Opérant sur un territoire d'une superficie de 84.000 m², composé à 94% de forêt équatoriale, les forces de gendarmerie sont confrontées à un besoin de communication particuliers, essentiels au bon déroulement de leurs opérations. Dans ce contexte, les techniciens du Commandement de la gendarmerie de la Guyane française (COMGENDGF) déploient actuellement le système d’accès à Internet Starlink, de la compagnie Space-X, avec des résultats probants. Retour d'expérience de la gendarmerie de Guyane, via sa publication sur le site officiel de la gendarmerie nationale.
En Guyane, de nombreuses brigades de gendarmerie départementale sont éparpillées et isolées sur le territoire, ou opérant au sein de postes permanents spécialement dédiés à la Lutte contre l’orpaillage illégal (LCOI).
Des unités qui sont majoritairement implantées au milieu de la forêt équatoriale, éloignées des principales communes et des axes de communication, situés en zone blanche et confrontés à de fortes difficultés de communication, que ce soit pour joindre le Centre de conduite des opérations (CCO) ou leurs familles et leurs proches.
Dans ce contexte, les communications étaient essentiellement réalisées via le système BGAN (Broadband Global Area Network), s’appuyant sur les satellites géostationnaires, en orbite haute, soit à environ 35.786 km de la Terre. Une solution au coût élevé et au débit réduit, ne permettant pas la mise en œuvre complètes de leurs moyens.
Or, en 2023, avec l'implantation de la société Space-X sur le territoire pour la commercialisation de son système d’accès à Internet Starlink, le Commandement de la gendarmerie de la Guyane française (COMGENDGF) s’est alors intéressé à cette nouvelle solution prometteuse, avec l’expertise de sa Section opérationnelle de lutte contre les cybermenaces (SOLC).
Si l'utilisation du système Starlink fut de prime abord interdite aux organismes gouvernementaux, son utilisation a finalement été autorisée au début du mois d’avril 2023, alors que les forces de gendarmerie étaient confrontée aux limites et au vieillissement du système BGAN. De son côté, le système Starlink, reposant sur une constellation de satellites en orbite basse, à environ 550 kilomètres d'altitude, délivre un accès Internet de très haut débit et de très faible latence.
Les gendarmes de la SOLC se sont alors déplacés en forêt équatoriale afin d’expérimenter son utilisation au profit de postes dédiés à la LCOI. Les résultats ont été immédiats, comme en témoigne l'adjudant-chef Nicolas, adjoint au chef de la SOLC : « Les personnels engagés sur le terrain ont rapidement adopté ce nouveau moyen de communication qui contribue à la rupture de leur isolement. Il s’agit d’une avancée aussi bien technologique que financière, au regard du coût limité de ce système ».
Fort de ce constat, la décision a rapidement été prise de généraliser le déploiement du système, poursuit l'adjudant-chef : « De juin 2023 à mars 2024, nous avons acquis et installé ce moyen sur 21 sites. Nous avons parfois dû redoubler d’ingéniosité afin de parvenir à orienter l’antenne vers le ciel sans que celle-ci ne soit perturbée par la forêt environnante. Sur le site de Dorlin, nous l’avons par exemple positionnée sur un mât à 17 mètres de hauteur ».
Les applications du système et ses bénéfices sont nombreux. Connexion des ordinateurs Ubiquity, équipement informatique récemment implanté qui permet aux forces de gendarmerie de disposer d'un ordinateur portable doté de toutes les capacités et fonctionnalités du Logiciel de rédaction des procédures (LRPGN), en mobilité, facilitant ainsi le travail judiciaire ; utilisation des téléphones Néogend, qui vise à fournir aux policiers et aux gendarmes français des terminaux mobiles dotés d'une connexion sécurisée haut débit ; accès à la messagerie et aux applications métiers, tel le passage des personnes contrôlées aux fichiers ; communications téléphoniques en “Voice Over Wifi” ; présentation par visioconférence des personnes placées en garde à vue, plutôt qu'un acheminement par voie aérienne ; communication via les messageries instantanées ; entretien du lien social aux militaires engagés sur le terrain en facilitant les échanges avec leurs familles.
Enfin, ces premiers résultats particulièrement concluants laissent envisager un déploiement élargi de la solution Starlink, et des tests vont être effectués prochainement afin d’équiper les véhicules et les embarcations fluviales des unités confrontées à l’absence de couverture radio ou téléphonique. Si ces essais s'avéraient concluants, les gendarmes guyanais pourraient envisager la mise en place de contrôles routiers en de nombreux points du territoire, même profondément en zone blanche.
De même, l’absence de couverture téléphonique ne permet actuellement pas la géolocalisation des patrouilles via les moyens Néogend, et des solutions vont donc être testées afin de géolocaliser les militaires de la gendarmerie engagés dans la lutte contre l’orpaillage illégal tout en permettant l’envoi et la réception de SMS en mobilité, via satellite.
Damien CHAILLOT