Octobre Rose : La Martiniquaise Claudine Louis-Marie Fagour, présidente d’Amazones-Paris : « Osons le dépistage ! Osons la vie !»

© DR

Octobre Rose : La Martiniquaise Claudine Louis-Marie Fagour, présidente d’Amazones-Paris : « Osons le dépistage ! Osons la vie !»

Ce mois d’octobre 2024 marque la 31e édition de la campagne annuelle d’« Octobre Rose », visant à sensibiliser la population au dépistage du cancer du sein. À cette occasion, nous sommes partis à la rencontre de Claudine Louis-Marie Fagour, présidente d’Amazones-Paris. Fondée en 2019, l’association s’inscrit dans un vaste réseau de soutien créé dans les Outre-mer et œuvre principalement auprès de celles qui luttent, loin de chez elles. Depuis le 1er octobre, de nombreuses actions ont déjà été menées par les membres de la structure. D’autres sont à venir, et toutes ont pour vocation de sensibiliser, d’accompagner, mais aussi d’aider à la récolte de fonds pour la recherche.

 

Si vous prenez contact avec l’association Amazones-Paris, vous avez de fortes chances d’être accompagnée par un « colibri », c’est-à-dire un membre de l’association réparti entre les différents dispositifs de la structure. « Vous connaissez la légende de Pierre Rabhi ? », nous demande Claudine Louis-Marie Fagour. « Il y avait une forêt en Amazonie, et tous les animaux fuyaient. Et puis, il y avait ce petit colibri qui faisait des allers-retours pour essayer d'éteindre le feu. Un tatou lui dit : ‘Mais colibri, tu es sérieux ? Tu penses vraiment qu'avec tes gouttelettes tu vas réussir à éteindre le feu ?’ Le colibri lui répondit alors : ‘Je ne sais pas, mais en tout cas, je fais ma part.’ Nous avons trouvé cela très beau, et c’est ainsi que la toute première association des Amazones a donné ce nom à nos bénévoles. Les colibris donnent en fonction de leurs possibilités. Mais avec un million de gouttes d'eau, on peut remplir un océan ». C’est ainsi que Claudine Louis-Marie Fagour parle de cet engagement qu’elle a pris en 2019, lorsqu’elle a fondé, avec d'autres femmes, Amazones-Paris. 

Ce maillon d'un réseau plus vaste, né en Martinique en 2017, a pour objectif d’accompagner et de soutenir les femmes atteintes de cancer. Le réseau Projet Amazones est également présent en Guadeloupe, à La Réunion, mais aussi dans le Pacifique. « Il y a 7 associations territoriales et une association fédératrice. Nous sommes en lien, bien sûr. Nous échangeons régulièrement, mais chaque association est autonome ».

Un accompagnement au-delà du soin

C’est parce que Claudine Louis-Marie Fagour a elle-même été diagnostiquée d’un cancer du sein et qu’elle a dû lutter à deux reprises, qu’elle a décidé d’être là pour aider les autres. Amazones-Paris est un refuge pour de nombreuses femmes, particulièrement celles venant des Outre-mer. « Beaucoup de femmes viennent se faire soigner à Paris, loin de leur famille, de leur entourage… Nous ne pouvions pas rester les bras croisés face à cet isolement. C’est souvent à contre cœur qu’elles décident de partir… Ce n’est pas tant une question de qualité de soins, mais surtout de délais… ». Amazones-Paris propose différents types d’accompagnement. L'un des dispositifs phares de l'association est celui des appartements-relais mis à disposition pour ces femmes. « Ces appartements ne sont pas juste des lieux où dormir. Ce sont des nids où ces femmes peuvent se sentir chez elles, recevoir leurs proches et retrouver un peu de sérénité malgré la tempête qu'elles traversent », raconte la présidente de l’association. 

Ce soutien matériel s'accompagne d'une série d’ateliers : soins de support, nutrition, danse, écriture thérapeutique et autres activités bien-être. « C'est important de pouvoir communiquer avec des personnes qui sont déjà passées par là. C'est un partage de savoir expérientiel. Et puis ça leur permet de se projeter aussi, de dire : ‘Ah, ben voilà, elle, elle a fini son traitement… Moi, bientôt, j'aurai fini, je serai au même stade qu'elle.’ Cela donne de l’espoir », explique Claudine Louis-Marie Fagour. « Parfois, on ne peut pas tout dire parce que ça peut effrayer. Ça peut créer un inconfort ou même parfois un sentiment d'impuissance pour les proches qui ne savent pas comment intervenir. Donc c'est bien de pouvoir parler avec d'autres Amazones, mais aussi avec des professionnels. C’est un espace de parole où l'on sera accompagné et où l'on ne craindra pas d'être maladroit ou de faire peur, justement. On peut prendre soin de soi aussi... »

