Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes : trois départements d’Outre-mer dans le rouge

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Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes : trois départements d’Outre-mer dans le rouge

En 1999, l'Assemblée générale des Nations unies proclamait le 25 novembre Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Quelle est la situation en France ? En 2020, cinq départements étaient particulièrement touchés par les violences conjugales enregistrées envers les femmes. Parmi eux, trois départements d’Outre-mer : la Guadeloupe, la Guyane, et La Réunion, selon un récent rapport des services du ministère de l’Intérieur. 

 

Les chiffres donnent le vertige. « En 2020, en France, hors homicides, les forces de sécurité ont enregistré 159.400 victimes de violences conjugales commises par leur partenaire (soit une hausse de 10% sur un an), dont 139.200 femmes. Il s’agit majoritairement, comme en 2019, de violences physiques volontaires ayant entraîné ou non une incapacité totale de travail. » Ces données d’Interstats, le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), publiées le 22 novembre, demeurent toutefois en-deçà de la réalité, puisque l’on estime que les violences conjugales sont, en général, peu suivies de plaintes, en particulier lorsqu’il s’agit d’agressions à caractère sexuel.

D’après l’étude de la Délégation aux victimes sur les morts violentes au sein du couple, citée par le SSMSI, « 125 victimes ont été tuées par leur partenaire en 2020 contre 173 en 2019, soit 48 victimes de moins. Les victimes sont très majoritairement des femmes, elles étaient 102 en 2020 et 146 en 2019. » Moins de morts certes, mais plus de violences.

En France hexagonale, on compte 2,4 victimes enregistrées pour des violences conjugales pour 1000 habitants. Ce taux de « victimation », selon la terminologie d’Interstats, est plus élevé dans les départements et régions d’Outre-mer (3,1‰) que dans l’Hexagone (2,4‰). Sur le plan national, cinq départements arrivent en tête de ces sinistres bilans. La Seine-Saint-Denis, suivie de la Guyane, de la Guadeloupe, de La Réunion, et du Nord-Pas-de-Calais. 

 

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Les chiffres précis des violences conjugales envers les femmes dans les départements les plus touchés se déclinent ainsi pour l’année 2020 : Seine-Saint-Denis (9,2 femmes victimes âgées de 20 ans ou plus pour 1000 habitantes de même sexe et tranche d’âge), Nord-Pas-de-Calais (6,6 ‰) dans l’Hexagone ; Guyane (10,4 ‰), Guadeloupe (7,7 ‰) et La Réunion (7,3 ‰) dans les Outre-mer. En ce qui concerne la Martinique, les violences contre les femmes oscillent entre 4,6 et 6,6 ‰, et elles sont de 2,7 à 4,6 ‰ à Mayotte. 

Comme dans ce dernier territoire, « la Corse et une grande majorité des départements de l’ouest et du centre de la France affichent les taux de victimation des femmes les plus faibles de France : ils sont compris entre 2,7 et 4,6 victimes pour 1000 habitantes de plus de 20 ans. Avec 2,7 victimes pour 1000 habitantes de plus de 20 ans, l’Aveyron est le département qui présente le plus faible taux de victimation », précise le SSMSI.

Si l’on considère la date de réalisation des faits, « le nombre de victimes de violences conjugales commises pendant le premier confinement est en hausse de 10% par rapport à la même période de l’année 2019 », relève l’organisme. « Il est toutefois en baisse de 13% sur la période du deuxième confinement. Ces chiffres ne sont pas définitifs puisqu’ils ne comptabilisent que les faits commis pendant les confinements qui ont été portés à la connaissance de la police et de la gendarmerie au plus tard début janvier 2021, donc avec un recul temporel limité notamment pour le deuxième confinement ».

À lire aussi : « Féminicides en Outre-mer, que comprendre ? » Par Pierre-Yves Chicot, maître de conférences de droit public, avocat au Barreau de la Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy

Le site des Nations unies sur la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes

 

PM