Les registres nominatifs des esclaves de l’empire colonial français inscrits au Registre « Mémoire du Monde » de l’UNESCO

Les registres nominatifs des esclaves de l’empire colonial français inscrits au Registre « Mémoire du Monde » de l’UNESCO

C'est l'annonce faite par la Fondation pour la mémoire de l'esclavage en cette journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage. Conseil exécutif de l’UNESCO du 18 mai 2023 qui a approuvé l’inscription au Registre international du patrimoine mondial de l’UNESCO « Mémoire du monde » du corpus des registres identifiant les personnes en esclavage dans les anciennes colonies française, conservé par les Archives territoriales de Martinique et de Guyane, les Archives départementales de Guadeloupe, de La Réunion, les Archives nationales d’outre-mer, les Archives nationales d’Haïti, à l’initiative de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage.
 

Cette inscription constitue «une première française à plusieurs titres : Pour la première fois, des documents concernant l’esclavage colonial français sont inscrits au registre Mémoire du monde. Ils rejoignent les inscriptions reçues pour les Antilles autrefois britanniques, et tout récemment, les anciennes colonies néerlandaises. Il s’agit de la première fois que la France propose d’inscrire des archives conservées pour partie dans les collectivités d’outre-mer.  Il s’agit aussi, pour la France, de la première démarche collective, associant plusieurs services d’archives français dans une dimension internationale», rapporte la Fondation pour la mémoire de l'esclavage dans un communiqué.

Entre le 17ème siècle et la fin du 18ème siècle (pour la colonie de Saint-Domingue, aujourd’hui Haïti et l’île Maurice) et 1848 (pour la Guadeloupe, la Guyane, Mayotte, la Martinique, La Réunion et le Sénégal), quatre millions de personnes ont été réduites en esclavage dans l’empire colonial français, qu’elles aient été victimes de la traite, ou nées sur place dans un statut de servitude. Durant cette période, des noms d'esclaves ont été consignées dans des documents de la sphère administrative, fiscale ou religieuse où ont été inscrites les informations qui étaient utiles à leurs propriétaires : on y trouve en général leur nom, leur âge, leur sexe, leurs spécialités professionnelles, parfois certaines caractéristiques physiques.  «Ces documents historiques sont essentiels pour honorer la mémoire individuelle des victimes de l’esclavage colonial français. C’est ce qui les rend si précieux, et c’est ce qui explique qu’ils fassent désormais partie du Registre « Mémoire du monde » de l’UNESCO», précise la Fondation pour la mémoire de l'esclavage.

Le programme « Mémoire du monde » a été créé par l’UNESCO en 1992, pour protéger et diffuser le patrimoine documentaire et archivistique mondial dans toute sa diversité. Il est aujourd’hui riche de plus d’un demi-millier de documents uniques ou de collections documentaires issus des cinq continents, dans tous les formats : imprimé, graphique, audiovisuel, numérique. En rejoignant ce Registre, le corpus des documents nominatifs de l’esclavage français rejoint des pièces aussi précieuses que, en France, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ou l’Appel du 18 juin 1940, et que, dans le monde, la Déclaration d’indépendance américaine, les archives des Compagnies des Indes britanniques et néerlandaises, ou la Neuvième Symphonie de Beethoven ou, reconnus également lors de cette session, le film Shoah de Claude Lanzmann et les Essais de Montaigne.

Dans son communiqué, la Fondation pour la mémoire de l'esclavage a également souligné le travail de consevation de Collectivités territoriales de Guyane et de Martinique, les Départements de Guadeloupe, de Mayotte et de La Réunion, à travers leurs services d’archives, ainsi que les Archives nationales d’outre-mer et les Archives nationales d’Haïti avec lesquels elle a constitué le dossier de reconnaissance de ce corpus de plusieurs centaines d’items (registres, cahiers ou liasses de documents). «L’inscription au registre Mémoire du monde vient tout à la fois reconnaître leur valeur historique, sociétale et culturelle et couronner les efforts déjà consentis par les collectivités qui en ont la garde pour les protéger et les valoriser», indique la Fondation.