« La Guyane, c’est l’Europe » de Bernard Collet : Un documentaire qui tente d’expliquer l’impact réel de l’UE sur la société guyanaise

« La Guyane, c’est l’Europe » de Bernard Collet : Un documentaire qui tente d’expliquer l’impact réel de l’UE sur la société guyanaise

Problématiques liées au développement socio-économique, enjeux, rapports ambivalents, telles sont les grandes thématiques abordées dans le documentaire de Bernard Collet « La Guyane, c’est l’Europe » diffusé le 9 décembre prochain sur Guyane La 1ère. Un documentaire qui tente de montrer l’impact réel de l’Union européenne sur la Guyane, le plus vaste territoire d’outre-mer et seule terre ultramarine aux frontières ouvertes.

La Guyane avec ses particularités peut-elle se construire au sein de l’Europe compte tenu des normes et des contraintes qu’impose cette dernière ? Peut-on imaginer le développement de la Guyane en dehors de l’Union européenne ? Pourquoi certaines normes sont peu adaptées aux outre-mer et en particulier à la Guyane, seule terre ultramarine soumise à un climat équatorial et aux frontières ouvertes ? Comment envisager de s’intégrer dans son environnement géographique et mettre en œuvre des relations bilatérales par exemple avec le Brésil, pays qui partage près de 5 000 km de frontières avec la Guyane, en dehors des contraintes imposées par Bruxelles ?

En dépit du caractère définitif que semble revêtir son titre « La Guyane, c’est l’Europe », le documentaire de Bernard Collet, réalisateur de magazine et grand connaisseur de la Guyane, interpelle et interroge sur les enjeux et problématiques posés quant à l’appartenance de la Guyane à l’ensemble européen tout en essayant d’être pédagogique et informatif. « Ce film montre ce que l’Europe a apporté à la Guyane en bien et en moins bien », assure son producteur Franck Courvoisier de Mérapi Productions.

Creuset de diverses populations

La Guyane, le plus vaste département d’outre-mer, doit en effet sans cesse jongler entre ses identités multiples. Creuset de divers peuples, eux-mêmes d’origines multiples – Amérindiens, Bushinengués, Créoles – la Guyane est diverse et multiculturelle. A ces populations, s’ajoutent désormais Chinois, Surinamais, Brésiliens, Haïtiens, Libanais et bien sûr Hexagonaux. On estime que la Guyane pourrait compter près de 430 000 habitants en 2040. C’est dans ce contexte de diversité culturelle accrue que l’Europe avec ses codes et ses valeurs, mais aussi ses normes et contraintes tente d’assurer sa présence et son rayonnement dans ce territoire, plus grande région de France.

A travers Dimi-Paul, jeune Teko de Camopi, un village amérindien, et dans le cadre d’un exposé sur l’Union européenne demandé par son professeur d’histoire et géo, le documentaire de Bernard Collet nous entraîne dans la Guyane profonde, pointant du doigt les différentes problématiques du territoire. Par le prisme du jeune amérindien, le film nous présente un kaléidoscope de la société guyanaise avec une représentation de ses différentes composantes socio-culturelles qui vivent à leur manière l’influence de l’Union européenne avec ses effets bénéfiques pour certains ou subissant ses directives peu adaptées à leur mode de vie pour d’autres.

Des écarts socio-économiques importants

Des représentants de la société civile (agriculteur, pêcheur, agent de développement du Parc amazonien, responsable du programme d’Ariane 6) aux institutionnels en la personne de cette chargée des Affaires européennes, en passant par les politiques, dont l’eurodéputée guadeloupéenne, Maxette Grisoni-Pirbakas et les Réunionnais Stéphane Bijoux et Younous Omarjee qui tentent de faire respecter les spécificités des régions ultrapériphériques contenues dans l’article 349 du traité sur le fonctionnement de l’UE, tous soulignent l’impact réel et plutôt positif de l’Union européenne sur le développement de la Guyane, mais restent largement sur leur faim pour certains.

Si en effet la Guyane bénéficie d’importants subsides provenant de l’Union européenne, le compte n’y est pas complètement tant les écarts socio-économiques sont encore importants. S’agissant de son niveau de vie, la Guyane est encore loin des standards européens et en deçà de celui des autres RUP, à l’exception de Mayotte. Elle souffre de maux endémiques (chômage, insécurité, manque d’infrastructure, cherté de la vie, immigration clandestine…) qui se posent avec davantage d’acuité que dans les autres RUP, excepté là encore Mayotte. Et puis, comment, par ailleurs, jouer son rôle d’interface entre Caraïbes, Amérique du Sud et Europe et s’insérer dans son environnement géographique quand on est aussi étroitement lié par les règles bruxelloises ?

Ce sont tous ces manques, retards de développement et cet équilibre quelque peu délicat à trouver entre particularités locales et règles européennes vers lesquels tente de nous emmener le documentaire symbolisé par son personnage central, Dimi-Paul. Et comme pour résumer le dilemme dans lequel se trouve le jeune amérindien, le film de s’interroger sur le choix cornélien qui se pose à ce dernier : cédera t’il aux mirages de l’Europe continentale ou restera t’il en Guyane perpétuer sa culture amérindienne dans son village natal ? Un choix non encore défini par le jeune Guyanais à l’avenir certes incertain, mais nanti d’une certitude assénée en guise de conclusion et en forme de plaidoyer pro européen : « La Guyane, c’est l’Europe ».

« La Guyane, c’est l’Europe »
Film documentaire de Bernard Collet
Mérapi Production
Mercredi 9 décembre à 20h sur Guyane La 1ère