La visite du président Emmanuel Macron à l’île Maurice les 20 et 21 novembre derniers, la première d’un chef d’État français en 35 ans, a déclenché une dynamique économique régionale inédite. En marge de cette visite, un Forum des affaires, co-organisé par Business Mauritius et le MEDEF International, a réuni des acteurs clés, parmi lesquels Katy Hoarau, présidente du MEDEF Réunion, ainsi qu’une délégation de chefs d’entreprises réunionnais et hexagonaux. À cette occasion, Katy Hoarau a pu rencontrer le président de la République et échanger avec lui sur les grands enjeux régionaux, ainsi que sur le rôle stratégique que peut jouer La Réunion dans le développement économique de l’océan Indien. Cet événement s’est concrétisé par la signature d’une charte historique, qualifiée de « première brique pour construire la puissance économique régionale de demain ». Pour Outremers360, Katy Hoarau revient sur cet évènement qu’elle qualifie « d’exceptionnel »

Les entreprises hexagonales méconnaissent La Réunion

« L’objectif de la délégation a été d’identifier les possibles co-constructions de chaînes de valeur entre l’île Maurice et la Réunion et de travailler sur des synergies entre ces deux territoires », explique Katy Hoarau.

Mais une constatation s’impose rapidement : « on a été surpris par la méconnaissance des entreprises de l’Hexagone sur les opportunités » offertes par La Réunion et sa zone d’influence. Face à ce déficit d’image, la présidente du MEDEF Réunion a lancé une opération séduction baptisée Choose La Réunion, clin d’œil à l’initiative nationale Choose France. « L’île offre non seulement une qualité de vie attractive (écoles, universités, hôpitaux), des ressources humaines qualifiées, des infrastructures solides comme la fibre optique et des filières stratégiques (santé, agroalimentaire, défense), et des avantages fiscaux compétitifs, avec un taux d’imposition pouvant descendre jusqu’à 7 % grâce aux dispositifs existants, tout en garantissant la sécurité et les infrastructures d’un département français », rappelle-t-elle.

Une Charte historique et fondatrice pour l’avenir économique de l’océan Indien

Cette rencontre s’est concrétisée par la signature d’une charte entre Business Mauritius, le Medef International et le Medef Réunion. Un moment que la présidente qualifie d’ « exceptionnel », et qui constitue selon elle la « première brique » d’un projet ambitieux visant à « construire la puissance économique régionale de demain ».

L’océan Indien : un futur Hub économique

« Il y a un gros travail d’interconnectivité maritime et aérienne entre les îles à créer », souligne la présidente du Medef Réunion convaincue qu’avec un capital humain de deux millions de personnes entre Maurice et La Réunion, il faut désormais « jouer groupé » et « réfléchir à être un hub » au cœur de l’océan Indien.

Pour cela, elle défend la création d’un observatoire économique, capable d’alimenter des propositions concrètes. « Il faut sortir de la réaction pour aller vers de la proposition-action, avec une vision qui est celle d’une économie robuste », affirme-t-elle.

L’identité unique de La Réunion et son vivre-ensemble multiculturel sont des atouts majeurs : « On comprend la frugalité indienne, les circuits courts, les bonnes pratiques chinoises, le potentiel de planification, l’ancrage communautaire africain, les normes européennes et la rigueur. Et il faut que ça serve ». Il s’agit de construire « une résilience choisie, en travaillant sur les vulnérabilités, en réduisant les dépendances et en trouvant le juste équilibre entre production locale et importations. » précise-t-elle.

Les prochaines étapes s’accélèrent pour concrétiser cette vision : renforcer les liens avec le Medef International et les entreprises hexagonales, qui prévoient de se déplacer à La Réunion début 2026, et explorer des partenariats en Afrique de l’Est, avec des rencontres programmées au Kenya (Nairobi) en marge du Sommet Afrique–France et au Rwanda en mai 2026.