Le manque de ressources reste toutefois un défi. « Nous avons des idées, des projets, mais il nous manque parfois les financements nécessaires pour aller au bout », déplore Claudine Louis-Marie Fagour. Mais l'association persévère, s'appuyant sur ses bénévoles et ses partenaires pour étendre ses actions. « À Paris, nous travaillons sur la création du Nid, un lieu qui sera à la fois un espace de soin, de réconfort et de reconstruction pour les femmes en traitement ».

L’importance du dépistage et de l’accompagnement

Pour Claudine Louis-Marie Fagour, même si le mois d’octobre est le point d’orgue pour sensibiliser au cancer du sein, c’est bien toute l’année que des opérations d'information et des actions à destination du grand public doivent se faire. La prévention est le mot d’ordre. « Le dépistage précoce peut sauver des vies. Pourtant, beaucoup trop de femmes laissent passer l’occasion, par peur ou par négligence. Ce que je leur dis, c’est lorsqu’elles reçoivent cette convocation les invitant à aller faire la mammographie, prenez ce rendez-vous! Cela peut vous sauver la vie ». Amazones-Paris met un point d’honneur à offrir aux patientes un espace où elles peuvent parler de leurs craintes, échanger sur leurs traitements et retrouver un peu d’espoir. « Quand on traverse un cancer, on a besoin de parler à celles qui sont passées par là, de se projeter à travers leur rémission ». Amazones-Paris ne travaille pas seule. L’association a noué des partenariats avec plusieurs réseaux pour amplifier son impact. « Nous collaborons avec Unicancer (Fédération Nationale des Centres de Lutte contre le Cancer), un réseau d’établissements de santé, pour mieux comprendre les enjeux du cancer dans les Outre-mer et affiner notre accompagnement », explique Claudine Louis-Marie Fagour. 

Ces collaborations permettent à Amazones-Paris d’avoir accès à des données plus précises et de structurer ses actions en fonction des besoins réels. Dernièrement, l’association a franchi une nouvelle étape en participant au Comité interministériel des Outre-mer sur des questions de santé, où des engagements visant à réduire les délais de traitement des patientes ont été pris. « Être partie prenante de ces discussions au niveau national est essentiel. Cela nous permet de faire entendre la voix des femmes des Outre-mer, qui souvent font face à des parcours de soin compliqués ».

Octobre Rose, une mobilisation sans relâche

Octobre Rose est un moment crucial pour Amazones-Paris. Ce mois de sensibilisation permet à l'association de renforcer sa visibilité et de multiplier les actions. Parmi les événements déjà passés auxquels l’association a participé, on peut noter la course caritative Odysséa Paris qui s’est tenue les 5 et 6 octobre derniers, et qui, cette année, a battu tous les records avec 45 000 participants et 1 million d'euros collectés pour la recherche. Ce samedi 12 octobre, Amazones-Paris lancera son magazine annuel, disponible lors d’un événement au 223 rue Championnet, 75018 Paris, dans le 18e arrondissement de Paris. « Ce magazine est une nouvelle manière de sensibiliser, de partager des témoignages et de donner des conseils pratiques sur le bien-être et la prévention ». 

Enfin, le 26 octobre, un grand concert caritatif sera organisé à Villepinte en partenariat avec l’association Diversy-K, dont le but est de promouvoir la culture caribéenne avec l'organisation d'événements socio-culturels et artistiques. Les bénéfices serviront à financer les travaux du futur Nid, un espace dédié aux soins de support et à l’accompagnement des femmes en traitement à Paris. « Ce concert est une belle manière de conjuguer culture et solidarité », se réjouit la présidente. En parallèle, une campagne de dons en ligne est lancée tout au long du mois d’octobre, avec pour objectif de lever 10 000 euros pour les projets de l’association. « Chaque euro compte, comme la goutte d’eau du colibri ». À travers Amazones-Paris, c’est un message de solidarité, d’espoir et de résilience que Claudine Louis-Marie Fagour souhaite faire passer. « Osons le dépistage ! Osons la vie ! » martèle-t-elle en guise de conclusion. Tels sont les messages qu’elle porte haut et fort en ce mois d’Octobre Rose.

Pour réserver votre place du concert caritatif du 24 octobre https://www.bizouk.com/events/details/concert-caritatif-live-octobre-rose/83346

 

Abby Said Adinani