Biodiversité : Un protocole optimisé pour faire le suivi du crabier blanc de Mayotte

© Nicolas Bazin

Biodiversité : Un protocole optimisé pour faire le suivi du crabier blanc de Mayotte

Gepomay continue de surveiller et protéger les différentes espèces d’oiseaux menacées à Mayotte. Parmi celles-ci, le crabier blanc, un animal menacé d’extinction. Cette année, l’association améliore les protocoles de recensement de sa population afin d’améliorer toujours sa protection. Détails avec notre partenaire France Mayotte Matin.



Cela fait déjà depuis 2015 que Gepomay suit de près les populations du crabier blanc, ce petit héron ne vivant que sur 4 îles du globe, et dont Mayotte abrite 40% de la population. Des colonies installées dans des zones peu accessibles par l’homme que l’association de protection s’emploie à détecter via des vols en ULM ou par drones, afin de suivre les effectifs de population. Mais la détection de ces oiseaux passe par un certain nombre de questionnements, comme les heures où les individus sont présents sur le nid, si ces nids appartiennent bien à des crabiers blancs et non des hérons garde-bœufs, si le comptage des nids est exhaustif, comment prendre en compte les biais liés à la détection, etc...

Autant de préoccupations qui ont conduit le Gepomay à améliorer ses méthodes de suivi de l’espèce dans le but d’obtenir un indicateur toujours plus fiable. Une nouvelle étude a donc été menée pour optimiser la détection, de procéder au suivi aux bonnes heures, de faire le bon nombre de détection dans la saison pour une probabilité maximale des individus. Ainsi, le premier repérage se fait en ULM avec Les Ailes de Mayotte, où il s’agit d’identifier les nids. Puis, c’est au drone avec leur partenaire Drone Go que les équipes de Gepomay procèdent au recensement. Un suivi qui se fait uniquement pendant la saison de reproduction laquelle commence au mois de septembre. 

Ainsi, cinq colonies de crabiers blancs ont pu être repérées cette année durant le pic de reproduction de l‘espèce. Par la suite d’autres survols vont permettre de détecter les juvéniles, avec un drone désormais situé 15 mètres au-dessus du nid, contre 10 mètres les années précédentes. Une modification qui a le double avantage d’éviter le dérangement des oiseaux, ainsi que de diminuer le nombre de photographies aériennes à traiter. Un suivi effectué par Gepomay avec l’accompagnement du Centre d’Écologie Fonctionnel et Evolutif (CEFE) de Montpellier, lequel a procédé à une analyse par Capture-Marquage - Recapture (CMR) sur les nids des Crabiers blancs, une façon de photographier les nids régulièrement pour les pointer, les marquer et les compter par photomontage.

La protection des crabiers blancs continue donc, et s’avère plus indispensable que jamais pour la biodiversité, et cela prend d’autant plus d’ampleur lorsque l’on sait que le volatile est classé comme en danger critique d’extinction.

Un plan national d’action pour financer le suivi des crabiers

S’il est une chose que l’on ne peut remettre en question, c’est le caractère coûteux des dispositifs de suivi des crabiers blancs : des vols réguliers en ULM, le travail d’un prestataire pour les vols de drone répétés... D’où viennent ces fonds ? Le Gepomay travaille avec la DEAL depuis 2013 sur la protection du crabier. Ainsi en 2018, un plan national d’action a été monté avec la DEAL en faveur du crabier blanc, et débuté en 2019. Dans le cadre de ce plan, un financement européen a pu être obtenu avec le LifeBiodivom, un projet qui contribue à la protection de 5 espèces animales mondialement menacées, au sein de 5 territoires d’outre-mer, à l’instar de La Réunion, Saint-Martin, la Martinique et la Guyane. Un vaste financement de plusieurs millions sur 5 ans, de 2018 à 2023, également accompagné par des fonds du conseil départemental de Mayotte, ainsi que des fonds de l’Office Français de Biodiversité. Des subventions qui permettent à Gepomay de continuer le suivi et la protection de cette espèce aussi majestueuse que menacée...

 

Par Mathieu Janvier pour France Mayotte Matin