Présidentielle 2022 : Cartographie électorale en Guadeloupe, un département avec une majorité d’inscrit mais peu de votants

Présidentielle 2022 : Cartographie électorale en Guadeloupe, un département avec une majorité d’inscrit mais peu de votants

Tous les mercredis durant cette campagne présidentielle, nous publions une cartographie du paysage électoral de certains territoires d’Outre-mer. Un travail mené par un groupe de jeunes, coordonné par Bradley Chan Tsun Ching, étudiant en Master II Management des Affaires Publiques et des Institutions à l’HEIP. Après La Réunion, il nous livre cette semaine le résultat d’une analyse réalisée sur le département de la Guadeloupe, à partir des chiffres de votes, de la dernière élection présidentielle. Cette cartographie a été faite à partir de chiffres de l’Insee et des commentaires de certains de nos confrères de la presse locale.

En Guadeloupe, en 2012, 87 % des individus en âge de voter étaient inscrits sur les listes électorales lors des élections. Un chiffre en baisse lors des élections de 2017, où 83,7% des personnes ayant atteint la majorité étaient inscrits sur les listes électorales. Des chiffres qui restent inférieurs à la moyenne nationale. Reste à noter qu’un tiers des électeurs n’ont pas participé aux scrutins de 2017.

La Guadeloupe est l’une des régions où la participation systématique est la plus faible. En effet, 15,5 % des électeurs se sont déplacés à chaque fois qu’ils y ont été invités, soit 20 points de moins que la moyenne nationale. Les électeurs se tournent plus souvent vers l’abstention systématique. -  Un tiers des inscrits n’a voté à aucune élection. Bien qu’une forte abstention systématique soit caractéristique des régions ultramarines, l’année électorale de 2017 est marquée par deux phénomènes : Lors de la primaire de la gauche pour la présidentielle, les Guadeloupéens ont choisi un candidat différent de celui retenu à l’échelle nationale. Aussi, un nombre record de 82 candidats se sont présentés pour les législatives. Deux particularités qui ont amplifié le désintérêt des électeurs pour les scrutins de 2017.

Comme constaté à La Réunion (lien en fin d'article), en Guadeloupe, l’âge est l’une des caractéristiques déterminantes de l’abstention aux élections. - Entre 18 et 29 ans, deux électeurs sur cinq n’ont participé à aucun des quatre scrutins. Cela pourrait s’expliquer par le départ des jeunes pour l’Hexagone, dans le but de poursuivre leurs études ou de trouver un emploi. De plus, notons qu’à partir de 70 ans, un électeur sur deux ne s’est déplacé à aucun des rendez-vous électoraux. Toutefois, les jeunes retraités s’impliquent davantage dans la vie politique que les autres électeurs. Cette abstention systématique reste, cependant, à tout âge plus importante en Guadeloupe que dans l’Hexagone.

Au même titre que l’âge, nous remarquons qu’en Guadeloupe, le genre joue un rôle dans les scrutins. Les hommes votent moins souvent que les femmes au scrutin présidentiel, soit quatre points d'écart. Contrairement au niveau national, où leur participation est quasiment identique. Effectivement, les hommes sont moins souvent inscrits sur les listes électorales. - 83,5% contre 89% de femmes. Une disparité particulièrement marquée pour les 30 - 40 ans, où le taux d’inscription des femmes est supérieur de 13 points à celui des hommes du même âge. Un écart qui peut s’expliquer par la différence du niveau d’étude supérieure. Les plus diplômés sont plus souvent inscrits sur les listes électorales. Entre 30 et 34 ans, 31 % des femmes sont diplômées du supérieur contre 20 % des hommes. Et, dans cette tranche d’âge, parmi les diplômés du supérieur, le taux d’inscription sur les listes électorales des femmes est plus élevé que celui des hommes de 20 points. 

L’âge étant le premier facteur, il reste à noter que l’activité et la profession jouent un rôle dans le choix de l’abstention. En effet, les retraités, les ouvriers et les personnes sans activité professionnelle s’abstiennent plus souvent que les professions intermédiaires ou les cadres, comme à l’échelle nationale. Les retraités et les préretraités sont plus souvent inscrits sur les listes électorales que les actifs. Les étudiants et les apprentis sont, eux, les moins souvent inscrits. - 82 % des chômeurs et 76 % des autres inactifs sont inscrits sur les listes électorales, contre 96 % des anciens actifs et 90 % des actifs ayant un emploi. Il est important de noter des disparités importantes en fonction des secteurs d’activités. Par exemple, six agriculteurs sur dix sont inscrits sur les listes contre neuf actifs exerçant une profession intermédiaire sur dix. Les agents de catégorie B de la fonction publique sont ceux qui s’inscrivent le plus. Où en revanche, les aides familiales et les cadres s’inscrivent moins.

Aussi, les personnes en couple se déplacent plus souvent pour les élections que les personnes seules et les enfants en âge de voter vivant chez leurs parents. Ces derniers, se désintéressent plus souvent de la vie politique. Ainsi, 40 % des jeunes électeurs vivant chez leurs parents n’ont voté à aucun des différents scrutins. Cette proportion est la même chez les inscrits vivant seuls. Cette abstention systématique est réduite de douze points chez les personnes en couple.

Prenons le profil-type du votant systématique en Guadeloupe. - Le plus souvent, il s’agit d’une retraitée âgée de 60-74 ans, mariée, qui n’a pas le bac et habitant dans une commune de 10 000 habitants ou plus telle que les Abymes, Baie-Mahault ou encore Capesterre-Belle-Eau. Malgré une part importante de votant systématique, notons que la part de abstentionnistes systématique reste à tout âge plus importante en Guadeloupe que dans l’Hexagone. Les trois-quarts des non participants ne sont pas titulaires du baccalauréat. Ils sont également plus fréquemment sans activité professionnelle.

Lire aussi : 

Présidentielle 2022 : Cartographie électorale à La Réunion, un Outre-mer « présidentiel »