Ports d’Outre-mer : de nouveaux projets d’investissements malgré un bilan 2020 en demi-teinte

© Grand port maritime de la Martinique

Ports d’Outre-mer : de nouveaux projets d’investissements malgré un bilan 2020 en demi-teinte

Le site Ports et Corridors, consacré à l'actualité de la logistique portuaire, vient de publier son bilan 2020 des ports de l’Hexagone et des Outre-mer. L’étude comprend une analyse des trafics par filières, et détaille les principaux projets d’investissements pour 2021.

Comme tous les secteurs économiques, l’activité portuaire française a souffert de la crise sanitaire en 2020, avec des baisses de trafic allant de 10 à 20% en moyenne. En Outre-mer, ces diminutions sont par exemple de -16% et -16,4% pour la Martinique et la Nouvelle-Calédonie respectivement (voir tableau ci-dessous), alors que paradoxalement la Guyane a amélioré son trafic de 2,4%. « Une hausse de trafic liée à la gestion moins restrictive du confinement pendant le printemps pour maintenir l’économie », souligne le document de Ports et Corridor. Les auteurs ont choisi de ne pas traiter de la filière croisière en raison de sa situation particulière, de nombreux navires ayant été immobilisés dans les ports dès l’apparition de cas de Covid-19. « Face à la pandémie, les opérateurs de croisière ont mis un terme à la saison, annulant tous les voyages prévus. Dans les ports de France et d’Outre-mer, la saison a été catastrophique, avec une diminution allant parfois jusqu’à 90% du trafic passagers », estiment-ils.

Trafic des ports ultramarins (en tonnes, années 2019 et 2020)

Les vracs secs

Trois principaux secteurs sont inclus dans cette appellation : le charbon, les minerais et les produits agricoles. Dans les Outre-mer, le charbon constitue encore une source d’énergie électrique importante. « À La Réunion, le charbon a enregistré une hausse de son trafic de 13% à 620 412 t ». « Les Réunionnais ont moins voyagé avec la pandémie. La demande en électricité a augmenté en conséquence » explique le Grand port maritime (GPM) local. En Guadeloupe, le trafic de charbon destiné à la production électrique a reculé en 2020. Selon le GPM de Guadeloupe « il perd 18,7% à 165 039 t. Une baisse qui tient notamment à la mise en place d’un trafic de pellets de bois pour remplacer progressivement le charbon dans la production électrique ».

 En ce qui concerne les minerais, la France est exportatrice grâce au nickel de Nouvelle-Calédonie, qui figure parmi les premiers producteurs mondiaux. « En 2020, la production minière réalisée par la SLN (Société Le Nickel, filiale d'Eramet) a enregistré une croissance de 16% à 5,4 Mth (million de tonnes humides). Dans le même temps, la société a exporté 2,5 Mth. Un chiffre en hausse de 55%. (…) Pour rester dans ce domaine des minerais, le port de Nouméa exporte des mattes et du ferronickel. En 2020, ce courant a représenté 189 616 t, en recul de 6% », indique le rapport.

Trafics et évolution des vracs solides en Outre-mer pour 2020 (en tonnes)

Pour les produits agricoles, l’étude relève que la filière céréale représente une large partie des importations de vrac des ports ultramarins, et analyse les évolutions des flux. « Les Réunionnais, habitués à voyager, ont dû rester sur leur île pendant les confinements. Ils ont donc plus consommé. Alors, les trafics de céréales s’en sont ressentis. Ils progressent de 2% à 234 153t. Dans les Caraïbes, la situation a été stable. En Guadeloupe et en Martinique, le trafic de céréales accuse un repli minime. En effet, dans le GPM de la Martinique, la baisse de 7% pèse un peu plus de 3650 t, soit à peine un chargement. En Guadeloupe, la situation est équivalente avec une diminution de 8,9%. » 

