Eau à Mayotte : Vers la construction d'une nouvelle usine de potabilisation de l'eau à Tsararano ?

© SMEAM

Eau à Mayotte : Vers la construction d'une nouvelle usine de potabilisation de l'eau à Tsararano ?

Désormais, chacun le sait, la problématique de l’eau est double à Mayotte. Il y a bien sûr d’un côté le stockage, actuellement insuffisant pour tenir jusqu’à la prochaine saison des pluies. Mais de l’autre, cette eau stockée doit être rendue potable en vue d’être consommée. Et c’est là, aussi, que le bât blesse. L’augmentation annuelle de la consommation en eau n’a pas été anticipée, aujourd’hui les usines de potabilisation ne sont plus capables de répondre à la demande. Conscients du problème, les nouveaux élus du SMEAM tentent d’agir et viennent de lancer un marché en vue de travaux relatifs à la construction d'une usine de production d'eau potable à Tsararano. Un article de notre partenaire France Mayotte Matin 
 

Certains appellent cela la poussière sous le tapis. Outre une situation financière catastrophique, la nouvelle équipe élue au SMEAM a découvert que le syndicat n’avait en aucun cas anticipé la suite des événements. À commencer pas les besoins en eau de la population. Des besoins en eau qui ne cessent d’exploser d’année en année et qui donnent aujourd’hui lieu à des coupures d’eau intempestives aux quatre coins de l’île. Car que l’on ne s’y trompe pas, les pluies ont permis de remplir les retenues et le stockage n’est plus à problème à court terme. Il le redeviendra sans doute dans moins de 6 mois mais en attendant c’est bien la production d’eau qui est au coeur du casse-tête pour le Syndicat Mixte d'Eau et d'Assainissement de Mayotte.
L’équation est simple : les usines de potabilisation sont capables de produire 36 000 m3 d’eau potable par jour alors que les foyers en consomment parfois davantage. C’est là qu’interviennent les coupures.

Les réservoirs se vident plus rapidement qu’ils ne peuvent se remplir. Les quartiers les plus en hauteur ont beau laisser leur robinet ouvert, les pompes n’arrivent pas à transporter l’eau au fond des cuves jusqu’aux foyers. À la moindre panne, à la moindre intervention, au moindre travaux sur le réseau, ce sont des quartiers entiers qui se retrouvent coupés. Et ce n’est là qu’un début.

Car construire une usine de potabilisation prend du temps. Beaucoup de temps. Il y a d’abord les études, puis vient de temps du choix du projet, de l’acquisition du foncier, des appels d’offres divisés en de nombreux lots, des travaux, des retards semble-t-il inévitables à Mayotte.
Toutes ces étapes, les élus du SMEAM ne les connaissent que trop bien. Dans ce contexte, la semaine passée un avis d’appel public à la concurrence a été lancé par le syndicat.
Ce marché de conception réalisation vise à confier à un opérateur économique une mission portant à la fois sur l'établissement des études et l'exécution des travaux relatifs à la construction d'une usine de production d'eau potable à Tsararano. Pas question donc de passer par un projet aux lots multiples. L’entreprise retenue possèdera un lien contractuel avec le SMEAM, des études jusqu’à la livraison des clés d’usine. L’appel public à la concurrence est ouvert jusqu'au 16 avril 2021. Le SMEAM disposera ensuite de 120 jours pour choisir l’heureux élu. En parallèle, il s’agira de trouver le foncier qui pour l’heure n’est pas encore acquis. Si les capacités de production de cette future usine restent également à déterminer précisément, l’objectif est déjà bien défini : augmenter la capacité de production et sécuriser l'alimentation de Tsoundzou 2 et du secteur Sud-Est, notamment Dembéni et Bandrélé. Une première pierre à l’édifice donc, même si une usine seule risque de ne pas suffire, au regard des manques actuels mais aussi des besoins futurs qui ne cesseront d’augmenter.

Si le SMEAM compte bien s’appuyer sur le contrat de convergence et de transformation, il parait évident que le chrono tourne. En effet, les fonds de ce plan d’investissement de 1,6 milliard d’euros sont en théorie disponibles jusqu’à la fin du mandat présidentiel. Le compte à re-
bours est lancé...

Pierre Bellusci pour France Mayotte Matin