Le variant amazonien du Covid-19, potentiellement « aussi contagieux » que le britannique

Le variant amazonien du Covid-19, potentiellement « aussi contagieux » que le britannique

L’Etat d’Amazonas, dans le nord du Brésil, a annoncé jeudi 14 janvier l’instauration d’un couvre-feu de dix jours en raison de la saturation des hôpitaux débordés par l’afflux permanent de patients atteints de Covid-19, avec de graves problèmes d’approvisionnement en oxygène. En cause notamment : la présence d’un nouveau variant du coronavirus, originaire d’Amazonie et peut-être précédemment détecté au Japon, qui pourrait être aussi contagieux que ceux du Royaume-Uni ou d’Afrique du Sud.

D’où vient ce variant ?

Felipe Naveca, chercheur qui étudie les mutations observées dans le nord du Brésil à l’Institut Leonidas et Maria Deane, a répondu aux questions de l’AFP sur ce nouveau variant. Pour lui, il est « très probable » que la mutation détectée au Japon il y a quelques jours est en réalité originaire d’Amazonie :

« Nous avons comparé les échantillons et nous avons vu que ceux qui ont été recueillis en Amazonie étaient des ancêtres de ceux qui ont été observés au Japon, mais que ces derniers avaient subi de nombreuses mutations supplémentaires, explique-t-il. Nous sommes en train de terminer le séquençage pour confirmer que ces mutations détectées au Japon étaient vraiment présentes auparavant en Amazonie, mais c’est très probable. »

L’analyse des échantillons de novembre montre qu’il serait présent dans 50 % des cas de Covid-19 dans l’Etat d’Amazonas, selon le chercheur. Une proportion qui devrait augmenter avec le séquençage de décembre

Quelle est sa contagiosité ?

Le ministre de la Santé Olivier Véran a rappelé jeudi que le variant britannique du Covid-19 était potentiellement jusqu’à 70 % plus contagieux que la souche « classique » du virus. La mutation brésilienne pourrait-elle présenter le même degré de contagiosité ?

« Ce n’est pas encore sûr, mais c’est fort possible, parce qu’on a observé de nombreuses mutations au niveau de la protéine Spike [une pointe qui lui permet de pénétrer dans les cellules, NDLR], qui ont déjà été associées à ce plus grand potentiel de transmission du virus », résume Felipe Naveca.

Ce dernier souligne néanmoins que la situation dramatique à Manaus et en Amazonas n’est « pas seulement due au nouveau variant » : « Nous avons observé une forte augmentation des cas à cause des fêtes de fin d’année et nous sommes à une saison où d’autres virus qui transmettent des maladies respiratoires circulent beaucoup chaque année.»

L’une des hypothèses est que l’apparition de ce genre de mutations est favorisée sur un territoire où le nombre de contaminations est déjà très élevé.

Est-il déjà sorti du Brésil ?

Il semble probable, aux yeux du chercheur brésilien, que la mutation se soit déjà répandue dans d’autres régions du Brésil. De quoi inquiéter les autorités sanitaires de ce pays de 212 millions où le Covid-19 a tué plus de 205 000 personnes, le deuxième bilan le plus lourd après les Etats-Unis. « Nous ne savons pas si ce variant a déjà commencé à circuler en dehors de l’Etat d’Amazonas, mais s’il est arrivé jusqu’au Japon, il a très bien pu atteindre d’autres régions du Brésil », s’inquiète Felipe Naveca.

Selon Wendy Barclay, conseillère sanitaire du gouvernement britannique citée par la BBC ce vendredi 15 janvier, le variant brésilien aurait déjà été détecté au Royaume-Uni. Les voyageurs en provenance d’Amérique du Sud se sont vu interdire l’entrée du sol britannique ce vendredi. Selon cette scientifique, il y a même « deux différents types de variants brésiliens. L’un d’entre eux a été détecté, l’autre non. »

« La Guyane et à travers elle les Antilles doivent être le plus possible protégées du variant à risque qui circule en Amazonie », a indiqué Jean Castex jeudi soir durant sa conférence de presse, précisant qu’il reviendra aux préfets de prendre des mesures de restrictions « adaptées aux circonstances locales ». Le contrôle aux frontières sera renforcé et des tests négatifs seront exigés pour rejoindre les Antilles et la métropole.

Peut-on craindre que les vaccins soient inefficaces ?

« C’est la question que tout le monde se pose actuellement. J’ai participé récemment à une réunion de l’OMS et c’était l’un des thèmes abordés. Jusqu’à présent, il n’y a rien qui montre que ce variant puisse empêcher une réponse immunitaire après la vaccination », précise Felipe Naveca.

Les autorités sanitaires françaises et mondiales sont pour le moment rassurantes quant à la capacité des vaccins anti-Covid-19 à neutraliser les formes mutées du virus déjà identifiées, aussi bien britannique que sud-africaine.

Avec AFP