Les vracs liquides

En Outre-mer, les importations d’hydrocarbures ont nettement diminué en 2020. « À la Réunion, les vracs liquides ont régressé de 15% à 796 357 t. (…) Par ailleurs, le kérosène plonge de 36% à 125 871 t. Une diminution liée à l’arrêt des vols », constate le rapport. « Dans les Caraïbes, le Grand port maritime de la Guadeloupe accuse un repli significatif de ses flux d’hydrocarbures. Ils perdent 11,7% à 624 771 t. Pour le port de Jarry, cette baisse de trafic est principalement liée à une diminution de la demande en carburants. Quant à la Martinique, la baisse d’importations de pétrole brut tient surtout à l’arrêt technique de la raffinerie de la Sara. Cet arrêt technique a impacté lourdement les trafics avec une baisse de 37% des entrées de pétrole brut à 284 955 t. Quant aux produits raffinés, les entrées perdent 11,1% à 274 966 t en raison de la baisse de la demande. Les sorties de produits raffinés, destinées aux îles de la région régressent de 22,3% à 154 662 t. »

« En Guyane, les trafics de vracs liquides accusent une diminution de 2,3% à 265 618 t. Une diminution toute relative puisqu’elle représente une perte de 6 200 t. Cette baisse de trafic est en partie liée au report du programme spatial. Enfin, en Nouvelle Calédonie, tous les trafics de vracs liquides enregistrent une diminution. Ils s’établissent à 439 744 t, en diminution de 35,1%. L’essence, le gazole et le fioul affichent des pertes de plus de 30%, signe d’une demande en forte réduction. »

Trafics et évolution des vracs liquides en Outre-mer pour 2020 (en tonnes)

Les investissements

Concernant les investissements, le rapport se penche sur quatre GPM des Outre-mer. En Martinique, le port a poursuivi ses financements en 2020, pour un montant de 5,5 millions d’euros. En 2021, le GPM va continuer de mettre en œuvre son projet stratégique. « L’achat d’un quatrième portique est engagé », et « le dispositif d’amarrage va être amélioré ». Le port poursuit aussi son action en faveur de la transition écologique. Parmi ces actions sur l’efficacité énergétique, « la mise en place d’un éclairage par leds sur le terminal réduit sensiblement la facture énergétique du port. Enfin, et pour rester dans cette démarche écologique, le port a engagé des investissements en faveur du branchement électrique à quai. » En Guadeloupe, ce sont 18 millions d’investissements qui ont été votés dans le budget prévisionnel 2021 de l’autorité portuaire, notamment pour l’extension de quais et l’adaptation des capacités à la taille des navires.

En Guyane, le GPM « a prévu de moderniser son terminal à conteneurs. Une opération qui passera par l’achat de nouvelles grues et une nouvelle organisation », précise l’étude. Objectifs : améliorer la fluidité des flux, augmenter la productivité des opérations, et adapter la manutention. Le GPM du territoire prévoit également la mise en service de nouvelles lignes maritimes, notamment avec le Brésil. « Aujourd’hui, les viandes brésiliennes doivent aller au Havre avant de revenir en Guyane pour subir les contrôles sanitaires européens. Le GPM a donc décidé d’installer sur le port de Degrad des Cannes un poste frontalier. Les travaux sont en cours et devraient être livrés en 2022 ». Dans les projets d’investissements apparaît aussi une zone logistique à Saint Georges de l’Oyapok, qui entre dans sa phase d’étude.

Enfin, le GPM de La Réunion va entamer des discussions avec le Conseil départemental pour l’acquisition de terrains dans la zone arrière du port, qui avaient servi à entreposer les produits pour la construction de la Nouvelle Route du Littoral (NRL). « Cette zone s’étend sur 80 hectares. Le port souhaite pouvoir occuper 20 hectares pour y développer des activités logistiques », note le document. Par ailleurs, le GPM « a entrepris la commande de deux nouveaux portiques pour le terminal à conteneurs. Avec ces nouveaux engins, le port disposera de moyens de manutention adaptés aux navires touchant l’île. »   

On peut se procurer l’étude de Ports et Corridors ici

 PM