Une trentaine de représentants des DROM au CIRAD à Montpellier pour réfléchir au futur des agricultures ultramarines

© ©C. Cornu/CIRAD

Une trentaine de représentants des DROM au CIRAD à Montpellier pour réfléchir au futur des agricultures ultramarines

Les 27 et 28 novembre, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) de Montpellier a réuni une trentaine de représentants des départements et régions d’Outre-mer (DROM : Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte et La Réunion), de l’État et d’institutions partenaires. Objectifs : valoriser l’expertise de ces territoires ultramarins, faire un point sur les partenariats et élaborer des projets de recherche qui seront présentés au Salon international de l’agriculture 2024.

 

La feuille de route des DROM et de leurs partenaires comporte six projets : 1. Viser la souveraineté alimentaire d’ici 2030. L’enjeu est de taille. « Alors que les territoires d’Outre-mer dépendent encore des importations d’aliments, que la crise de l’eau touche certains départements, quelle souveraineté envisager pour les territoires ultramarins et nourrir ses 2,2 millions habitants ? L’autosuffisance est-elle atteignable sur ces territoires soumis à de fortes contraintes, très dépendants des intrants agricoles ? », interroge le CIRAD. Cet organisme avait en 2022 identifié 23 leviers pour améliorer l’autosuffisance alimentaire des DROM qui restent à l’ordre du jour, dont l’augmentation de la surface agricole utile, l’amélioration de l’attractivité de l’agriculture, et le développement des industries agroalimentaires sur la base de produits locaux, entre autres.

2. Protéger et valoriser une biodiversité exceptionnelle. « L’Outre-mer abrite 80% de la biodiversité française, dont quatre espèces endémiques sur cinq des territoires français. La forêt amazonienne, par exemple, recouvre 96% du territoire guyanais », rappelle le CIRAD, dont les recherches visent à lutter par exemple contre les espèces exotiques envahissantes ou accompagner l’Office national des forêts dans la gestion des forêts naturelles et les plantations de bois d’œuvre en Guyane. « Il contribue aussi à inventorier la diversité biologique et à conserver la biodiversité cultivée à travers de nombreuses collections de plantes comestibles regroupées au sein de Centres de ressources biologiques. Ces collections permettent de retrouver des variétés utilisées par le passé ou d'en créer de nouvelles, résistantes ou tolérantes à certaines maladies. »

3. Les Outre-mer, berceau de l’agro-écologie ? Cette dernière est le temple de la biodiversité et se conjugue avec l’agroforesterie, associant des arbres aux cultures. Une transition écologique qui se traduit par une forte baisse de l’usage des pesticides. Exemples : « En Guyane et à La Réunion, on cultive le cacaoyer sous des arbres, comme dans son lieu d’origine, et en Guadeloupe, les bananiers sont associés depuis peu à des fruitiers comme les agrumes. Les planteurs ont aussi expérimenté, avec les chercheurs, l’introduction de moutons pour contrôler l’enherbement des bananeraies dans le cadre du projet Territoires durables (voir vidéo ci-dessous), qui vient de s’achever », précise le CIRAD.

4. Une seule santé : des réseaux pionniers. Ces projets font partie d’une démarche globale regroupant la santé des écosystèmes, des plantes, des animaux et des humains. Dans ce cadre, le Cirad a cofondé les réseaux CaribVET et One Health océan Indien qui vont continuer à travailler. Rassemblant vétérinaires, chercheurs et autres acteurs de la santé, ils préviennent l’entrée de maladies animales sur des territoires insulaires et les contrôlent. « Des approches qui prennent aujourd’hui tout leur sens avec l’émergence de zoonoses partout dans le monde, la généralisation de l’antibiorésistance et de maladies transmises par des vecteurs comme les moustiques ou les tiques. Dans les territoires insulaires de l’océan Indien et des Caraïbes, la gestion de ces maladies s’est organisée depuis de nombreuses années, avec les premières crises sanitaires : en santé animale ou en santé humaine avec la dengue, le chikungunya ou le zika, ou encore en santé végétale avec le citrus greening (HLB), les mouches des fruits ou encore la menace de la fusariose », rapporte le CIRAD.

5. Changement climatique : capter le carbone dans les sols. L’agriculture, les prairies et les forêts sont des leviers importants de captation de carbone pour lutter contre le réchauffement. Mise en place cette année en partenariat avec l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) et l’Institut de recherche pour le développement (IRD), l’étude « 4 pour 1000 » Outre-mer, coordonnée par le CIRAD, dresse un bilan inédit des stocks de carbone du sol des territoires ultramarins et ambitionne de réaliser des actions concrètes pour augmenter les quantités de carbone qui y sont stockées. « Les auteurs formulent des recommandations opérationnelles et de recherche pour préserver ces stocks élevés et répondre aux grands enjeux de l’agriculture face au changement climatique au niveau national et territorial », souligne le CIRAD. 

6. Les RITA : un réseau au service de l'innovation agricole. C’est un outil d’échange entre les différents territoires d’Outre-mer. « Depuis plus de 10 ans, les réseaux d’innovation et de transfert agricole (RITA) créés à l’initiative du ministère de l’Agriculture, des Collectivités territoriales, du Cirad et de l’Acta (association regroupant les instituts techniques agricoles de France, ndlr) ont réussi à impulser une dynamique de collaborations interinstitutionnelle au service du monde agricole et de la transition agro-écologique. Dans huit territoires ultramarins, ils impliquent 150 structures autour d’une vingtaine de thématiques », indique le CIRAD. Les RITA vont associer désormais les chambres d’agriculture avec pour but de faciliter l'appropriation des innovations agricoles (réduction de la dépendance aux intrants, logique d'économie circulaire…) par les producteurs d’Outre-mer.

 

PM