Économie : La CPME Réunion lance le volet « Compétences » de sa « vision ACTES »

Économie : La CPME Réunion lance le volet « Compétences » de sa « vision ACTES »

Au début de cette année 2021, la CPME Réunion nous présentait sa vision ACTES. Une série de propositions d’urgence pour soutenir l’Activité économique à La Réunion et visant à accompagner les paroles d’ACTES pragmatiques : Activités – Compétences – Trésorerie – Engagement/ Évaluation & Territoire – Solidarité / Entraide. Après les propositions relatives à la relance de l'activité le mois dernier, et avant les mesures pour soutenir la trésorerie des entreprises, le mois prochain, dans le cadre de la déclinaison mensuelle de cette vision, la CPME Réunion a présenté le 31 mars dernier, le volet Compétences qui vise à répondre à l’ambition : Un actif / Une entreprise / Une solution. Autour de Pascal Plante (vice-président Services), Patricia Paoli (gérante d’un organisme de formation et élue CPME à la CCIR), le Président Éric Leung a décliné sa feuille de route. Les explications de la CPME ci-dessous. 

Pour Éric Leung, le mot « actif » choisi en slogan de cette vision n’est pas anodin car il vise tant la personne relevant de la population active (salarié, personne en formation, demandeur d’emploi ou employé) que le salarié qui contribue à la richesse de nos entreprises et à son actif immatériel. Pour l’organisation syndicale, si la crise a durablement impacté la vie des entreprises, elle a aussi révélé les forces et les faiblesses de nos organisations. Pour son Président, Éric Leung, « sans être catastrophiste, nous entendons les inquiétudes de beaucoup de nos chefs d’entreprise qui nous disent être dans une situation économique de plus en plus tendue malgré les aides. Et se déclarent très inquiets pour l’avenir ».

En réponse à ces inquiétudes, la CPME entend accompagner la préservation et la relance des entreprises en investissant dans les compétences en profitant pleinement de la dynamique du Plan de de relance. Elle réaffirme également son engagement pour une politique d’inclusion ambitieuse à destination des demandeurs d’emploi. 

Repenser le parcours du jeune vers l’entreprise

Son approche, toujours très structurée, s'articule autour des étapes du cheminement de la vie d’un jeune, de l’orientation (maillon essentiel et défaillant à La Réunion) jusqu’à son insertion en entreprise et son épanouissement comme salarié ou chef d’entreprise. Premier sujet d’inquiétude exprimé par l’organisation syndicale : les conséquences de la réforme de la formation professionnelle et la difficile mobilisation des crédits du PRIC.  

L’organisation patronale estime que le Pacte régional d'investissement dans les compétences (PRIC) et le Plan Petrel sont d’excellents outils mais « ils n’ont été que des palliatifs à l’absence de stratégie régionale de formation. Des moyens importants sont affichés mais il n’y a pas de coordination voire même des compétitions entre certaines organisations ». Aussi, Éric Leung, le patron des TPE-PME réunionnaises réclame une ambitieuse politique publique de formation qui soit véritablement au service des entreprises. 

La CPME s’inquiète toutefois de constater une vraie réduction des marges de manœuvre financières des opérateurs de compétences (OPCO) présents à La Réunion et outre-mer. Ceux-ci ne conservent plus les contributions versées par leurs entreprises adhérentes, mais reçoivent des dotations calculées par France compétences en fonction de la taille de leurs entreprises adhérentes et du nombre de salariés couverts. Autre sujet de préoccupation majeure : celui de la formation du chef d’entreprise mais aussi de son conjoint (souvent oublié). La CPME entend y travailler en étroite relation avec l’AGEFICE et annonce mettre en place de nouveaux outils en 2021., dans un souci de plus de proximité et d’efficacité.

Accompagner les entreprises autant que les jeunes dans l’accès à l’emploi

Toujours aussi engagé en faveur de l’inclusion des personnes les plus éloignées de l’emploi, le Président Leung rappelle la réalité du chômage à La Réunion : les moins de 25 ans (20 270 personnes) sont 13 % des effectifs et les plus de 50 ans (47 650 personnes) sont 30 % de l’effectif, hors personnes en formation. On compte plus de la moitié (59,7 %) des demandeurs d’emploi (A, B et C) qui sont inscrits depuis plus d’un an à Pôle Emploi. 

Lire aussi : La Réunion : La CPME Réunion présente des « ACTES  » d’urgence pour soutenir l’activité

Aux yeux du Président des TPE-PME réunionnaises, l’inclusion sociale qu’il prône doit viser, en réponse, à privilégier la formation par la transmission du savoir-être. « A la CPME, nous ne pouvons-nous satisfaire d’un taux de chômage si important notamment chez les jeunes et les personnes porteuses de handicap. Pour ces derniers, nous travaillons activement avec l’AGEFIPH, tant pour améliorer leurs conditions de travail en entreprise, que pour faciliter leur recrutement dans nos entreprises. C’est d’ailleurs une des originalités du contrat Boussole que nous portons avec l’OPCO EP ».

En effet, soutenus par l’État dans le cadre du Plan PETREL, le contrat Boussole (de l’OPCO EP, ex Agefos) et le contrat Gadiamb (porté par AKTO), sont des outils pensés par les organisations professionnelles réunionnaises pour accompagner l’inclusion des personnes éloignées de l'emploi. Mais l’engagement de la CPME ne sera possible, selon Éric Leung, qu’avec une meilleure adéquation entre l’orientation, les formations et les besoins des entreprises. Il faut inscrire les demandeurs d’emploi dans de véritables parcours de formation et éviter les ruptures de parcours et donc réfléchir à une stratégie personnelle globale. La CPME propose de s’inspirer de la stratégie actuellement mise en œuvre par l’AGEFIPH pour un « parcours sans couture ». 

Le syndicat d’entreprises regrette une abondance de dispositifs d’insertion sans stratégie de coordination ce qui les rend inefficaces ou peu utilisés. Pour l’organisation, il est urgent de terminer la cartographie en cours de l’ensemble de ces dispositifs et de procéder à leur rationalisation en changeant de perspective et en plaçant l’employeur (public ou privé) au cœur de la machine. La CPME partage également l’ambition du Gouvernement de privilégier le recours à l'apprentissage. Mais l’organisation rappelle que les branches professionnelles ne sont pas aussi structurées à La Réunion qu’au national. 

Les chefs d’entreprise ne sont pas des chasseurs de primes 

Comme souvent à l’occasion de ses prises de parole, le Président Éric Leung conclut sa présentation en rappelant que « quel que soit l'engagement sociétal d’un chef d’entreprise, il ne peut recruter, augmenter ses salariés, les former que s’il a de l'activité. Nos chefs d'entreprise ne sont pas des chasseurs de primes qui recrutent pour toucher des subventions mais des créateurs de richesses et de valeur ajouté qui recrutent des collaborateurs pour faire grandir leur entreprise », martèle-t-il.

Pour le syndicat professionnel, les politiques publiques actuelles de la formation et de l’inclusion répondent plus à l’urgence sociale (de lutte contre le chômage) qu’au souci de répondre aux besoins des entreprises. « Ce n’est pas en subventionnant le recrutement de personnes éloignées de l’emploi qu’on crée des emplois pérennes. C’est en priorisant l’employabilité des personnes, le Savoir-être et la formation tout au long de la vie ». Éric Leung est même plus péremptoire : « le meilleur moyen de donner du pouvoir d’achat aux Réunionnais est de leur donner un travail avec un salaire décent et de les faire sortir de la précarité des allocations ».