360.

Vous êtes né et vous avez grandi à La Réunion. Quel est votre parcours ?

Ma famille est à La Réunion depuis plusieurs générations. Je suis ce qu'on peut appeler « un pur produit réunionnais » : né à La Réunion, dans le sud de l'île, à Saint-Joseph plus exactement. J'ai grandi à La Réunion et j'y ai fait la première partie de mes études : un bac scientifique et ensuite, l'IUT génie civil de La Réunion.

Par la suite, j’ai poursuivi mes études en IUP, Institut Universitaire Professionnalisé, à La Rochelle. J'ai obtenu ce qu'on appelait à l'époque un diplôme à titre d'ingénieur maître et j'ai été embauché comme ingénieur travaux à Paris, chez Campenon Bernard Construction (CBC), une entreprise du groupe Vinci. J'ai fait un petit peu moins de 15 ans chez Vinci, dont 10 en région parisienne.

Vous avez également participé à la construction du Médipôle de Koutio en Nouvelle-Calédonie…

En effet, après ces 10 ans en région parisienne, je suis parti trois ans en Nouvelle-Calédonie, toujours pour le groupe Vinci, dans le cadre de la réalisation du Médipôle de Koutio. J'ai fait trois ans sur place, trois ans pendant lesquels je me suis occupé de toute la partie hébergement, en d’autres termes, des chambres d’hôpital.

Le Médipôle de Koutio en Nouvelle-Calédonie

A l’issue de ces trois années, je suis retourné là où j’étais basé : à Paris. Ne souhaitant plus être à Paris, j’ai déménagé à Bordeaux et rejoint GTM Bâtiment, une autre filiale de Vinci, avec cette envie de partir encore dans les Outre-mer ou à l’étranger. Comme cela ne s’est pas fait avec Vinci, j’ai démissionné pour rejoindre Bouygues Bâtiments International à Cuba, pendant deux ans.

Avez-vous eu durant toutes ces années l’envie de revenir à La Réunion ?

Je pense que quand on part d'une île, je ne sais pas si c'est vrai ailleurs ou pas, mais en tout cas quand on part de l'île de La Réunion, on part jeune, pour continuer ses études et souvent avec l'idée de revenir un jour. Pour certains, c'est plutôt possible. Pour d'autres, moins. Il se trouve que moi, ça n'a pas été possible pendant longtemps. Même dans le cadre de demandes de mutations par exemple, ça n'était pas fait.

Toutefois, ce sont finalement des circonstances plus personnelles qui m’ont poussées à revenir à La Réunion, après mon passage à Cuba. Au moment où je préparais mon retour, l'aéroport cherchait un directeur projet : j'ai postulé. Je suis venu pendant les vacances pour passer des entretiens avec l'aéroport. Et le 3 février 2020, j'ai intégré les équipes de l'aéroport pour construire la nouvelle aérogare.

Justement, cette nouvelle aérogare, on en a beaucoup parlé précédemment (liens). Aujourd'hui, ça fait déjà quelques semaines qu'elle est pleinement opérationnelle. Comment est-ce que ça se passe ? Est-ce qu'elle remplit toutes ses promesses ?

Ça se passe bien. Je dirais que l'aspect bioclimatique est une réussite. Quand on l’a livré, il y avait encore des journées de 30 degrés à l’extérieur, et les gens se sentaient bien à l'intérieur. Le plus gros pari de ce bâtiment, c'était vraiment d'avoir un confort thermique à l'intérieur et aujourd'hui, on y est.

Après, d'un point de vue général, c'est une satisfaction quasiment unanime. En tout cas, on n'a pas de retour négatif. On est sur un bâtiment qu'on a mis en service, donc forcément, quand on construit un bâtiment et qu'on le met en service, il y a forcément une période de rodage. Il y a, des fois, des petits réglages à faire. Tous ces réglages-là se sont faits ou sont encore en cours. Mais dans l'ensemble, oui, c'est plutôt une réussite.

Le système de tri bagage, par exemple, fonctionne bien. Il y a eu quelques ajustements sur les trois mois après la réception, mais de manière générale, on peut dire que c'est une bonne satisfaction.

Maintenant que la nouvelle aérogare arrivée est opérationnelle, quelle sera la suite pour l’aéroport international Roland-Garros. Je pense par exemple à l’actuelle aérogare, qui gagne en place désormais…

Il faut savoir que nous travaillons sur le schéma directeur d'aménagement de l'ancienne aérogare. Et effectivement, nous souhaitons pouvoir y lancer des travaux dès 2025. Pour ce schéma directeur, l'idée c'est de définir les projets qu'on fait, de les prioriser et tout de suite d'agrandir l'espace d'embarquement pour désengorger cette salle d'embarquement qui aujourd'hui est un peu petite. Ce schéma directeur devrait être finalisé d’ici la fin de l’année, début d’année prochaine. À partir de là, on va décliner un certain nombre de projets et lancer une nouvelle opération.

Votre avenir, j'imagine, vous le voyez à La Réunion et surtout à l'aéroport international qui aujourd'hui, a beaucoup de défis à relever, notamment pour absorber le flux de passagers en croissance…

L'avenir, effectivement, je le vois à La Réunion d’abord pour des raisons personnelles. Et à l'aéroport international de Roland Garros, il y a encore de très belles choses à faire.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes réunionnais ?

Je suis, entre guillemets, parti de rien. Et aujourd'hui, je peux dire que j’ ai eu l’opportunité d’être directeur de projet à l'aéroport international de La Réunion, pour la nouvelle aérogare, et que j'ai eu aussi la chance de participer à un certain nombre de projets prestigieux. Le message que j'aimerais faire passer, c'est de dire aux jeunes de cette île, que ce n'est pas parce qu'on est à La Réunion qu'on ne peut pas y arriver. Au contraire, si on se donne les moyens, si on a de l’ambition, on a le droit de rêver et d'atteindre ses objectifs.