Dans « L'Avenir en commun : Le programme pour l'Union populaire », Jean-Luc Mélenchon et son parti La France Insoumise (LFI) dévoilent leur vision pour les Outre-mer, plus particulièrement dans les domaines écologique, sanitaire et social, économique et diplomatique. Ceci est le troisième volet de la série qu’Outremers360 consacre aux propositions des différents candidats à la présidentielle, relatives aux territoires ultramarins.
En déplacement en octobre 2021 en Guyane, puis en décembre en Guadeloupe et en Martinique, en visite à La Réunion d’ici la fin du mois de février, Jean-Luc Mélenchon sait bien, en homme politique expérimenté qu’il est, que l’ensemble des Outre-mer, qui constituent environ 5% du corps électoral, risque d’être décisif si les populations concernées se rendent aux urnes. Sans compter le vote des Ultramarins et de leurs descendants vivant en France hexagonale qui ont encore des attaches fortes à leurs territoires d’origine. Aussi son programme consacre-t-il une large place aux Outre-mer, dont nous avons recensé les grandes lignes.
Première thématique de La France Insoumise concernant les Outre-mer, la planification écologique. Ces derniers pourraient être des territoires pionniers sur les plans de la protection de la biodiversité, de l’autonomie énergétique, de la relocalisation de la production alimentaire, et du déploiement d’une économie de la mer. Dans cette optique, LFI propose notamment les mesures suivantes : « Appliquer une préférence commerciale pour les produits ultramarins vers l’Hexagone et l’Europe, et nouer des partenariats commerciaux équilibrés avec les voisins régionaux ; Tendre vers l’autosuffisance alimentaire grâce à l’agriculture paysanne écologique et des filières agroalimentaires locales ; Et promouvoir des plans d’autonomie énergétique ».
Déclaration de Jean-Luc Mélenchon sur la situation aux Antilles (le 12 janvier 2022 à Paris).
Le parti aborde ensuite la problématique particulièrement sensible de l’eau, et plus exactement du « droit à l’eau ». Aussi sa mesure clé est-elle de garantir l’accès à l’eau courante potable à tous les habitants des Outre-mer, quel qu’en soit le prix. Le programme avance une série de pistes. Parmi elles : « Financer par l’Etat des travaux urgents de remplacement des canalisations, notamment en Guadeloupe, sur l’adduction d’eau potable et l’assainissement ; Déclencher, en cas de pénurie, un plan visant à la distribution de bouteilles d’eau (plan ORSEC eau) et plafonner leur prix (…) ; Annuler la dette citoyenne résultant du problème de facturation des anciens opérateurs et/ou résultant d’impayés pour service non rendu, et cesser le recouvrement forcé de celle-ci ; En Guadeloupe et en Martinique, reconnaître le statut de crise sanitaire et écologique concernant l’eau potable et son assainissement, la contamination au chlordécone, et les effets cocktails avec d’autres substances dont les conséquences sont inconnues ».
« En finir avec l’abandon des Outre-mer », titre LFI dans un autre chapitre. Une formule également employée par d’autres candidats, avec des constats parfois similaires : dépendance économique, mal développement, recul des services et retard des investissements publics, situations d’oligarchie ou de monopoles dans l’économie… « La République doit vivre partout et pour tous ! », assène le document, qui avance sa mesure principale : « Engager un plan pluriannuel d’investissement et de développement des services publics (transports, éducation, santé, logement, culture), dont la possibilité a été dessinée dans les propositions des mouvements sociaux, notamment en Guyane et à Mayotte ». Le parti souhaite également « mettre en place un encadrement des prix sur les produits de première nécessité pour lutter contre la vie chère », et « instaurer un principe de faveur de manière à garantir 50% de recrutements locaux dans tous les corps de la fonction publique ».
Enfin, considérant que grâce aux Outre-mer, « la France est présente à tous les points clés de l’écosystème », LFI souligne que ces territoires pourraient être les points d’appui d’une « diplomatie universaliste » et « altermondialiste », acteurs de construction de politiques internationales. Pour cela, le parti veut faire des Outre-mer des pôles régionaux de développement impliquant : « Transfert de technologie auprès des pays voisins, aide logistique et scientifique, établissement de formations de haut niveau bénéficiant à la fois aux étudiants ultramarins et à ceux des pays voisins, coopération militaire de maintien de la paix ». Le programme envisage également que Mayotte rejoigne l’Union africaine et la Communauté de développement de l’Afrique australe.
A lire aussi :
► Présidentielle 2022 : Yannick Jadot et EELV, quel programme pour les Outre-mer ?
► Présidentielle 2022 : Valérie Pécresse et Les Républicains, leurs orientations pour les Outre-mer
PM