Ce vendredi 20 janvier, le président de la République a adressé ses vœux aux forces armées. C’est depuis la base aérienne de Mont-de-Marsan qu’Emmanuel Macron a présenté les grandes lignes de ce que devrait être la prochaine loi de programmation militaire pour la période de 2024 à 2030. Après une loi de programmation militaire qui avait pour but de « réparer » les armées, l’objectif du chef de l'État est désormais de les « transformer » avec un investissement inédit annoncé de 413 milliards en comptant les éléments extrabudgétaires (cession de fréquences / d’infrastructures) et il a notamment rappelé la place stratégique des Outre-mer dans la souveraineté nationale.
« En Europe, en Asie et dans l'Indopacifique, l'ordre international cède à un état de nature entre les Nations telles que nous n'en avions pas vu depuis des décennies. La Méditerranée orientale, les détroits de l'océan Indien, la mer de Chine méridionale ou les abords de Taïwan, parmi d'autres. Ce sont des lieux de régulières tensions. Nos Outre-mer sont, dans ce contexte, de plus en plus exposés. Et le conflit porte désormais dans tous les espaces, dans tous les domaines, y compris Internet, les réseaux sociaux et le champ impalpable de l'information ». Après des mots d’encouragements, de félicitations et de remerciements aux militaires et à leurs proches, Emmanuel Macron n’a pas tergiversé ce vendredi quant aux nouveaux objectifs qu’il ambitionne pour les armées françaises. Si la période 2019-2024 avait pour but de redonner un souffle aux armées en leur permettant notamment de « sortir de la logique de pénurie et retrouver des leviers d'action », le Président de la République souhaite désormais aller plus loin : « Après avoir réparé les armées, nous allons les transformer. Il faut gagner le temps qui nous sépare du conflit de demain (…). Il nous faut (…) être prêts à des guerres plus brutales, plus nombreuses et ambiguës à la fois ». Emmanuel Macron a ainsi annoncé qu’après les 295 milliards d'euros consacrés à la loi de programmation militaire 2019-2024, ce sont 400 milliards qu’il souhaite mobiliser sur la période 2024-2030.
Être parés face à de potentiels conflits à venir
« Ce qui caractérise notre décennie, c’est cette accumulation des menaces dans tous les ordres et dans toutes les géographies » a indiqué Emmanuel Macron lors de son allocution citant en exemple de nouvelles menaces qui ne rajoutent à celles anciennes, déjà connues et identifiées. « Le surgissement de menaces nouvelles advient et lesquelles sont liées aux mutations globales, climatiques, énergétiques, technologiques, avec des risques de déstabilisation que ces bascules peuvent faire naître ». Dans ce contexte de violences et de changements, les Outre-mer pourraient être grandement impactées, selon le Orésident de la République. « Nos Outre-mer ne doivent jamais quitter notre regard et notre présence. Et la marche du monde met nombre de ces territoires, en particulier dans le Pacifique et l'océan Indien, aux premières loges des possibles confrontations de demain. Emmanuel Macron prône l’anticipation en intégrant l'ère du drone dans ces stratégies à venir. Pour ne pas être en retard et être prêts à toute éventualité, quelle que soit sa nature, le président poursuit sa réflexion. Il fait « investir dans le quantique, ne pas croire seulement en l'intelligence même si elle reste et restera essentielle. Mais la compléter, la décupler par l'intelligence artificielle ».
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Face à la violence, au réarmement mondial, à la multiplication de ces conflits d’un genre nouveau, le président de la République que se veut sur tous les fronts. « Impérialisme débridé, prolifération nucléaire, violence terroriste. Des guerres très vieilles, d’autres plus inédites, mais qui toutes s'additionnent et peuvent se nourrir l’une l’autre. Nous ne choisirons pas les conflits que nous aurons à affronter. Et puis, ce qui caractérise les nouveaux conflits de notre siècle est sans doute le brouillage entre une conflictualité ouverte, explicite et une malveillance répétée, systémique, pernicieuse. La guerre ne se déclare plus, elle se mène à bas bruit, elle est hybride ». Cette future loi de programmation militaire vise donc à consolider la souveraineté de la France et à renforcer sa force de dissuasion. Il est prévu, à travers elle, d’augmenter massivement les crédits de renseignement de près de 60 % ou encore de renforcer la capacité de surveillance avec des drones notamment. Mettre en place des moyens d'action et d’intervention en particulier dans les départements, régions et territoires d’Outre-mer a également été évoqué.
L'océan Indien et Pacifique au cœur de la stratégie
« La France possède la deuxième zone économique exclusive du monde grâce à nos Outre-mer. C'est un immense atout, c'est aussi une immense responsabilité, y compris à l'échelle des enjeux environnementaux, climatiques, de la protection de certaines infrastructures et de nos territoires. Je souhaite aussi que nous puissions acquérir une capacité de maîtrise des fonds marins jusqu'à une profondeur de 6 000 mètres pour des raisons militaires, mais aussi au titre de la protection de nos infrastructures sous-marines critiques ».
Le président de la République a également indiqué vouloir que les forces armées soient plus présentes dans les territoires ultramarins et que « ces derniers figurent une constellation stratégique à la fois tête de pont relais et point de veille de nos intérêts dans le monde ». Il a confirmé qu’il présentera prochainement le déploiement opérationnel de cette stratégie ultramarine.
Parmi les autres annonces, on peut noter le souhait d’Emmanuel Macron de renforcer l'échelon en national d’urgence afin de pouvoir disposer de moyens pour des interventions rapidement, même en dehors de l’Hexagone. Renforcer la capacité des armées à surveiller, à réagir ou à intervenir dans les espaces atmosphérique, numérique ou maritimes est une autre mesure annoncée qui fera l’objet de plus de précisions prochainement, même si aucune date n’a encore été communiquée. « Nos défis pour demain, c’est d’abord de continuer à défendre des intérêts qui ne varient pas, c'est-à-dire la défense du territoire national et en particulier de nos Outre-mer, de nos concitoyens ; c’est la sureté́ de notre voisinage proche ».
Abby Said Adinani