Histoire : le 4 février 1794, la France abolissait pour la première fois l’esclavage… avant de le rétablir huit ans plus tard

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Histoire : le 4 février 1794, la France abolissait pour la première fois l’esclavage… avant de le rétablir huit ans plus tard

Il y a 230 ans (16 Pluviôse an II selon le calendrier révolutionnaire), la Convention - l’Assemblée nationale de la Première République - votait l’abolition de l’esclavage dans toutes les colonies françaises. Le pays devenait ainsi la première puissance coloniale à éliminer le travail servile. Mais cette situation n’allait pas durer bien longtemps. En 1802, le Premier Consul Napoléon Bonaparte réimposait le rétablissement de l’esclavage.

 

 En 1789, la Révolution française proclame la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen selon laquelle « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». Mais dans ses colonies, la majorité est toujours maintenue en esclavage. Dans la partie française de Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti), la colère monte. En octobre 1790, éclate une première rébellion d’esclaves et de mulâtres. Un an plus tard, c’est plus de 50.000 esclaves qui prennent les armes sous la direction de Toussaint Louverture.

 Le 4 avril 1792, la loi reconnaît l'égalité politique des mulâtres mais les propriétaires refusent de l’appliquer. Sous la pression, la Convention envoie une délégation menée par le commissaire de la République Léger-Félicité Sonthonax. La situation est tendue entre colons blancs prêts à livrer l’île aux Anglais, mulâtres, Noirs affranchis et esclaves. De leur propre initiative, les commissaires décident de proclamer l’émancipation des esclaves le 29 août 1793 et d’organiser l’élection de députés.

Les députés élus sont un Blanc, Louis-Pierre Dufay, un mulâtre libre, Jean-Baptiste Mills, et un ancien esclave noir, Jean-Baptiste Belley. Ces derniers siègent à la Convention le 4 février 1794 et témoignent de la situation régnant à Saint-Domingue, où dominent l’oppression et la violence envers les esclaves. À leur suite, Danton revendique l’extension de la liberté universelle pour le nouveau monde, et la Convention décrète l’abolition de l’esclavage par acclamation.

 Une situation complexe

En un article unique, la première abolition française de l’esclavage est formalisée : « La Convention nationale déclare que l’esclavage des nègres dans toutes les colonies est aboli. En conséquence, elle décrète que tous les hommes sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies sont citoyens français, et jouiront de tous les droits assurés par la Constitution ». Séance du 16 pluviôse an II (4 février 1794).

Mais la situation est plus complexe qu’il n’y paraît. La décision ne sera pas appliquée en Martinique, où les colons se rallient aux Britanniques en mars 1794, ni à l’île Bourbon (La Réunion), où les émissaires de la Convention sont tout simplement refoulés en mer ! En Guadeloupe et en Guyane, la liberté ne durera que huit ans. En 1799, le général Napoléon Bonaparte parvient au pouvoir par un coup d’État. En mai 1802, il fait rédiger une loi pour maintenir l’esclavage où il n’a pas été aboli : en Martinique, finalement rendue à la France par les Anglais, et à La Réunion.

L’esclavage est rétabli sans trop de problèmes en Guyane à la fin de 1802. Pour Saint-Domingue et la Guadeloupe, Bonaparte va user de la manière forte en envoyant deux expéditions militaires. L’une est victorieuse dans l’île papillon où les troupes napoléoniennes prennent le dessus sur celles de Louis Delgrès et de ses hommes. Elles sont par contre défaites à Saint-Domingue où elles capitulent en novembre 1803. De là naîtra la première République noire du monde, Haïti, le 1er janvier 1804. L’abolition définitive de l’esclavage dans les colonies françaises n’interviendra qu’en 1848.

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PM