L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a mis en ligne le 14 juin son rapport sur « La pédiatrie et l’organisation des soins de santé de l’enfant en France ». La publication de ce document fait suite à une mission d’évaluation demandée par le ministre des solidarités et de la santé Olivier Véran en septembre 2020. En dépit des dispositifs de suivi et de prévention existants, de nombreuses inégalités sociales et territoriales restent sensibles dans le domaine de la santé de l’enfance. Exemples, la mortalité infantile est deux à trois plus élevée dans les Outre-mer que dans l’Hexagone, et un enfant d’ouvrier a six fois plus de chances d’être obèse qu’un enfant de cadre.
L’état de santé des enfants diffère sensiblement selon les régions. À cet égard, les indicateurs ainsi que les déterminants de santé des enfants sont plus défavorables en Outre-mer que dans l’Hexagone, où la mortalité infantile y est deux à trois fois plus élevée. Elle varie sensiblement selon les départements : 5,7 pour 1000 enfants en Martinique ; 6,7 à la Réunion ; 8 pour 1000 en Guyane ; 8,2 en Guadeloupe et 10,1 pour 1000 à Mayotte (contre 3,5 en moyenne en France hexagonale). « A l’inverse, la mortalité infantile varie relativement peu entre les régions métropolitaines », note l’Igas.
L’organisme relève que le taux de mortalité périnatale « varie aussi selon les départements d’Outre-mer et s’établit, pour la période 2012-2014 à 19,1 en Guyane ; 13,7 à La Réunion ; Guadeloupe 17,9 ; Martinique 18,6 ; Mayotte 18,1 ».
Surpoids et santé bucco-dentaire
Par ailleurs, d’autres éléments sont à prendre en considération.
La prévalence du surpoids et de l’obésité est plus importante chez les enfants d’Outre-mer, quel que soit leur âge, que la moyenne française. (En grande section de maternelle, 12,7% des enfants ultramarins souffraient de surpoids (contre 11,9 en moyenne dans l’Hexagone) et 4,8% d’obésité (contre 3,5 en France hexagonale). En CM2 : 22,4% de surpoids en 2014-2015 contre 18,1% en moyenne, obésité 5,5 contre 3,6 (source : « L’état de santé de la population en France - Rapport 2017 », Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques [DREES], Santé Publique France).
La santé bucco-dentaire des enfants est moins bonne en Outre-mer : « les enfants scolarisés dans les DOM ont deux fois plus souvent des dents cariées non traitées qu’en métropole », souligne le rapport. La santé des enfants est particulièrement dégradée à Mayotte, où des situations de carence nutritionnelle ont été observées : la malnutrition y frapperait 10% des enfants de 4 à 10 ans.
Ce qui peut interpeller par rapport à ces chiffres, c’est que la densité de pédiatres dans les départements d’Outre-mer est comparable à celle de l’Hexagone et même supérieure dans certains cas, comme à La Réunion (Paris, Les Hauts-de Seine, le Val de Marne, le Rhône, La Réunion, les Bouches du Rhône, l’Indre-et-Loire, la Meurthe-et-Moselle, l’Hérault et les Alpes Maritimes figurent parmi les 10 départements aux densités les plus élevées en 2020, précise l’Igas). La Guyane, qui a rattrapé un retard important depuis 2012, a quant à elle une faible densité non pas de pédiatres, mais de chirurgiens-pédiatres (voir plus bas). Dans son rapport, l’Igas n’avance pas d’explications sur ce paradoxe.
Densité et effectifs des pédiatres hospitaliers et libéraux en activité dans les départements d’Outre-mer, en 2012 et 2020
©DREES
Les densités sont exprimées pour 100 000 habitants. Les cases en rouge correspondent aux départements peu denses (dont la densité est inférieure à la moyenne), tandis que les cases vertes correspondent aux départements denses (densité supérieure à la moyenne).
Les effectifs de chirurgiens-pédiatres selon les régions
Ces effectifs évoluent de manière contrastée. La Guyane, la Bourgogne Franche Comté, le Centre Val de Loire, les Pays de la Loire et l’Occitanie sont les régions avec les densités de chirurgiens-pédiatres les plus faibles en 2020. À l’inverse, La Réunion, la Martinique, Provence-Alpes Côte d’Azur, Auvergne Rhône-Alpes sont les régions les plus dotées en chirurgiens-pédiatres. Les croissances d’effectifs les plus dynamiques sont observées en Corse, à La Réunion, en Nouvelle-Aquitaine et en Auvergne-Rhône-Alpes.
Les préconisations du rapport (résumé)
- Développer l’exercice des infirmières puéricultrices en ville, en particulier en matière de prévention ;
- Repositionner les rôles respectifs des médecins généralistes et des pédiatres de ville, en renforçant le rôle de recours et d’expertise des pédiatres et en reconnaissant le rôle des médecins généralistes parallèlement au renforcement de leur formation dans ce domaine ;
- Recentrer la pédiatrie hospitalière et la chirurgie pédiatrique sur un rôle de recours et améliorer l’attractivité des professions médicales et paramédicales de l’enfant à l’hôpital ;
- Généraliser les coopérations territoriales pour organiser des parcours de soins pédiatriques et garantir ainsi le suivi de l’ensemble des enfants.
A lire : l’intégralité du rapport de l’Igas
PM