Réunie ce mardi, la conférence des présidents de l’Assemblée nationale n’a pas retenue dans son calendrier parlementaire la PPL de la députée de La Réunion visant à reconnaître et réparer les abus subis par les « Enfants de la Creuse », ces Réunionnais déplacés de force dans l'Hexagone entre 1962 et 1984. Une décision lourde de conséquences sur la santé mentale des personnes concernées.
Le soutien au texte affiché de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, présente lors de la présentation et du dépôt du texte au palais Bourbon, n’aura pas suffi à convaincre la majorité des vice-présidents, présidents de commission et de groupes parlementaires, réunis ce mardi pour voter les textes inscrits à l’agenda parlementaire.
« Il y a un secret autour de ce vote qui fait que je ne peux pas savoir qui a voté en faveur ou qui n'a pas soutenu ce texte », précise la députée GDR, jointe par Outremers360. Déception donc pour la députée qui avait convié plusieurs « enfants de la Creuse », aujourd’hui adultes, à l’Assemblée nationale, pour une cérémonie de dépôt du texte, en présence de la presse. Karine Lebon explore toutefois d’autres pistes permettant à sa proposition de loi d’être examinée, sachant dès le départ le calendrier ténu.
La première serait de faire appel au ministre des Outre-mer, pour l’inscrire en semaine gouvernementale. « Sur le principe, il n'y a pas de problème », avait déclaré Manuel Valls, présent lui aussi lors de la présentation du texte, assurant que « le gouvernement soutiendra avec une très grande détermination » la proposition de loi. « Dès cet après-midi, j'ai rendez-vous avec son conseiller pour lui demander » d’inscrire le texte en semaine gouvernementale, « et faire en sorte que ça passe ».
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L’autre possibilité, indique la députée, est d’inscrire la PPL dans la semaine sur la protection de l’enfance, et « sur l’enfance en général ». « Ce texte-là aurait tout à fait sa place dans cette semaine sur l'enfance » assure la députée, qui a d’ailleurs co-signé sa proposition de loi aux avec la présidente de la délégation parlementaire aux Droits des enfants, la députée MoDem Perrine Goulet. Cette semaine de l’enfance reste toutefois, pour l’heure, un projet.
Karine Lebon peut aussi espérer l’inscrire en semaine transpartisane dédiée aux Outre-mer ou encore, en appeler au président de la République pour que ce dernier l'inscrit en session extraordinaire. « J'ai déjà rencontré le conseiller du président à ce sujet. Je lui ai demandé un rendez-vous avec Emmanuel Macron », a annoncé la députée qui, si la réponse est positive, s’y rendra avec des « enfants de la Creuse », « parce que c’est leur histoire ».
Dernière possibilité : la niche parlementaire du groupe GDR, chaque groupe ayant droit à une journée d’examen de texte. Celle-ci étant déjà actée pour cette année, il faudra pour la députée de La Réunion attendre celle de l’année prochaine pour pousser son texte. Une attente supplémentaire pour ces enfants déracinés, devenus adultes, qui comptaient sur l’appui de Yaël Braun-Pivet pour voir leur histoire débattue, connue voire reconnue par le Parlement.
« J'ai des nouvelles pas très rassurantes d'enfants de la Creuse qui ne vont pas très bien suite à cette décision, et qui sont en grande détresse psychologique » a confié la députée. « Ce n'est pas n'importe quel texte » insiste Karine Lebon qui entend rappeler Manuel Valls à sa parole : « Si on dit qu'on soutient, on soutient et on en va jusqu'au bout ».