Économie : À La Réunion, les habitudes de paiement se rapprochent de celles de l’Hexagone, d’après une étude de l’IEDOM

Économie : À La Réunion, les habitudes de paiement se rapprochent de celles de l’Hexagone, d’après une étude de l’IEDOM

Une enquête inédite menée par l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer (IEDOM), publiée par la Banque de France le 25 janvier, constate que si les Réunionnais sont plus attachés à la monnaie fiduciaire que les personnes demeurant dans l’Hexagone, elle révèle également que les transactions quotidiennes tendent désormais à converger vers celles existant dans la France hexagonale.

L’IEDOM a effectué une enquête sur l’usage des moyens de paiement en 2022 et 2023 dans quatre départements et régions d’Outre-mer (DROM, excepté Mayotte) et vient de rendre ses premières conclusions pour La Réunion. L’étude s’inscrit dans une enquête de ce type menée au niveau européen, intitulée SPACE (Study on the Payment Attitudes of Consumers in the Euro Area, Étude sur les attitudes de paiement des consommateurs dans la zone euro, ndlr). « Les premiers résultats pour La Réunion montrent une préférence plus forte des Réunionnais pour les espèces. Un quart des personnes interrogées déclare préférer les espèces (billets et pièces) pour régler ses achats en magasin, contre 14 % en France hexagonale en 2022 », note l’IEDOM.

La monnaie fiduciaire est appréciée pour son côté pratique (rapidité et facilité d’utilisation) pour plus de la moitié des Réunionnais l’utilisant. Ces derniers louent également son accessibilité. Selon l’étude, « 87% des personnes interrogées jugent l’accès à un distributeur automatique de billets (DAB) ou à un guichet bancaire facile ou très facile, un niveau de satisfaction très proche de celui relevé au niveau national ou dans l’ensemble des pays de la zone euro (respectivement 92% et 89%). Les DAB constituent la principale source d’approvisionnement en espèces pour les particuliers : 55% des Réunionnais déclarent que leurs espèces proviennent d’un DAB ». 

Particularité du département, les espèces proviennent de sources beaucoup plus diversifiées qu’en France hexagonale, par exemple les retraits aux guichets des agences bancaires (16% des provenances des billets détenus à La Réunion, contre 9% dans l’Hexagone). Elles sont également issues de réserves réalisées à domicile (16% localement contre 3% en France hexagonale). « La thésaurisation, qui consiste à accumuler des espèces chez soi ou dans des coffres, semble ainsi plus prononcée dans l’île », rapporte l’IEDOM.

Mais paradoxalement, « pour les transactions réalisées en magasin pour leurs achats du quotidien, Réunionnais et Hexagonaux ont en fait des habitudes de paiement proches. 52% des paiements réalisés par les Réunionnais pour leurs achats du quotidien en magasin le sont en espèces, soit une proportion désormais semblable (50%) à celle des résidents de l’Hexagone », précise l’étude. Ils sont suivis par les paiements par carte bancaire (43%), les autres moyens de paiement (chèques, virements, titres-restaurants, autres, etc. 3%), et les applications de règlement sur mobiles (2%).

Les Réunionnais s’équipent de plus en plus par carte bancaire, souligne l’IEDOM, ce qui explique la convergence croissante avec l’Hexagone. « On compte désormais 1,03 carte bancaire par habitant en 2022 à La Réunion (après 0,31 carte en 2000), soit un taux d’équipement voisin de celui observé au niveau national (1,15). La crise sanitaire de la Covid-19 a par ailleurs accéléré cette tendance (+100 000 cartes distribuées entre 2019 et 2022) ». Le rapprochement peut aussi se justifier par des profils sociodémographiques qui deviennent similaires. Exemple : « Plus le niveau de diplôme augmente, plus la préférence et l’usage des espèces diminuent. Or le niveau de diplôme des Réunionnais progresse de génération en génération ».

« Les Réunionnais disposent de tous les moyens de paiement d’une économie bancarisée moderne. Les moyens de paiement dématérialisés autres que la carte bancaire, comme les applications mobiles, sont désormais bien identifiés et leur usage devrait s’intensifier dans l’avenir : 10% des sondés souhaitent utiliser leur téléphone comme moyen de paiement dans le futur », relève l’étude. Chez les jeunes, ce taux monte déjà à 14% et selon l’enquête un tiers des personnes interrogées seraient prêtes à utiliser l’euro numérique pour leurs transactions quotidiennes.

PM