Mal-logement : les Outre-mer particulièrement affectés, selon la Fondation pour le logement des Défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre)

Un quartier précaire à Fort-de-France (Martinique) © Wikimedia Commons

Mal-logement : les Outre-mer particulièrement affectés, selon la Fondation pour le logement des Défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre)

Dans son volumineux rapport 2025 sur l’état du mal-logement en France, qui vient d’être publié, la Fondation Abbé Pierre nouvellement nommée Fondation pour les logements des Défavorisés, constate notamment qu’en dépit des efforts de différents acteurs, les habitats informels et indignes demeurent un problème crucial pour les Outre-mer, que la puissance publique ne parvient pas encore à résorber.

 

Le problématique de l'habitat indigne en Outre-mer couvre un large éventail de situations : allant de l'habitat informel - maisons « en dur » (parpaings, briques…), des abris faits de matériaux de récupération (bois, tôle…) - où le confort des structures varie mais le statut reste toujours précaire, aux cas d'habitat indigne (logements insalubres, souvent dans de petits bâtiments col­lectifs le plus souvent abandonnés) dans les centres historiques ou dans un parc social vieillissant, sans oublier les formes d'habitat dit traditionnel jamais rénovées.

 « Difficiles à définir, à repérer, et à quantifier, les différentes formes de l’habitat indigne en Outre-mer concerneraient, d’après le ministère des Outre-mer, près de 147 000 logements sur un parc total de près de 950 000 logements (soit 15%) », rapporte la Fondation. Aux Antilles comme à La Réunion cependant, les principales zones d’habitat insalubre ont été traitées en majorité et la question se pose plus pour les logements diffus, entre informels et indignes, souvent occupés par des personnes âgées.

« Plus largement, les habitants en Outre-mer sont particulièrement touchés par les défauts graves de confort (existence d’un vis-à-vis à moins de 10 mètres, problèmes d’étanchéité et d’isolation des murs, du toit ou du sol, infiltrations ou inondations, etc.) : en Guadeloupe, 31% des logements comptent un défaut grave de confort et 10% en cumulent au moins deux, comme en Martinique. En Guyane, 47% des ménages sont confrontés à au moins un défaut grave de leur logement, tandis qu’à Mayotte, 28% des logements n’ont pas accès à l’eau courante », déplore le rapport. En ce qui concerne la lutte contre l’habitat indigne, la mobilisation des différents acteurs a augmenté dans la plupart des territoires. « Mais là où aucun dispositif partenarial avec les acteurs locaux n’a été mis en place, l’intervention publique reste in­suffisante, voire inexistante », signale le document.

 

Les difficultés pour accéder à un logement sont exacerbées dans les territoires d'Outre-mer en raison de revenus plus faibles, d'aides sociales moins efficaces que dans l’Hexagone, et d'un parc immobilier privé souvent en mauvais état. Le financement du logement se fait via la Ligne budgétaire unique (LBU). Initialement gérée par le ministère du Logement, la LBU a été transférée en 1997 au budget du ministère des Outre-mer afin d'assurer une meilleure visibilité et une adaptation plus spécifique des politiques de logement aux territoires concernés. « Ces crédits ne concernent que les DROM (départements et régions d’Outre-mer, ndlr), puisque, dans les COM (collectivités d’Outre-mer, ndlr) et en Nouvelle- Calédonie, le logement relève de la compétence des col­lectivités », précise la Fondation.

 En 2021, 5267 logements sociaux ont été financés dans les DROM, avant de baisser à 4710 en 2022, puis à 3791 en 2023. Le montant moyen des financements par logement (sur la LBU) s’établit à environ 32 000 euros par logement locatif social et logement locatif très social. Cependant, relève le rapport, « les moyens budgétaires affichés ont été stables au cours des dernières années, avant une hausse en 2024 (292 millions d’euros) et une baisse prévue en 2025 (260 millions d’euros), soit une diminution de 11% ».

« De manière générale, les objectifs portés par les différents projets de loi de fi­nances illustrent l’écart entre les ambitions affichées et les moyens alloués. Alors que le PLOM (Plan logement Outre-mer 2020-2022 du gouvernement, prolon­gé d’un an jusqu’en 2023) affichait un objectif de production ou amélioration de 150 000 logements en 10 ans (15 000 par an), celui-ci n’a jamais été traduit dans les bud­gets. Pour 2025, le gouvernement prévoit 4100 logements sociaux neufs et 4280 logements sociaux améliorés », ajoute le texte. 

Un nouveau PLOM pour l'ensemble des DROM pour la période 2024-2027 est en cours de préparation et devrait être signé au début de cette année. Dans la nouvelle mouture, les priorités seront de renforcer la construction de logements neufs, d'intensifier les actions de réhabilitation et d'adaptation des logements privés et sociaux au vieillissement de la population, ainsi que de continuer à soutenir les opérations visant à éliminer l'habitat insalubre.

 

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PM