A l’occasion de la présentation de ce jour sur la Stratégie nationale biodiversité 2021-2030 au Congrès mondial de la nature de l’UICN, Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer et Bérangère Abba, secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, ont annoncé un nouveau plan national d’action (PNA) destiné à prévenir le déclin des dugongs, les dernières « sirènes mahoraises ». L’État décide ainsi de poursuivre les efforts en faveur de la conservation du dugong, à travers un second PNA pour les années 2021-25, assure un communiqué du Ministère des Outre-mer.
Présent dans les eaux tropicales et subtropicales de l’Indopacifique, des côtes est-africaines au Vanuatu en passant par la Nouvelle-Calédonie, le dugong (« Dugong dugon ») est un mammifère marin herbivore, appartenant à l’ordre des Siréniens, qui vit exclusivement dans les eaux marines. Ses caractéristiques biologiques, son faible taux de croissance et de reproduction, et son régime alimentaire (dépendant des habitats côtiers, notamment d’herbiers de phanérogames marins) le rendent particulièrement vulnérable aux impacts anthropiques.
Le dugong est aujourd’hui classé vulnérable par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Il est inscrit à l’annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Le dugong est également intégralement protégé en France par l’arrêté du 1er juillet 2011 fixant la liste des mammifères marins protégés sur le territoire national et des modalités de leur protection.
A Mayotte, la population de dugongs, qui a été relativement abondante par le passé mais victime de pêche excessive, ne dépasserait pas aujourd’hui la dizaine d’individus. Cette situation rend urgente l’adoption d’une stratégie de conservation de la population de dugongs à l’échelle du territoire. L’évaluation du premier plan mis en œuvre de 2012 à 2017 indique qu’en dépit des mesures adoptées, l’état de conservation global du dugong reste défavorable et que l’effort de conservation doit être poursuivi.
L’enjeu principal du plan 2021-2025 est de prévenir le déclin de la population locale du dugong à Mayotte via la lutte contre les menaces directes pesant sur l’espèce et rétablir à long terme un état de conservation favorable. L’arrêt des captures lors des activités de pêche, intentionnelles ou accidentelles, constitue une priorité absolue. Un effort particulier portera sur les connaissances sur l’écologie locale de l’espèce.
Le plan se décline en deux composantes. D’une part, il s’agira d’« acquérir des connaissances sur l'espèce et son habitat » : inventaire des herbiers profonds, centralisation des données sur la localisation de l'espèce et l'abondance des individus, analyse d'échantillons biologiques prélevés sur individus échoués, et mise en réseau des acteurs et partage de données régionales sur l'espèce. La seconde partie du plan visera à « mieux protéger l'espèce et sensibiliser la population » : réunions d'information auprès des pêcheurs, renforcement des contrôles, et élaboration d'une procédure de sauvetage du dugong, sur l’exemple de la procédure existante pour les tortues marines.
« Au-delà de la protection du dugong, le plan d’action adopté ce jour contribuera à préserver le patrimoine écologique exceptionnel des eaux mahoraises. Nous devons maîtriser les pressions qui s’exercent sur ces milieux fragiles pourtant essentiels aux populations de Mayotte » a déclaré Bérangère Abba, secrétaire d’État chargée de la Biodiversité.
« Espèce moins connue que les tortues marines, le dugong est emblématique de la biodiversité mahoraise et sa sauvegarde devient urgente. Je me félicite de ce plan qui permettra notamment une meilleure sensibilisation des pêcheurs villageois aux enjeux de conservation de cette espèce, et une meilleure connaissance de son habitat, les herbiers profonds, qui jouent un rôle clé dans l'écosystème mais aussi la séquestration du carbone », indique Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer.