« We could be Heroes », ou quand l’artiste d’origine guadeloupéenne Raphaël Barontini « panthéonise » certaines figures résistantes, mais oubliées de la lutte contre l’esclavage

© Panthéon

« We could be Heroes », ou quand l’artiste d’origine guadeloupéenne Raphaël Barontini « panthéonise » certaines figures résistantes, mais oubliées de la lutte contre l’esclavage

Dans le cadre du programme « un artiste/ un monument » initié par le Centre des monuments nationaux, l’artiste–plasticien d’origine guadeloupéenne investit pendant plusieurs mois le Panthéon, l’antre de la mémoire républicaine, pour y présenter son exposition intitulée « We could be Heroes », en forme d’hommage rendu à des personnages historiques occultés, figures de la résistance et du combat contre l’esclavage.

 

Artiste - plasticien ayant grandi en Seine-Saint-Denis, dans la banlieue parisienne dans une famille guadeloupéenne et italienne très engagée, Raphaël Barontini se définit comme un artiste qui revisite l’histoire de l’art occidental en croisant les cultures et en mettant toujours l’humain au centre de son travail.

Jeune prodige de la scène de l’art contemporain qui ne cesse à travers ses œuvres de remettre en question les canons les canons de l’histoire autour des cultures et des territoires qui ont connu l’esclavage ou la colonisation, Raphaël Barontini a reçu « carte blanche » de la part du Centre des Monuments nationaux (CMN) dans le cadre du programme « un artiste/un monument » et en profite pour évoquer l’histoire et la mémoire des combats contre l’esclavage.

JalilOurguédi © REDIM

Une exposition pour « créoliser les imaginaires »

Cet artiste pétri d’histoire de l’art et de créolité a donc investi le Panthéon, cet antre de la mémoire républicaine qui honore plusieurs personnalités ayant œuvré en faveur de l’abolition de l’esclavage comme Condorcet, l’Abbé Grégoire, Toussaint Louverture, Louis Delgrès, Victor Schœlcher, Félix Eboué, Aimé Césaire ou encore Joséphine Baker, un lieu à la dimension de son immense talent pour mettre en scène son « panthéon imaginaire » et élaborer une contre histoire à travers les représentations des héros et des héroïnes réels ou imaginaires oubliés.

© Grégory Boussac

Une exposition qu’il a baptisée « We could be Heroes » qui prend la forme d’une installation monumentale composée de drapeaux, de bannières et d’œuvres textiles où de chaque côté de la nef on peut admirer des portraits stylisés de figures historiques du combat pour l’émancipation et l’abolition de l’esclavage à l’instar de Anchaing & Héva de La Réunion, Sanité Bélair et Dutty Boukman d’Haïti ou encore de Louis Delgrès (Guadeloupe, Martinique).

Ces œuvres qui mêlent peinture sur toile et sérigraphie et alliant questionnements artistiques, historiques et sociétaux, sont autant d’occasion pour Raphaël Barontini de « créoliser les imaginaires », selon sa propre expression.

Une ode à la mémoire des héros caribéens méconnus ou occultés

Pour sublimer cette installation et accompagner cette exposition, une performance sera proposée le 22 octobre 2023 et prendra la forme d’abord d’une pièce sonore originale composée par le rappeur américain, Mike Ladd, suivie d’une procession collective de Mas Choukaj’, un groupe carnavalesque antillais basé en Seine-Saint-Denis. Façon d’honorer en musique et de manière festive les figures héroïques présentes sur les bannières.

Une exposition d’un artiste de grand talent qui, à l’instar du titre emprunté à la chanson de David Bowie, retentit comme une ode à la mémoire de ces héros caribéens méconnus ou oubliés. Cette exposition « We could be Heroes » commencée le 19 octobre se poursuivra jusqu’au 11 février 2024.

Par ailleurs, le Panthéon accueillera à partir du 9 novembre 2023 une autre exposition historique et pédagogique à l’initiative du Centre des monuments nationaux et de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage dans le cadre de l’opération « Oser la liberté : Figures des combats contre l’esclavage ». L’exposition retracera la généalogie universelle d’un combat qui traverse les époques et les continents : celui de la liberté contre l’esclavage. Il montrera par ailleurs « comment le système colonial esclavagiste a toujours suscité des oppositions et combien le souffle des figures héroïques qui ont porté ces résistances continue d’inspirer les combats d’aujourd’hui », assure la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage. Une exposition sur laquelle nous allons revenir plus en détail prochainement.

 

© FME

E.B.   

Exposition « We Could be Heroes »

De Raphaël Barontini

Jusqu’au 11 février 2024

« Oser la liberté : Figures des combats contre l’esclavage »

A partir du 9 novembre 2024

Au Panthéon

Place du Panthéon

75005 Paris

Renseignements : https :/www.paris-pantheon.fr