En déplacement à Paris lundi et mardi, la maire de Saint-Denis de La Réunion a alerté le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet, ainsi que le conseiller du Premier ministre, Michel Cadot, sur les mairies d’Outre-mer « qui vont être ponctionnées d'une partie de leur budget pour pouvoir venir combler le budget de l'État ».
Un sujet « essentiel » pour la maire de la capitale des Outre-mer, inquiète que le budget 2025 impact durement les mairies ultramarines, et singulièrement douze communes et les cinq intercommunalités de La Réunion. « Dans les 5 milliards qui vont être extraits des territoires de France, il va y avoir une partie qui va être retirées des budgets des communes des Outre-mer » alerte ainsi Ericka Bareigts qui rappelle « que jusqu'à présent, le gouvernement avait dit que les Outre-mer étaient exclus, notamment les régions et les départements, mais on a découvert que les communes n'étaient pas exclus ».
« Injuste » pour la maire PS de Saint-Denis qui énumère les nombreux défis sociétaux qui s’imposent aux communes ultramarines, le chômage des jeunes et la pauvreté en premier lieu. « Ce sont les communes qui portent les politiques sociales dans les CCAS, ce sont les communes qui investissent dans les associations, dans le monde culturel, sportif, les clubs de sport dans les quartiers, dans la politique de la ville », énumère la maire de Saint-Denis.
« Si on retire injustement plus de 50 millions dans les budgets des communes d'outre-mer pour payer la dette de l'État, (…) il y aura des conséquences énormes sur les territoires, parce que les communes vont moins investir, feront moins de gymnases, moins de d'actions avec les associations, feront moins d'animations socioculturelles (…). Il y aura moins d'actions et de services publics », poursuit Ericka Bareigts qui insiste : « Ça n'est pas le moment de venir enlever de façon aussi injuste du budget pour les territoires ultramarins qui doivent faire face à des politiques publiques qui sont lourdes pour les communes ».
Selon l’édile, « l’écoute a été bonne ». Elle assure par ailleurs que cette mise à contribution avait échappé aux équipes du Premier ministre : Michel Cadot « n'avait pas vu qu'il y avait cette mesure injuste pour les communes d'outre-mer ». Quant à François-Noël Buffet, le ministre « s’est montré conscient de la situation et engagé à défendre ces dossiers auprès du Premier ministre ». Le gouvernement « a noté la situation exceptionnelle des communes d'Outre-mer et l'engagement exceptionnel de ces communes face aux enjeux socio-économiques des territoires. Il s'est engagé à travailler là-dessus. J'espère qu'on aura des résultats lors du passage de la loi de finances ».
« La dette de la Nation n'est pas du fait des communes, c'est du fait de choix qui ont été faits par un président de la République et des gouvernements, pas par des communes » ajoute Ericka Bareigts. « Aujourd'hui, on demande aux communes de contribuer un déficit qui a été creusé par des décisions qui ne sont pas les leurs. C'est particulièrement injuste. Et quand c'est injuste, il faut se battre contre ». Un combat qui s’engage bien évidemment au Parlement, où le député PS de La Réunion, Philippe Naillet, présentera des amendements pour remédier à cette mise à contribution des communes ultramarines.
Autre sujet budgétaire et autres inquiétudes : les agences régionales de la biodiversité. « Parmi les coupes budgétaires violentes qui sont proposées dans le cadre du projet de loi de finances, il y a tout un volet autour de la diminution des fonds qui étaient affectés à la protection de la biodiversité et au développement durable » explique Ericka Bareigts qui, face à ces « coupes budgétaires » s’interroge : « comment les régions vont se mobiliser pour protéger l'avenir de la vie humaine sur les territoires ? ».
« On a décidé de monter un collectif des présidents et présidente des Agences régionales de la biodiversité et nous allons, dans une quinzaine de jours, interpeller la ministre en charge du développement durable, puisque la biodiversité a disparu dans la dénomination ministérielle, et être proactif auprès aussi des parlementaires », assure la maire de Saint-Denis, qui rappelle l’importance de la biodiversité en Outre-mer, de leur endémisme (28% à La Réunion) ou encore l’enjeu de l’eau.