C’est au Congrès des Régions de France, qui s’est tenu à Strasbourg les 25 et 26 septembre derniers, que le Président de l'Office de Développement de l'Économie Agricole d'Outre-mer (ODEADOM), Joël Sorres, a rencontré les acteurs des territoires des Outre-mer pour aborder la question de l’agriculture dans les territoires ultramarins. Dans un contexte où la thématique centrale de l’événement était "Europe : l'heure des Régions ?", ce rendez-vous, ainsi que d’autres organisés à Paris, a permis de rappeler l'urgence de la situation dans les Outre-mer, frappés de plein fouet par la crise climatique et économique.
À l'aube de cette nouvelle rentrée, l’ODEADOM met en place une feuille de route ambitieuse pour soutenir les agriculteurs ultramarins. C’est dans ce contexte que le président de l’institution, Joël Sorres, a tenu à faire le point avec Outremers 360. Pour lui, les priorités se concentrent sur une meilleure collaboration, notamment avec les différents ministères et institutions. « J'ai eu l'occasion de rencontrer les conseillers de Matignon pour faire un point rapide sur l'agriculture et sur ce qu'on attend. On a senti des équipes mobilisées, mais qui sont en train de s'installer. Il est important pour nous de travailler ensemble de manière à faire avancer le plus rapidement possible les dossiers actuellement en attente ». Parmi les chantiers prioritaires figure le programme POSEI, « Nous avons alerté sur le sujet. Nous avons raté une première échéance… Il pourrait y en avoir une autre, donc nous allons mobiliser, sensibiliser tout le monde pour que la partie conjoncturelle du programme soit mise en œuvre, avec bien entendu des attentes fortes des agriculteurs et des professionnels des Outre-mer ». Ce programme POSEI, destiné à soutenir l'agriculture dans les régions ultrapériphériques de l'Union européenne, est un dossier majeur. Il représente une opportunité pour ajuster les politiques agricoles aux réalités des territoires ultramarins, tout en offrant une aide financière vitale pour les agriculteurs. « Il nous faut être proactifs dans les concertations pour que les agriculteurs ultramarins puissent bénéficier au maximum des dispositifs européens », a ainsi indiqué le président de l’ODEADOM.
Des défis climatiques et économiques majeurs
Marquée par les conséquences du réchauffement climatique et les nombreuses crises économiques, la production agricole dans les Outre-mer est fragilisée. Même si les problématiques diffèrent d’un territoire à l’autre, les récentes vagues de sécheresse, les tempêtes tropicales de plus en plus fréquentes, ainsi que les perturbations sur les marchés européens compliquent la tâche des agriculteurs. L’ODEADOM est donc fortement attendu sur ces questions, mais aussi sur les enjeux de souveraineté alimentaire, de modernisation des infrastructures agricoles, et de transition vers des pratiques plus résilientes face au climat. À ce titre, l’une des priorités actuelles du Président de l’institution est de renforcer les relations avec les instances gouvernementales françaises, mais aussi européennes. L’objectif est de finaliser les accords de partenariat économique et de définir les nouvelles lignes directrices pour soutenir l’agriculture ultramarine. « C’est le bon moment pour nous, tant au niveau de la Commission européenne qu’au Parlement, pour préparer ensemble la nouvelle génération de POSEI. Nous sommes confiants : tout le monde est sensibilisé à l’importance de l’agriculture ultramarine, ce qui est encourageant pour l’avenir ».
Un besoin de réponses concrètes
Les agriculteurs des territoires d’Outre-mer attendent des réponses concrètes pour pallier les effets des crises successives. Que ce soit à Mayotte, en Guyane, en Guadeloupe, en Martinique, à La Réunion ou encore à Saint-Pierre-et-Miquelon, tous partagent les mêmes préoccupations.« Les attentes sont fortes, mais nous avons aussi des propositions », indique Joël Sorrès, qui explique des échéances importantes se précisent pour les semaines à venir. Un rendez-vous attendu est celui du Conseil d’administration de l’ODEADOM, prévu pour le mois de novembre. En attendant, l'Office de Développement de l'Économie Agricole d'Outre-mer se trouve aujourd’hui à un tournant et se doit d’être à la hauteur des nombreux défis rencontrés par les agriculteurs. Qu’il s’agisse de la crise climatique, des impératifs économiques, ou des attentes pressantes des agriculteurs, la mission est claire : construire un avenir durable pour les territoires ultramarins. Les prochains mois seront décisifs, avec des rendez-vous importants attendus.
Abby Said Adinani