A l’occasion du Congrès des maires de France qui se tient du 22 au 24 novembre à Paris, Michèle Chay et Sarah Mouhoussoune, conseillères du CESE et rapporteures d’un avis sur La gestion de l’eau et de l’assainissement dans les Outre-mer, lancent un appel en faveur d’un investissement massif dans les réseaux et services de l’eau en Outre-mer.
Les difficultés d’accès à l’eau potable touchent tous nos Outre-mer, avec des particularités et des intensités différentes. Elles sont le fait d’incessantes coupures d’eau à Mayotte et en Guadeloupe, d’une mauvaise qualité de l’eau distribuée dans certaines communes, d’inégalités d’accès pour les personnes vivant dans des habitats précaires, ou d’un prix jusqu’à deux fois supérieur à la moyenne nationale comme en Guadeloupe. L’insuffisance de traitement des eaux usées dégrade nos côtes et nos lagons ce qui entrave le développement touristique de nos îles.
Nous sommes aussi tous concernés par le changement climatique qui a déjà des conséquences directes sur la ressource en eau et risque d’accentuer les sécheresses et pénuries dans les années à venir. Le sujet est donc essentiel à la fois pour le bien-être et la santé de la population, la résilience de nos territoires, mais aussi pour la préservation de la biodiversité et des ressources à long terme. Rappelons que l’accès à l’eau pour tous est un droit fondamental reconnu par les Nations Unies en 2010.
L’accès à l’eau n’est pourtant pas aujourd’hui un problème d’ordre budgétaire. Des moyens financiers sont disponibles à travers les différents plans. Or les crédits du Plan Eau-DOM ne sont pas suffisamment mobilisés. C’est à notre sens avant tout une question de mobilisation des acteurs locaux, et en particulier des maires et des élus intercommunaux, mais aussi d’aide et d’accompagnement des services de l’Etat, pour porter les projets. Des investissements très importants sont nécessaires pour construire des réseaux et des stations d’épuration là où ils n’existent pas encore ; rénover les canalisations vieillissantes ou les reconstruire après la tempête Fiona ; et engager les aménagements nécessaires pour prévenir les effets du changement climatique, avec la construction d’une troisième retenue collinaire à Mayotte. Ces efforts doivent être engagés rapidement car ils prennent du temps à se concrétiser. Mais ils sont porteurs d’opportunités pour les entreprises locales, d’innovation, et créateurs d’emplois.
Nous proposons aussi aux maires de systématiser le tarif social de l’eau permis par la loi Brottes du 15 mars 2013, qui permet sur la base d’un forfait de 400 litres d’eau par jour, sous condition de ressources, l’accès du plus grand nombre à une eau potable de qualité. Dans le contexte de forte inflation que nous connaissons, il nous paraît nécessaire de plafonner les tarifs de l’eau et de l’exonérer de la taxe d’octroi de mer qui pénalise les usagers les plus modestes. Nous appelons à la distribution en urgence de « chèques eau » par les services sociaux, ainsi qu’à la mensualisation des prélèvements afin de prévenir les situations d’impayés et à un moratoire des saisies sur comptes bancaires.
Nos concitoyens manifestent une très forte attente qui doit être entendue. Une action volontariste des maires qui sont ceux qui connaissent le mieux les besoins locaux et les moyens d’y répondre, doit être encouragée et soutenue par l’Etat et l’Union européenne. C’est l’appel aux maires ultramarins que lance le CESE !
Michèle Chay, conseillère du groupe de la CGT au CESE, et Sarah Mouhoussoune, conseillère du groupe des Outre-mer et représentante de Mayotte au CESE et rapporteures d’un avis sur « La gestion de l’eau et de l’assainissement dans les Outre-mer ».