La France a appelé lundi les pays du monde entier, et notamment européens, à ratifier « de manière urgente », et si possible dès le sommet ONU sur l'océan (UNOC), le traité des Nations unies pour protéger la haute mer.
« Mesdames et messieurs les élus du peuple, ne tournez pas le dos à l'océan », a demandé dans une tribune l'ambassadeur français pour les pôles et océans et envoyé spécial du président de la République à l'UNOC, Olivier Poivre d'Arvor, à trois semaines du début du sommet à Nice.
« A quoi bon décider de négocier un traité historique si on le laisse dans un tiroir ? Un traité signé ne protège rien, mais un traité ratifié change tout (...). Il n'y a aucune gouvernance possible de la mer sans ratification », a-t-il martelé lors d'une conférence de presse.
Le traité pour la haute mer, adopté en juin 2023 après des années de négociations, vise à mettre à l'abri des écosystèmes marins vitaux pour l'humanité menacés par des pollutions multiples, dans les eaux internationales qui couvrent près de la moitié de la planète. Il prévoit notamment la création d'aires marines protégées où certaines activités, comme la pêche ou l'extraction minière, pourraient être limitées.
Pour l'heure, seuls 21 pays l'ont ratifié alors qu'il ne peut réellement entrer en vigueur que 120 jours après la 60e ratification. « C'est évidemment trop peu », souligne Olivier Poivre d'Arvor, appelant les pays qui disposent d'une grande zone économique maritime exclusive à « prendre leur responsabilité ».
« Parmi les dix premiers dont les États-Unis, l'Australie, la Russie, le Royaume-Uni, la Nouvelle Zélande, l'Indonésie, le Canada, le Brésil ou le Japon, seule la France est au rendez-vous de la haute mer », indique Olivier Poivre d'Arvor. « Quant à l'Europe, elle peut mieux faire », a-t-il déclaré, précisant qu'au mieux une douzaine de pays européens devraient ratifier le traité d'ici le début de l'UNOC. Mais « même avec 33 pays, ça reste très insuffisant », souligne l'ambassadeur, rappelant que le traité est une condition indispensable pour la mise en place de la première COP Océans.
Par ailleurs si le traité sur la haute mer n'était pas ratifié par la majorité des signataires d'ici la fin de l'année, ce serait « le signe d'un grand échec ». La ratification pourrait au contraire être « l'acte fondateur d'un multilatéralisme océan crédible » et l'UNOC peut être un accélérateur pour y parvenir.
Avec AFP