Cyclone Chido : Les acteurs économique demandent des ajustements sur le plan « Mayotte Debout »

Cyclone Chido : Les acteurs économique demandent des ajustements sur le plan « Mayotte Debout »

Les acteurs économiques de Mayotte saluent le plan « Mayotte Debout » annoncé par le Premier ministre. Cependant, ils pointent des zones d’ombre et demandent des ajustements : exonérations au lieu de suspensions, soutien renforcé pour les entreprises en difficulté et une zone franche réellement adaptée aux besoins locaux. Un sujet de notre partenaire France Mayotte Matin.

Le 31 décembre 2024, les acteurs économiques de Mayotte ont adressé une lettre ouverte au Premier ministre pour réagir aux mesures annoncées dans le cadre du plan « Mayotte Debout », visant à relancer une économie gravement fragilisée. Tout en saluant les efforts du gouvernement, ils soulèvent des interrogations et formulent des propositions pour ajuster le dispositif.

L’une des mesures phares, la suspension des cotisations sociales jusqu’au 31 mars 2025, est jugée insuffisante. Les représentants du monde économique appellent à une exonération totale des charges, afin d’éviter une régularisation ultérieure qui pourrait étouffer les entreprises encore fragiles. Ils demandent également le report des cotisations des travailleurs non-salariés (TNS) au 1er janvier 2026.

Concernant les aides financières d’urgence, prévues pour compenser 20% des pertes de chiffre d’affaires avec un plafond de 20 000 euros, les professionnels estiment cette prise en charge trop faible. Ils plaident pour un fonds non plafonné et prenant en charge au moins 50 % des pertes pour les entreprises les plus vulnérables. Le dispositif exceptionnel d’activité partielle, visant à préserver les emplois en accélérant le traitement des dossiers sous 72 heures, est bien accueilli. Cependant, les acteurs économiques insistent sur la nécessité de garantir une prise en charge à 100%, intégrée dans la loi d’urgence.

La mise en place d’un prêt catastrophe naturelle (CatNat) et d’un fonds d’épargne dédié à Mayotte est perçue comme un « souffle essentiel » pour refinancer les prêts garantis par l’État (PGE) non amortis. Ils demandent toutefois que la période d’amortissement soit étendue à 10 ans avec un différé d’un an, et que l’État garantisse et préfinance les fonds européens destinés à la reconstruction.

Enfin, la création d’une zone franche globale pour une durée de cinq ans est une avancée majeure. Cette zone, exemptant les entreprises des cotisations sociales et des impositions fiscales, est considérée comme un outil crucial pour relancer l’économie locale et encourager la transition de l’économie souterraine vers une économie déclarée. Les signataires souhaitent toutefois l’intégration d’un crédit d’impôt sur investissement, similaire à celui appliqué en Corse, pour inciter davantage les entreprises à investir dans des infrastructures modernes. 

Ces propositions, portées par des représentants de la Chambre de Commerce et d’Industrie, de la CAPEB, de la CPME, et d’autres organisations professionnelles, reflètent la volonté des acteurs économiques de co-construire un plan réellement ambitieux. « Nous avons traversé bien des crises à Mayotte. Vous pouvez compter sur notre mobilisation forte et réaliste », conclut la lettre. Pour que « Mayotte Debout » devienne un levier véritablement efficace, il est crucial que ces ajustements soient pris en compte, afin de répondre aux défis historiques auxquels l’île est confrontée. 

Anne-Constance Onghéna pour France Mayotte Matin