REF2022 : Les entreprises d'Outre-mer face aux défis et opportunités de la transition écologique

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REF2022 : Les entreprises d'Outre-mer face aux défis et opportunités de la transition écologique

A l'occasion de la première journée des rencontres des entreprises de France ce lundi 29 août à l'Hippodrome de Longchamp, le comité des Outre-mer du Medef en partenariat avec la Fedom, a organisé une première table ronde autour de la transition écologique dans les Outre-mer. Les adhérents ultramarins ont échangé sur les enjeux liés à cette problématique. 



Face au dérèglement climatique et à la flambée des prix de l’énergie, la Première ministre Elisabeth Borne a appelé « à la sobriété énergétique » tout en soulignant que les entreprises doivent prendre leur part dans le défi de la transition écologique. « La transition écologique sera la condition sine qua non de la compétitivité des entreprises demain. Mener à bien la transition écologique est donc dans l’intérêt des entreprises.  La transition écologique doit désormais être un critère central de chaque décision d’investissement, privé comme public» a souligné la Première ministre devant un parterre de chefs d'entreprises lors de la rentrée du Medef.

La thématique de la transition écologique a été aussi au coeur des échanges entre les représentants des entreprises d'Outre-mer qui ont répondu à l'invitation du Comité des Outre-mer du Medef en partenariat avec la FEDOM.« Cette première conférence est l’occasion pour le Mouvement Des Entreprises de France, et son Comité des Outre-Mer, de partager une ambition collective auprès des membres du Gouvernement, des partenaires publics/privés, des investisseurs potentiels et des chefs d’entreprises, de repositionner les Outre-mer au rang de pôles de croissances durables et les transitions écologique et énergétique» a précisé Thara Govindin,  co-présidente de ce Comité des Outre-mer du Medef.

Si les territoires ultramarins disposent d'atouts naturels pouvant la transition écologique, Yannick Berezaie, Directeur Général d’Isodom (Cabinet expert en transformation digitale et transition environnementale) et Président de la commission RSE du Medef Réunion a rappelé qu'à la différence du territoire hexagonal, la question de l'autonomie énergétique se pose différemment en Outre-mer en raison de leur statut de zones non interconnectées (ZNI). « Nos territoires ont dû s'inventer en matière de production d'énergie»,a-t-il souligné. Il a précisé que ce défi de transition écologique est une volonté forte de La Réunion qui s'est engagée dès 2008 sur la problématique de l'autonomie d'énergie. Désormais, le territoire mise sur l'ambition de produire une energie plus verte. « Plusieurs initiatives émergent sur le territoire pour répondre à cette ambition comme le projet de la Région Réunion de favoriser l'énergie solaire ou des entreprises qui travaillent sur la production de biocarburants».

La Martinique, par le biais d'Ozanam (filiale d'Action Logement) a pris aussi le tournant de la transition écologique notamment dans le secteur du logement social.  À la Martinique, la transition écologique  rime avec une amélioration du pouvoir d'achat et faire des économies de la consommation de l'énergie », a indiqué Patrick Lecurieux Durival : Délégué Général du Medef Martinique et Président d'Ozanam. Le bailleur social a lancé dépuis peu dans son parc locatif un travail d'installation de chauffe-eau solaire dans l'ensemble de ses résidences.«Aucun logement neuf n'est livré s'il n'est pas équipé de chauffe-eau solaire. Sur le parc locatif ancien, nous menons une réflexion sur le recensement des toitures permettant l'installation de chauffe-eaux solaires. Nous portons aussi l'ambition de récupérer les eaux pluviales pour l'entretien des parties communes».

Pour Daniel Beausoleil, Secrétaire général de la Fédération Régionale et de Bâtiment et des Travaux Publics de Guyane ( FRTB), la Guyane qui avec 70% d'énergies renouvelables dans son mix énergétique, doit composer avec d'autres défis sociétaux et économiques. Selon Daniel Beausoleil, « le territoire cumule également d'importantes inégalités sociales et économiques. Le sous-développement de la Guyane suppose également une transition économique».

Des contraintes sociétales également soulevées par Maître Patrick Lingibé durant son intervention. « Les Outre-mer présentent des indicateurs hors-normes. La transition écologique a pour bénéficiaire final, le citoyen mais en Outre-mer, ces derniers sont confrontés à la cherté de la vie». L'avocat juriste a insisté sur la nécessité de trouver une voie médiane à la fois pacifique et pacifiée. Pour Patrick Lingibé, la solution pour une transition énergétique et écologique réussie réside dans une approche différenciée de cette problématique en Outre-mer. « L'Etat doit apporter des éléments normatifs adaptés aux caractéristiques des territoires ultramarins, dans le cas contraire, la transition écologique pourrait être perçue comme une transition réservée à une certaine classe sociale». 

Un avis partagé par Nicolas de Fontenay, directeur Antilles-Guyane d'Albioma, deuxième énergéticien après EDF, et installé dans plusieurs territoires d'Outre-mer. « Pour arriver à l'autonomie énergétique, il faut résoudre la mobilité énergétique mais veiller à ce que la transition sociale et économique (fiscalité des collectivités issue des produits pétroliers) soient bien effectuées». Cet opérateur historique ajoute être également confronté à une lenteur administrative qui pénalise les entreprises souhaitant investir dans des projets de transition écologique. « Il y a une absence d'appels d'offres dans l'énergie photovoltaïque depuis décembre 2020. A cela s'ajoute un guichet unique limite à 100 Kwh en Outre-mer contre 500 kwh en France hexagonale» souligne Nicolas de Fontenay.

Mais face à ces défis et ces contraintes, l'objectif de tendre vers la transition écologique en Outre-mer n'est pas insurmontable d'après Dave Drelin, Président Fondateur de Yana Wassai. S'appuyant sur la valorisation des ressources endémiques du territoire guyanais, le chef d'entreprise a démontré que la transition économique et la transition écologique est possible. C'est le cas notamment avec le développement de la filière du wassai ou d'awara. Ces cultures peuvent être des ressources économiques pour les agriculteurs, peuvent participer à l'aménagement des éspaces forestiers aidant à la captation du carbone, servir de biomasse pour les usines électriques, etc.