Guyane : Un 3ème Conseil du Fleuve pour renforcer la coopération transfrontalière avec le Suriname

© Préfet de Guyane

Guyane : Un 3ème Conseil du Fleuve pour renforcer la coopération transfrontalière avec le Suriname

La semaine dernière, le Préfet de Guyane, Antoine Poussier, s’est rendu à Paramaribo, capitale du Suriname, pour participer au troisième Conseil du Fleuve. Aux côtés du président surinamais Chan Santokhi, d’élus de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG), de représentants de communes riveraines du Maroni, et de l’ambassadeur de France au Suriname, l’événement visait à renforcer la coopération entre les deux pays autour de cette zone transfrontalière. Focus grâce à l’interview de Laurent Delahousse, conseiller diplomatique auprès du préfet, par nos partenaires de Radio Péyi.


Plusieurs thématiques majeures ont été abordées, telles que la sécurité, les migrations, l’environnement et le développement économique, ainsi que l’intégration culturelle et linguistique.
Le bilan de la coopération policière et judiciaire, lancée récemment, a été l’un des sujets clés de la réunion. Laurent Delahousse, conseiller diplomatique auprès du préfet, a souligné que malgré des défis logistiques et financiers, des progrès notables ont été réalisés.
« C’est une coopération qui progresse relativement bien. [...] Depuis janvier, il y a eu cent-une patrouilles de gendarmerie avec la KPS (Korps Politie Suriname) et plus de quarante patrouilles de la police de l’air et des frontières avec la KPM (Korps Politie Marowijne) », a-t-il précisé. Toutefois, il a également mis en avant des lacunes dans les capacités opérationnelles des forces surinamaises : « Malheureusement, il y a un sous-équipement et un sous-financement des forces de sécurité du Suriname [...] ce qui complique parfois la coopération quotidienne ».

Le retard du bac Le Malani : des ajustements encore nécessaires

La coopération économique a également été au cœur des discussions, notamment autour du retard de livraison du ferry Le Malani, attendu pour faciliter les échanges entre les deux rives du Maroni. Selon Laurent Delahousse, des ajustements techniques sont encore nécessaires avant la mise en service de ce bateau, capable de transporter jusqu’à quatre camions.
« Le Malani a un petit problème de conception, nécessitant des travaux d’adaptation sur les portes d’embarquement et de débarquement. [...] Ce projet, complexe, a pris plus de temps que prévu. [...] Le Malani devrait entrer en service dans les premières semaines ou les premiers mois de l’année prochaine », a-t-il expliqué. Le ferry remplacera provisoirement La Gabrielle, en attendant l’achèvement des travaux.

Lutte contre l’orpaillage : des attentes renforcées

L’activité minière, particulièrement l’orpaillage illégal et ses conséquences environnementales, a été un point sensible des discussions. Les autorités françaises ont insisté sur l’importance de renforcer la réglementation environnementale du Suriname et son application, notamment concernant l’usage du mercure.
« Le Suriname a signé la convention de Minamata, mais force est de constater que cette réglementation n’est pas appliquée [...] On estime que plusieurs tonnes de mercure utilisées chaque année par les orpailleurs illégaux en Guyane proviennent du Suriname », a affirmé Laurent Delahousse. La France attend des mesures concrètes pour remédier à cette situation, en particulier sur les bassins versants communs.

Une coopération à consolider

Le troisième Conseil du Fleuve a mis en lumière des progrès significatifs mais aussi des défis persistants dans la gestion de cet espace transfrontalier. Sécurité, économie et environnement restent des axes prioritaires pour renforcer les liens entre la Guyane et le Suriname, avec des initiatives concrètes attendues dans les mois à venir. 


 

Damien CHAILLOT